Tactique

Quel projet de jeu pour l’OM de Villas-Boas ?

A l’aube d’une nouvelle ère, l’Olympique de Marseille doit tout reprendre à zéro. Exit Garcia, pour le plus grand bonheur de l’immense majorité des supporters (et quelques millions d’euros au passage), et bonjour Villas-Boas ! Disciple de José Mourinho, l’entraineur portugais dispose d’un CV complet, parsemé de réussites comme d’échecs. Considéré, à raison certainement, comme un pari de la direction de l’OM, le technicien de 41 ans a tout à prouver du côté de la cité phocéenne. Avec un effectif vieillissant, une équipe en panne, des moyens financiers limités et un besoin urgent de résultats, André Villas-Boas fait face à un défi de taille. Alors, quel projet de jeu pour Marseille sous la houlette du technicien portugais ?


Révolution des méthodes et périodisation tactique, la promesse d’un été ?

A son arrivée, AVB a rapidement émis le souhait de moduler la Commanderie à sa guise se posant dès lors comme un control-freak : « Je suis strict avec l’organisation, et je veux tout faire au centre d’entraînement pour amener un nouveau vent de fraîcheur. Quand tu arrives en poste, il y a une certaine fraîcheur et je veux le faire. C’est pourquoi je veux tout contrôler ». Ce qui ne fut pas sans rappeler les travaux, certes d’une autre ampleur, entrepris par un certain Marcelo Bielsa à son arrivée lorsque celui-ci fit refaire le centre d’entraînement de sorte à pouvoir y dormir, et à ce que ses joueurs puissent rester sur place après les entrainements. Et bien sûr afin de mettre en place ce qui est l’une des marques de fabrique du technicien de Rosario, à savoir faire son entraînement sur 2 terrains différents (à la Commanderie il s’agissait de celui du haut et celui du bas). De manière à ce que l’un serve à poser l’une des problématiques tactiques rencontrée lors du dernier match et que l’autre ait pour usage de la résoudre, cette méthode ayant des vertus psychologiques dans la façon qu’a le joueur de se représenter les choses. Si rien ne dit qu’André Villas-Boas offrira à l’OM sa tant espérée « révolution culturelle et structurelle », on est tout de même en mesure de l’espérer.

Lorsqu’il s’agit de questionner ses méthodes de travail, on retient souvent du portugais l’introduction de la périodisation tactique dans les entraînements du club phocéen. D’ordinaire, une préparation estivale se résume à un travail à vide à base de foncier. Or, il existe aussi la préparation avec ballon autrement dit la préparation physique intégrée, où sous couvert d’exercices avec ballon, les joueurs travaillent physiquement. La périodisation tactique va plus loin encore que la préparation physique intégrée : elle part du principe que le football ne peut se segmenter, on ne peut mettre d’un côté la technique, de l’autre la tactique et les déplacements, d’un autre encore les courses à haute intensité ou les duels. Et ainsi, les mettre dans des cases et les isoler. Tout cela constitue en réalité un même bloc qu’il convient de développer et travailler en même temps. Et cela semble s’être ressenti dès les premières séances d’entrainements…

Morgan Sanson confirme ainsi : « La préparation se passe très bien, on travaille beaucoup avec le ballon et le tout avec intensité. C’est ce qu’on aime. » Même son de cloche pour Maxime Lopez : « On fait du travail physique avec ballon, c’est ce qu’on aime tous faire. Les séances sont intenses, on souffre. » Qui peut décemment, après les dernières saisons insipides au niveau du jeu qu’a connu l’OM, se plaindre qu’AVB axe tout sur le ballon ? C’est ce qu’il se fait à l’étranger et ce sont ces équipes qui gagnent, et c’est incontestablement ce qu’il se fait de mieux en termes de méthodes d’entrainement. D’autant que la prise massive de masse musculaire (en témoignent les cas notamment de Gareth Bale, Shaqiri et dans une moindre mesure de Sanson), les retours rapides à la compétition après les blessures, et le fait de ne pas travailler en permanence avec le ballon sont autant de méthodes qui échouent partout en Europe et brident le joueur dans son évolution. Mais AVB aura-t-il les moyens de ses ambitions ?

En termes de talent bien sûr. Il n’y aucune certitude sur le niveau de Mandanda et surtout quant à ses blessures musculaires récurrentes, bien que son séjour à Mérano et les critiques lui aient fait grand bien semble-t-il. Sarr est redescendu de son nuage depuis longtemps ; la défense centrale bien que prometteuse voit Kamara décevoir et Caleta-Car être trop léger par moment. L’OM n’a pas d’arrière gauche digne de ce nom, ni d’ailier d’ailleurs. Le milieu qui, sur le papier, a belle allure est largement désorganisé même si le retour de Lopez devrait faire du bien. Quid de la régularité de Payet ? Quid de l’adaptation de Benedetto ? Quant à la quantité, s’il est vrai que l’effectif de l’OM n’est pas incroyablement fourni, Marseille jouera à tout casser 45 matchs dans sa saison et Villas-Boas semble vouloir s’appuyer sur les jeunes, ce qui devrait permettre de venir compléter un « effectif bâti en dépit du bon sens » comme aimait le rappeler paradoxalement un certain Rudi Garcia. Mais c’est surtout d’implication dont il est question. Dans un club où depuis la période Baup ressurgit à chaque crise de la « mentalité Club Med », et alors que Rudi Garcia se félicitait de laisser 2 jours de repos après chaque match, AVB [s’il a convaincu son groupe lors des premières séances] aura-t-il l’occasion de poursuivre le travail entrepris ? Quel supporter de l’OM n’a pas en tête cette image à l’entraînement où des joueurs de l’Olympique se refusent à faire des tours de terrain ? Qui a oublié les tennis ballons sous Anigo ? Qui a oublié comment une partie de l’effectif a lâché un Bielsa, certes inflexible et borné ? Si beaucoup de ces joueurs sont partis, certains sont restés mais plus significativement c’est un esprit, l’esprit « Club Med », qui rôde toujours autour de la Commanderie à l’approche de chaque crise.

