Renseigner sa taille, éventuellement une ou deux équipes sur lesquelles on ne veut vraiment pas tomber, puis laisser opérer la magie, et recevoir un maillot au hasard pour enrichir sa collection. C’est la surprise que propose Alexis Masson, avec son concept de « Maillot Secret ». Cet étudiant de 18 ans nous raconte la genèse de son projet et son attachement aux tuniques, indissociables de l’histoire du football.
Q : Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans le concept de Maillot Secret ?
A.M : Je suis un grand fan de football et surtout de maillots. J’ai commencé une collection il y a un an et demi, deux ans. J’aime particulièrement les maillots très atypiques. Par exemple, en ce moment, je cherche un maillot du Shaktior Donetsk avec un flocage en cyrillique. Et je me suis dit que ça pouvait intéresser d’autres gens, que ça faisait un beau cadeau, une boîte surprise avec un maillot secret.
.Q : Tu commences donc à te renseigner ?
J’ai vu que le concept existait en Angleterre. Mais je me suis longuement posé la question. On n’a pas forcément la même vision du football ici. Pourtant, j’ai senti qu’il y avait quelque chose, qu’il y avait de la place pour que ça plaise aux supporters en France, et je me suis dit : « ne laisse pas passer cette opportunité ». J’ai donc lancé Maillot Secret le lundi 22 février dernier, je viens de fêter les un mois.
.Q : Tu as du monde qui t’aide à gérer tout ça ?
Non, je suis tout seul. J’ai un ami qui m’a aidé à faire le site internet, parce que je n’y connais rien. Mais je m’occupe de tout le reste. Avec internet aujourd’hui, on peut tout apprendre, sur le statut, ce qu’il faut déclarer, comment s’enregistrer. Je suis étudiant, donc pour l’instant, Maillot Secret, c’est plutôt un loisir à côté de mes études. C’est pour faire plaisir, ça me fait plaisir aussi. Je ne le vois pas du tout comme un travail. En tout cas, à l’heure actuelle, ce sont les études qui passent d’abord.
.Q : Comment tu te fournis en maillots ? Où récupères-tu les maillots que tu envoies ?
J’ai passé un partenariat avec un site internet de vente de maillots. J’ai trouvé un contact, j’ai tenté, j’ai envoyé un mail pour leur expliquer et ils étaient d’accord. Je leur achète beaucoup de pièces d’un coup, ça vaut le coup, c’était gagnant pour tout le monde.
.Q : Tu as regardé la concurrence avant de te lancer ? D’autres concepts similaires existent ?
Pas vraiment. J’ai trouvé une autre personne qui avait vu la même idée, mais quand j’ai vu le site internet, je me suis dit que ça ne devait plus être d’actualité. Il n’inspire pas du tout confiance. J’essaye toujours de me projeter à la place des clients potentiels, après tout, je suis un amoureux de football avant tout, et je pourrais très bien être à la place que ceux qui achètent des boites de Maillot Secret. Le seul marché, c’était donc le concept en Angleterre, un peu plus cher pour nous en France, forcément, avec l’expédition. C’est aussi ce qui m’a poussé à me lancer. J’avais vraiment l’impression qu’il y avait la place.
Q : Tu es fan de foot, quel club, quels joueurs tu suis au quotidien ?
Je suis un pur Gone. Je ne m’en cache pas, c’est assumé, c’est même indiqué dans la section « à propos » du site internet. Je viens de Lyon, donc je suis 100% lyonnais, depuis le début. Mais je ne suis pas que Lyon, je m’intéresse aussi à d’autres clubs, à plein de joueurs. Je ne saurai pas expliquer pourquoi, mais j’adore les joueurs néerlandais. Alors il y a Memphis (Depay) à Lyon, mais j’aime aussi Quincy Promes (Spartak Moscou) et Steven Bergjwijn (Tottenham). Je suis également fan du Napoli, avec des joueurs comme Dries Mertens et Lorenzo Insigne, que j’aime beaucoup. Je ne suis pas forcément beaucoup allé au stade, ce n’est pas toujours évident, mais j’ai vécu des moments très forts. Je me souviens du 5-0 lors du derby à Geoffroy-Guichard (en novembre 2017), quand Fékir a célébré son but en enlevant et montrant son maillot. Je crois que j’ai fait le tour de mon salon en hurlant de joie (rires).
.Q : A quel point le maillot est important dans le football aujourd’hui pour toi ?
Ce sont des objets magnifiques. Ils représentent d’importants symboles et une certaine identité des clubs, mais ils peuvent aussi être des vêtements à porter dans la vie de tous les jours. C’est pour cela que j’ai, en réalité, une double collection. D’un côté, des maillots non-floqués, que j’appelle « lifestyle », que je peux porter dans la vie de tous les jours. Ils rentrent dans une idée de mode, de style. Par exemple, récemment, je me suis acheté le maillot du Danemark de 2016, tout blanc, avec des manches longues. Je peux l’accorder avec pas mal de mes tenues pour le porter au quotidien. De l’autre côté, j’ai ma collection de maillots floqués. Ce sont des tuniques qui ont une identité. J’ai celui des « Pumas » de Mexico, avec l’énorme blason tête de fauve, symbole de l’équipe. Ce maillot, c’est le reflet d’une identité particulière. J’ai aussi récupéré le maillot du centenaire du Club America, qui rend hommage aux peuples aztèques, liés à l’histoire du club. Mon dernier investissement, c’est un maillot de l’Ajax, toujours mythique.
Q : Que penses-tu des maillots marketing qui peuvent parfois prendre le pas sur l’identité et l’histoire ?
C’est une problématique intéressante. D’un côté, ils peuvent totalement avoir leur place dans ma