La préparation de l'OM de Villas-Boas

Ces méthodes seront-elles la promesse d’un été comme il arrive qu’on s’enamoure un soir d’été, avant que l’on oublie cette douce promesse quand arrive l’automne ? Si cela devait arriver, Villas-Boas aura contre lui d’avoir déjà renoncé à ses idéaux plus d’une fois. Son Zénith au style direct et peu élaboré tranche avec son Porto bondissant, chaloupé et la machine offensive qu’il fut. Le Villas-Boas des débuts, jeune et idéaliste, apôtre de la possession et obsédé par l’attaque n’est plus et c’est un Villas-Boas plus tiré par les traits qui s’élance et a désormais pour obsession de gagner…pour ne plus se faire licencier. Si la machine venait à s’enrayer, nul doute que le portugais saurait revoir ses plans mais aura-t-il seulement le temps de le faire ? D’autant que Villas-Boas, s’il prépare déjà sa défense en chargeant le manque d’argent et la surprise qui fut la sienne face au chantier, n’aura aucune excuse valable. Seule la vérité du terrain et des tribunes parlera. Alors comment AVB peut-il manier sa gestion de l’effectif olympien face à des défis aussi relevés ?

La gestion humaine selon Villas-Boas

Dans ce cadre, André Villas-Boas est un homme bien différent de son mentor. Né dans une famille aisée, polyglotte, beau-parleur, cultivé et préférant le charme au conflit, il essaye d’entretenir les meilleures relations possibles avec ses joueurs. Même ceux qu’il ne fait pas jouer comptent à ses yeux car AVB considère son groupe comme une entité indissoluble. Au fil de ses nominations en Europe et en Asie, il laisse transparaitre une gestion humaine bienveillante et courtoise.

Cette bienveillance envers les joueurs est d’ailleurs observable lorsque le technicien portugais soutient publiquement Oscar contre les institutions du football Chinois suite à la lourde suspension du Brésilien. Des déclarations qui lui ont également valu une sanction financière et une absence de plusieurs matches sur les terrains.

Pour autant, cette attitude indulgente ne traduit-elle pas un manque de caractère chez l’ancien coach des Spurs ? William Gallas, ancien capitaine sous AVB, déclarait en 2018 sur SFR : « Quand il est arrivé à Tottenham, les joueurs n’adhéraient pas trop à ses séances. Ils ne faisaient pas les efforts. On sentait que l’entraîneur était un peu perdu. Moi, j’étais capitaine et j’avais eu une réunion avec lui. Je lui avais dit: ‘Coach, vous devez vous imposer. Vous êtes l’entraîneur, vous avez gagné des titres, alors que la plupart des joueurs ici n’ont rien gagné. En vous imposant, les joueurs vous suivront.’ ».

William Gallas sur AVB

AVB est donc un entraineur conciliant, parfois à la limite du manque d’autorité comme peut le rapporter Benoit Assou-Ekotto, dont l’objectif principal est de bâtir un groupe soudé dans lequel il s’intègre pleinement. Pourtant, comme le souligne judicieusement Jürgen Klopp, il est impossible pour un technicien d’être le meilleur ami de ses joueurs car il est forcément amené à les décevoir un jour ou l’autre… Alors, la gestion de Villas-Boas est-elle la bonne ?

Son arrivée à l’OM place cette question dans un angle particulier. André Villas-Boas ne sera pas amené à assurer la gestion d’un groupe classique de joueurs professionnels du côté de la Cannebière. Il devra en effet composer avec un effectif aux titulaires vieillissants, aux nombreux jeunes prometteurs à lancer en 2019-2020 et presque dépourvu de cadres dans la force de l’âge (entre 24 et 28 ans). Un effectif impossible à manier ?

L’effectif atypique de l’OM en 2019-2020

Il faut reconnaitre que l’effectif dont dispose André Villas-Boas pour 2019-2020 n’est pas resplendissant. Sous la menace de sanctions de l’UEFA pour non-respect du fair-play financier, les dirigeants marseillais n’ont pour le moment effectué que deux transactions majeures cet été, avec les arrivées de Dario Benedetto en provenance de Boca Juniors (transfert) et Alvaro Gonzalez prêté par Villareal une saison aux olympiens. Deux joueurs avoisinant la trentaine arrivant dans au sein d’un groupe vieillissant…

Malgré les départs de Mitroglou (toujours prêté à Galatasaray) et Rami (dont le contrat a été rompu pour faute grave), la moyenne d’âge chez les cadres de l’OM reste particulièrement élevée. Payet, Mandanda, Pelé, Sertic, Gustavo, Germain, Sakai et Strootmann… tous avoisinent les 30 ans ou les ont déjà dépassés ! Comment construire dans la durée et tourner la page du « Champions Project » dans ce cas ?

En outre, le groupe olympien manque cruellement de joueurs confirmés, encore prometteurs et moteurs pour le groupe. Entre 24 et 27 ans, on ne décompte que Thauvin, Sarr, Sanson, Amavi et Radonjic dont le rôle cette saison pourra être déterminant en championnat. Un gouffre générationnel s’installe alors logiquement entre les représentants d’un Champions Project abandonné, rapidement amenés à être poussés vers la sortie, et les minots de l’OM, symboles d’un renouveau marseillais à venir…

Enfin, dernier point crucial lorsque l’on aborde les thématiques liées à l’effectif olympien, la non-qualification en coupe d’Europe fait office de bénédiction pour AVB. Nettement plus actif dans le sens des départs que dans celui des arrivées cet été, l’OM dégraisse au sein d’une masse salariale colossale qui a profondément amputé ses projets de remontée au classement. Ainsi, sans la Ligue Europa pour ôter une énergie cruciale en championnat aux joueurs marseillais, un groupe de 23 à 25 joueurs suffit amplement au technicien portugais. Alors, avec ce groupe minutieusement affiné par ses soins, quel rôle AVB réserve-t-il au centre de formation olympien ?

Les jeunes pour venir au secours d’un effectif vieillissant et paresseux ?

Des revanchards de la saison dernière, après le match de Reims, il n’en est déjà plus, hormis un Mandanda abandonné par sa défense. La foi en un esprit revanchard des Strootman, Gustavo, Mandanda, Radonjic et autres « Rami » n’aura donc pas duré… A peine le temps d’espérer que la voilà partie aussi qu’elle vite qu’elle avait surgit ! Rami et l’OM c’est fini (dans des circonstances peu glorieuses pour le club présidé par un des enfants de la Start-up Nation), Strootman n’a rien perdu de sa lenteur durant l’été, Gustavo bien qu’aux abonnés absents depuis des mois a lui la chance de passer entre les gouttes, quant à Radonjic on attend qu’il soulève les foules par autre chose que son « flow » et trois pauvres accélérations. Seul Mandanda semble être revenu avec un autre esprit et surtout dans un autre corps : en témoignent ses multiples interventions pleines de sérénité et de fermeté face à l’ogre rémois !

Kévin Strootman à l'OM

Avec un effectif aussi vieillissant que paresseux et limité en quantité, et quand on sait qu’AVB compte sur les jeunes partout où il passe, on peut aisément croire que les jeunes du centre auront leur carte à jouer. « Il faut trouver, dans la formation, les jeunes qui ont la capacité de faire partie de l’équipe. Je ne peux pas donner un nombre de joueurs à intégrer, car je veux tout contrôler. On veut aussi faire un scouting des jeunes qui sont dans d’autres clubs. Dans cette période, il faut garder les jeunes qui peuvent nous intéresser. », souligne l’entraîneur portugais.

« L’OM a une bonne histoire avec les joueurs qui sont venus de la formation comme Valbuena et Ribéry. Si on trouve une perle comme ça, c’est bon pour nous. Je dois tout analyser en premier et prendre les bonnes solutions. »

Il y a Chabrolle bien sûr, que l’on a vu débuter d’entrée face au Napoli d’Ancelotti, également entré en fin de match face à Reims dans un match où l’OM manquait cruellement de percussion et de verticalité. AVB l’a dit, il a énormément confiance en Florian Chabrolle. Pourtant tout n’a pas été simple pour le minot : cela fait déjà plusieurs années qu’il est en réserve avec plus de 70 matchs à son compteur et c’est rarement lui qui fut mis en avant parmi les talents du centre. Lopez, Kamara, Lihadji -on y reviendra- plus récemment ont fait parler d’eux bien avant lui. Mais Chabrolle, qui a déjà 21 ans, a su se montrer patient et il semblerait qu’avec son profil d’empêcheur de tourner en rond, d’agitateur qui porte le ballon et cherche à casser des lignes, il ait une carte à jouer cette saison. D’autant qu’on attend encore de Morgan Sanson qu’il apprenne à bien se placer et fasse au moins quelques bons déplacements, et de Strootman qu’il gagne en vitesse. Naturellement Lihadji, s’il reste, pourrait avoir un coup à jouer d’autant plus que l’OM avec les départs d’Ocampos, N’jie (voir celui de Thauvin) et la déception Radonjic ne verrait pas comme du luxe la présence d’un ailier supplémentaire. De même, au vu du niveau d’Amavi et de l’âge déjà avancé de Rocchia qui n’a enthousiasmé personne lors de son prêt à Sochaux, on n’oubliera pas le prometteur Niels Nkounkou. Tout comme Lihadji celui-ci a reçu une proposition de contrat professionnel, dixit son agent Yvan Le Mée, et les discussions sont toujours en cours. Mais l’arrivée prochaine en prêt de Juan Miranda en provenance du Barça B semble boucher quelque peu la voie d’insertion professionnelle du jeune marseillais. Ce qui ne manquera pas, une nouvelle fois et même si tous les espoirs sont permis autour de Miranda, d’étonner les observateurs sur la politique sportive de l’OM… AVB a d’ores et déjà annoncé que Lucas Perrin, finaliste de la Gambardella 2017 et associé à un certain Kamara, serait le 4ème défenseur central derrière Kamara justement, Caleta-Car et Alvaro Gonzalez.

La prometteuse jeunesse de l'OM
La prometteuse jeunesse de l’OM…

D’autres joueurs auront peut-être une carte à jouer dans les années à venir comme Philliponeau, milieu très actif et propre ; Simon Ngapandouetnbu jeune gardien camerounais qui a fait de belles séances sous les yeux d’AVB et qui était dans le groupe récemment ; et Ahmadou Dia promu gardien de la réserve et qui a signé un contrat professionnel. Chez les U15/U17, il faudra avoir un œil sur Caprice Amay qui avait fait ses débuts à Marignane Gignac et décrit de tous comme un joueur comme on voit peu au centre mais aussi Enzo Caumont qui affiche une grande maturité dans son jeu. Quant à l’équipe professionnelle, Kamara et Lopez et des joueurs issus de la post-formation comme Caleta-Car et Radonjic devront incarner ce qui devait être le centre de gravité de la deuxième partie d’un projet qui, déjà, a vu sa première partie s’écrouler. Alors, pour intégrer au mieux ces jeunes joueurs olympiens, AVB devra certainement mettre de côté son style de jeu un peu rigide…

André Villas-Boas a-t-il vraiment des idées de jeu fixes ?

Dès l’arrivée du technicien portugais dans la cité phocéenne, de nombreux analystes ont partagé leur réticence quant à son style de jeu. Leur justification ? Un fond de jeu inadapté pour l’Olympique de Marseille…

Mais peut-on vraiment dégager un style de jeu à la Villas-Boas depuis le début de sa carrière d’entraineur ? S’il est clairement peu aisé de déterminer précisément la philosophie de jeu du portugais, un certain fil conducteur se dégage tout de même. Il laisse paraître une défense à 4 dans la quasi-totalité des systèmes utilisés par l’ancien coach des Blues, souvent accompagnée de 2 ailiers et un attaquant de pointe. Son système préférentiel est donc logiquement le 4-3-3.

En termes d’animation, AVB est un adepte du marquage de zone exclusif, couplé à un bloc défensif assez haut sur le terrain. Ce positionnement risqué de sa ligne défensive fut d’ailleurs sa principale source de problèmes en Premier League sous les couleurs de Chelsea et Tottenham. Pour remédier aux faiblesses défensives de ses équipes, le technicien portugais a également opté pour un 4-2-3-1 plus compact avec un tandem de milieux défensifs devant la défense. En fonction des joueurs dont il disposait et de leur lacunes défensives, AVB a longtemps alterné entre ces deux dispositifs pour essayer de trouver le meilleur équilibre entre sa philosophie de jeu et les obligations de résultat le menaçant de licenciement.

Car André Villas-Boas est avant tout un idéaliste, un fervent défenseur du beau jeu. Amateur de la possession de balle et apôtre du beau football au style résolument offensif, son Porto de 2010-2011 est une véritable machine de guerre. Il remporte facilement la Ligue Europa sous les couleurs portuanes et termine le championnat à la 1ère place sans la moindre défaite avec non moins de 73 buts inscrits en 34 journées (soit plus de 2 buts par match). Hulk, Falcao et James Rodriguez auront ainsi l’occasion de faire admirer leur talent au monde entier sous les ordres du Special Two. AVB révèle pourtant à toute l’Europe qu’il est loin d’être le simple disciple de José Mourinho, compatriote aux idées de jeu totalement opposées…

SaisonNombre de victoires Pts pris Buts marqués Buts encaissés Diff’ Moyenne de buts/match Buts en Coupe d’Europe
2009/ 2010 21 68 70 26 44 ~2 10(LDC)
2010/ 2011 27 84 73 16 57 >2 44(EL)
2011/ 2012 23 75 69 19 50 ~2 8(dont 7 en C1)

Le tournant dans la carrière de Villas-Boas au niveau de sa philosophie de jeu intervient pourtant lors de la saison 2011-2012. Après une première partie de saison compliquée du côté des Blues, et face aux critiques qui se font de plus en plus virulentes à son encontre, AVB rétorque : « Ma philosophie est de pratiquer un beau football pour les fans, un beau football pour gagner des matchs. Les joueurs ne perdront jamais la foi à cause de cette philosophie, ce n’est pas un cancer, ce n’est pas la raison pour laquelle nous perdons des matchs. ».

Finalement, incapable de remédier au cruel manque de résultats, et sous la menace d’un licenciement toujours plus pesant, AVB décide de revoir ses plans et de renier les idées qui faisaient son identité de jeu. Il promeut alors un football nettement plus pragmatique, en s’appuyant majoritairement sur du jeu direct et un bloc compact. La prudence inédite dont il fait preuve dans ses choix tactiques sera même considérée par beaucoup comme de la frilosité, ce qui le rapproche d’un Mourinho également sur la pente descendante. C’est officiellement la fin d’André Villas-Boas l’idéaliste.

Par la suite, le jeu proposé par les équipes successives qu’il entraine est bien moins reluisant. Consistant principalement à assurer la solidité de l’arrière-garde et à encourager les transitions rapides vers les joueurs techniques dont dispose l’équipe, le style de jeu d’AVB est fortement décrié, de Chelsea au Zenith, en passant évidemment par les Spurs.

Le jeu direct du Zenith de Villas-Boas illustré par la transition rapide de Witsel vers l'avant qui casse la ligne défensive lyonnaise
Le jeu direct du Zenith de Villas-Boas illustré par la transition rapide de Witsel vers l’avant qui casse la ligne défensive lyonnaise

Boris Chukhlov, immense joueur du Zenith Saint-Pétersbourg dans les années 1980 (nommé Zenith Léningrad à l’époque) fustige ainsi le technicien portugais : « Le Zenith pratique un football ennuyeux. Il y a plein de vedettes dans l’équipe, et pourtant la tactique est très frileuse. C’est de l’anti-football, qui consiste principalement à donner le ballon le plus rapidement possible à Hulk ou Danny. ».

D’entraineur idéaliste au football ambitieux et offensif à paria au jeu prudent et ardemment critiqué, AVB a incontestablement eu une trajectoire atypique. Difficile dans cette optique d’étiqueter le « jeu à la Villas-Boas ». Alors quelle philosophie de jeu André Villas-Boas réserve-t-il à l’Olympique de Marseille ? Tentative d’analyse…

Les idées de jeu d’AVB pour son OM

 « Je pense qu’on doit respecter la culture ici, celle du foot français. Une culture qui parle de l’excellence technique, de la vélocité, de la créativité. L’équilibre de cette culture avec ma philosophie est plus important que le fait d’être radical avec ma philosophie »

Depuis le début de la préparation, Villas Boas opte pour un 4-3-3 pointe basse avec une animation relativement classique. La charnière centrale est, dans la mesure du possible constituée du traditionnel tandem 4-5, tandis que les latéraux participent modérément au jeu offensif de l’équipe. Le milieu de terrain est quant à lui positionné assez haut et plutôt écarté de manière à occuper toute la largeur du terrain. Enfin, la ligne offensive comporte toujours une pointe chargée de prendre la profondeur et d’occuper l’espace devant le but, tandis que les ailiers jouissent d’une grande liberté de placement et de mouvement en phase avec ballon.

Après la première rencontre face à Stoke City, le technicien portugais déclarait d’ailleurs : « Les garçons se trouvent bien dans ce système. Au final, l’important c’est de trouver la manière la plus juste d’utiliser la qualité des joueurs. On va continuer à tester différentes choses pour être capable de sortir le plus des joueurs. Avec le 4-3-3 contre Stoke, on était content de l’évolution du système »

Plus ou moins convaincant selon les matches de préparation, ce système est retenu par AVB comme le plus adapté pour le style de jeu qu’il souhaite développer à Marseille. Conscient de l’importance de sa philosophie de jeu et de ses choix en préparation pour un groupe légèrement déboussolé, il surenchérit à la suite de la rencontre face à Accrington : « A Chelsea, j’étais très radical avec ma philosophie, on jouait de cette façon jusqu’à la fin. Mais je pense qu’avec l’expérience, on doit attribuer une importance vitale à ce qui est la culture du championnat, et là du foot français. Je veux faire un ensemble des deux pour construire la philosophie idéale de l’OM. ».

Et, si généralement l’intersaison n’offre que très peu d’indicateurs fiables pour juger la valeur d’une équipe, celle de l’OM de Villas-Boas semble tout de même nous renseigner sur le jeu que l’on pourrait voir au Vélodrome en 2019-2020. Minutieusement renseigné sur les lacunes défensives de son effectif, l’ancien coach des Spurs semble vouloir miser sur un style de jeu offensif et risqué, basé sur les qualités individuelles de ses attaquants. En témoignent d’ailleurs parfaitement les transitions rapides et le jeu vertical retenus lors des premiers matches qui ont suivi son arrivée à la Canebière. La défense doit idéalement se positionner haut sur le terrain pour accompagner un milieu étiré, composé d’une sentinelle et de deux relayeurs chargés de construire et trouver la faille pendant les phases de possession. Parallèlement, AVB développe des phases de pressing haut et coordonné entre les offensifs pour récupérer le cuir le plus directement possible. Il encourage ainsi le pressing à la perte (durant en moyenne 7 secondes) et les transitions rapides vers la surface adverse.

 « Je ne suis pas un entraîneur défensif, ou qui joue pour les résultats. Je veux jouer au foot, avec le ballon, faire des combinaisons, jouer un football offensif un peu comme le slogan de l’OM : ‘droit au but’. Il faut respecter la verticalité et l’imprévisibilité du foot français »

Dimitri Payet, ex-capitaine de l’OM sous Rudi Garcia, déclare ainsi sur son nouveau coach : « C’est vraiment axé sur le ballon, la possession, comment garder le ballon et comment le récupérer rapidement, il faut faire un pressing assez intense. Ce sont des idées que le coach veut mettre en place et on travaille pour ça. ».

Quelles options tactiques pour le projet de jeu de Villas-Boas ?

Le premier enseignement que l’on retire des amicaux de l’OM durant cette intersaison est l’incompatibilité de la paire Gustavo-Strootman dans le 4-3-3 du technicien portugais (amplement renforcée par notre analyse de Marseille-Reims par la suite). Ainsi, AVB semble préférer la présence de deux véritables milieux relayeurs devant la sentinelle, comme Sanson ou Lopez, en leur offrant une marge de projection vers l’avant toujours plus grande. Pour pallier au déficit de joueurs à ce poste, le coach marseillais pourrait avoir recours aux jeunes comme lors de la préparation. Chabrolle, Khetir ou même Abdallah devraient en effet accumuler les minutes en 2019-2020, que ce soit en tant que milieux relayeurs ou bien ailleurs sur le terrain. Leur polyvalence sera incontestablement une arme tactique dont le technicien portuan ne se privera pas.

Si l’on s’attarde ensuite sur les joueurs confirmés de l’effectif marseillais, le positionnement de Dimitri Payet incarne parfaitement le flou tactique de ce début de saison. Aligné comme ailier gauche dans le 4-3-3 par AVB, il peut aussi évoluer en 10 dans le 4-2-3-1 (aussi aperçu lors de l’intersaison), ou encore en faux 9 dans le 4-3-3 pour laisser Thauvin et Radonjic prendre les couloirs. Le problème du Payet ailier gauche est évidemment son association avec Amavi qui ne donne que très peu de garanties défensives à l’OM. Cependant, l’ancien international français ne semble pas disposé à évoluer ailleurs si le 4-3-3 est retenu depuis l’arrivée de Dario Benedetto.

Payet sur l'aile gauche face à Reims
Dimitri Payet, déporté sur l’aile gauche et contraint de revenir sur son pied fort pour intégrer le cœur du jeu face à Reims

Le transfert de ce-dernier fait d’ailleurs office de petit miracle sur le plan tactique pour l’OM. Il offre en effet la possibilité d’évoluer dans un système à 2 attaquants axiaux, permettant ainsi à Valère Germain de briller nettement plus que lorsqu’il est esseulé. En outre, l’arrivée de Benedetto comble l’absence d’un pivot dont l’importance dans le 11 olympien est cruciale quand les ailiers sont positionnés sur leur mauvais pied. Thauvin, Payet et Radonjic peuvent donc tourner autour de l’argentin afin de créer des espaces dans la ligne défensive adverse.

Défensivement, AVB semble avoir une préférence marquée pour une ligne de 4, dans laquelle Sakai et Kamara font offices de titulaires indiscutables. Malgré l’arrivée de Gonzalez en provenance de Villareal, Duje Caleta-Car conserve pour le moment les faveurs du technicien portugais et devrait logiquement compléter la charnière centrale olympienne. Se pose enfin la question du latéral gauche… Comme vu précédemment, un couloir gauche Amavi-Payet semble impensable à long terme tant il est risqué défensivement. Une alternative au latéral français pourrait être le jeune Rocchia que Villas-Boas a déporté sur le couloir durant la préparation estivale, au détriment de Nkounkou, probablement encore trop fébrile aux yeux du technicien portugais.

Enfin, derrière cette ligne de 4, la hiérarchie semble établie et aucune arrivée ne devrait venir la bouleverser : Steve Mandanda sera le gardien titulaire de l’OM en 2019-2020. L’international français hérite même de la double casquette en se voyant confier le brassard de capitaine par son nouveau coach. Revenu particulièrement affuté et prompt pour cette nouvelle saison, le portier de 34 ans incarne cet OM revanchard qui doit reconquérir le cœur de ses supporters. Il a donc tout du capitaine logique, et devance ainsi Dimitri Payet, Luis Gustavo ou encore Florian Thauvin qui avaient endossé ce rôle en amical.

Pourtant, malgré ces considérations sur la meilleure manière d’évoluer en 4-3-3 pour l’OM de Villas-Boas, il faut évidemment élargir le débat tactique et proposer un système alternatif. Le technicien portugais nous a d’ailleurs bien simplifié la tâche en évoquant la possibilité de jouer en 3-5-2 lors d’une récente conférence de presse. Alors comment imaginer le 11 marseillais et son animation dans un 3-5-2 ?

Tout d’abord, la défense centrale se composerait certainement du trio Kamara-Caleta-Car-Gonzalez. Le premier a fait ses preuves et sa présence dans le 11 ne fait aucun doute, tandis que le second est en constante progression et montre des signes encourageants en préparation. Gonzalez arrive quant à lui du sous-marin jaune avec de l’expérience et un bon niveau, mais n’a quasiment jamais évolué dans une défense à 3. Même s’il semble logique de l’intégrer dans la charnière pour qu’il s’acclimate au mieux à l’équipe marseillaise, il pourrait être devancé par Gustavo dont les compétences en tant que 3e défenseur central ne sont plus à prouver. Si Garcia l’a trop souvent aligné dans une charnière à 2 alors que son profil ne correspond clairement pas à un 4 ou un 5, son rôle de voltigeur aurait un impact particulièrement intéressant dans le 3-5-2 de Villas-Boas. Incarnant une autre alternative viable, Hiroki Sakai dont les qualités défensives impressionnent toujours les observateurs pourrait également se voir aligné en DCD et ainsi libérer le couloir à Bouna Sarr qui profiterait pleinement de ce dispositif. Quant à Rocchia, Nkounkou ou Perrin, l’optique d’une défense à 3 renforcerait nettement leurs chances d’intégrer le 11 de départ d’AVB en offrant une place de plus en tant que central.

Au milieu, si Sarr et Sakai se partageront indiscutablement l’aile droite, Amavi semble seul à pouvoir occuper le couloir gauche. En effet, avec le départ d’Ocampos, aucun joueur offensif de couloir ne peut défendre suffisamment pour aspirer à être piston gauche dans ce système. Dans l’axe, Strootman, Lopez, Sanson et Gustavo (si celui-ci n’est pas aligné DC) occuperont les 2 postes de relayeurs devant la défense. Selon si Gustavo et Strootman jouent, l’OM sera plus ou moins compact et haut sur le terrain. La paire Lopez-Sanson semble en effet envisageable dans la mesure où la présence de pistons relativement défensifs et d’une charnière à 3 assurent une solidité minimum dans ce dispositif. Dimitri Payet serait donc positionné en 10, seul électron libre en soutien des 2 attaquants axiaux. Enfin, Thauvin et Benedetto débuteraient certainement comme titulaires mais Valère Germain a déjà prouvé ses qualités dans une attaque à deux têtes et offrira une concurrence et une profondeur tactique parfaites pour André Villas-Boas.

Ce choix du 3-5-2 semble donc parfaitement viable et mobilise l’immense majorité de l’effectif marseillais. Défensivement plus sûr, offensivement plus équilibré, il incarne certainement mieux que le 4-3-3 la philosophie que le Villas-Boas souhaite inculquer à son OM. Cependant, Radonjic ferait office de grand perdant si le technicien portugais venait à opter pour ce système de jeu car son positionnement le rend totalement inutilisable. « Ce sont les hommes qui font la réussite d’un schéma, mais un schéma doit être conçu pour tous » rétorquerait Sacchi…

Un schéma qui pourrait même se faire pressant car le 4-3-3 commence à montrer ses limites au niveau du jeu proposé par les olympiens. En témoigne le premier match de championnat face au Stade de Reims…

Les enseignements d’OM-Reims

1. Un milieu trop étiré et sans créateur

Face à Reims, AVB a donc opté pour son schéma préférentiel depuis qu’il est arrivé, à savoir le 4-3-3 avec un milieu composé de Gustavo en pointe basse et avec Strootman et Sanson en 8. Ce match fut la confirmation, s’il en fallait encore une, que Gustavo en pointe basse cela ne fonctionne pas. Cela n’a d’ailleurs jamais fonctionné. Garcia, à ses débuts, l’avait aligné à ce poste avec devant lui le duo Sanson-Lopez avant de se raviser et de repasser en 4-2-3-1. En effet, à ce poste Gustavo décroche trop, notamment pour venir s’intercaler dans la défense centrale tandis que les deux 8 (Strootman et Sanson aujourd’hui, Sanson et Lopez hier) se projettent mais se projettent mal créant ainsi un trou béant au milieu. Garcia avait rectifié le tir en installant un double pivot composé de Gustavo et Zambo/Lopez permettant à Gustavo d’être non seulement accompagné mais plus haut sur le terrain et donc de mettre à profit son impact et son don pour presser haut. Lui qui était alors exclu de cette bataille du milieu.

En outre, on l’a encore vu face à Reims, Strootman est beaucoup trop lent dans l’exécution, ne casse pas de lignes et Sanson est incapable d’apporter la touche de création à laquelle il aspire. D’autant que Payet se trouve exilé à gauche et n’est plus dans le cœur du jeu pour amener cette création. Sanson est, quant à lui, l’une des grandes déceptions si ce n’est la plus importante parmi les recrues de l’ère Mc Court, eu égard aux espoirs placés en lui. Et ce pour plusieurs raisons, en vrac : incapacité à se situer sur le terrain, à se déplacer dans les bonnes zones, à rester sur ses appuis, prise de masse musculaire massive qui lui a fait perdre en finesse ou encore déchet technique. Autant de raisons qui explique pourquoi le milieu était trop étiré face à Reims, pourquoi il manquait d’un créateur et d’un joueur qui casse des lignes.

Maxime Lopez est peut-être le facteur x de l’entre jeu marseillais tant il est un accélérateur de jeu, tant il fluidifie les premières relances et décomplexe par la même occasion ses défenseurs. Bien plus encore, à Marseille, Payet n’a jamais été aussi bon qu’avec un autre créateur derrière lui ou en tout cas un joueur qui casse des lignes ballon au pied. Imbula sous Bielsa fut ce joueur, Lopez dans un autre style l’eut été par le passé, et à n’en pas douter il pourrait le redevenir. Quant à Chabrolle, il pourrait également être ce joueur qui casse des lignes en portant le ballon et en percutant. Intégrer Maxime Lopez et Payet en lieu et place de Strootman et Sanson, repasser à un système avec un double pivot derrière un 10 (4-2-3-1 ou 3-5-2 ?) et faire de Chabrolle un agitateur dans un milieu stérile, voilà autant de solutions qui s’offrent à André Villas-Boas pour régler la problématique de l’entre jeu phocéen.

2. Une défense incapable de gérer la prodondeur

Auteur d’une première remarquable en Ligue 1, le rémois Dia ne se prive pas d’inscrire son premier but en 2019-2020 face à l’OM à la 58ème minute de jeu. Un but tout simplement parfait dans sa construction tant la contre-attaque est belle et la passe de Dingomé précise. Mais ce but souligne surtout la gestion plus qu’approximative de la profondeur par les défenseurs marseillais. Dia passe d’ailleurs tout proche du doublé avant que Suk ne porte le score à 2-0 toujours sur un alignement catastrophique des olympiens. Dépourvue de toute forme de grinta en 2e période, la charnière marseillaise est loin d’avoir compensé ce manque par un positionnement impeccable. Le bloc n’est jamais compact et les phocéens ne sont pas en mesure de jouer le hors-jeu car la ligne défensive est trop basse et éloignée du milieu de terrain.

La mauvaise gestion de la profondeur sur le but de Dia
Le mauvais alignement de la défense olympienne sur le but de Dia

Cette gestion désastreuse de la profondeur défensive cache en réalité un recrutement tout aussi réussi, tant l’absence d’un vrai 5 depuis le départ de Nicolas Nkoulou se fait sentir à l’OM. La lenteur des centraux (liée à leur condition physique) les empêche de couvrir les petits espaces avec leurs appuis et offre ainsi des lignes de passes presque impensables à l’équipe adverse. Ci-dessus, Kamara et Caleta-Car sont incapables de jouer correctement le hors-jeu et sont pris par la passe en profondeur de Dingomé. La faute tactique n’est même plus une option pour la charnière olympienne tant le déplacement de l’attaquant rémois est parfait. Sakai est effacé avec une facilité déconcertante et Amavi est bien trop distancé pour intervenir. Une belle illustration du travail défensif à venir pour Villas-Boas et ses hommes…

3. Une animation offensive stérile et l’absence d’un pivot

Stérile et amputée d’un pivot pourtant nécessaire dans le 4-3-3 de Villas-Boas, l’animation offensive de l’OM a encore déçu. Un Payet trop irrégulier qui, exilé à gauche, ne déborde jamais, multiplie les touches de balle pour se remettre sur son pied droit, rentrer à l’intérieur et tout simplement parce que ça n’est pas naturel pour lui. Un Radonjic qui, hormis deux ou trois accélérations, s’est surtout fait remarquer pour son absence de Q.I foot. Et enfin, un Germain toujours dans l’incapacité de fixer la défense adverse, de jouer en pivot, de faire remonter le bloc et d’être présent dans la surface, sur des centres certes imprécis dont l’auteur ne cherche ni une zone ni un partenaire mais bien plutôt à se débarrasser du ballon. Cela suffit à condamner la moindre offensive marseillaise. Ces derniers ne furent pas plus accompagnés par leurs milieux et on n’évoque même pas l’apport offensif néant des latéraux…

L’entrée de Dario Benedetto à la 73ème minute n’y changea rien, l’argentin n’ayant presque rien eu à se mettre sous la dent. Toutefois, il va sans dire que l’installation à la pointe de l’attaque de Pipa dans les semaines à venir, devrait faire grand bien à l’OM. Si des incertitudes demeurent, il est évident que Pipa apportera de la présence dans la surface, sera en mesure de jouer comme un pivot et pourra même participer dans le jeu. Tout ce que n’apporte pas Germain finalement. Villas-Boas devra néanmoins veiller à ne pas faire une Mitroglou bis avec l’argentin en étant patient et en attendant qu’il finisse sa préparation et se remette de sa blessure. Si le professionnalisme et le rationalisme du portugais ne font pas trop de doute, les résultats et les performances de Germain pourraient le forcer à faire jouer Benedetto plus tôt qu’il ne faut comme ce fut le cas face à Reims.


Cette opposition face à l’ogre rémois témoigne donc des lacunes d’un OM encore meurtri par la méthode Garcia et toujours en phase de convalescence. Si les résultats pressent et l’attente des supporters grandit de match en match, AVB devra toutefois garder la tête froide pour conduire ses joueurs vers la rédemption. Une rédemption pour le moment impossible à entrevoir après ce désastreux Marseille-Reims… Alors, le chemin de croix des olympiens débutera-t-il face à Nantes ?

BBoyBlaise et Jules Grange-Gastinel

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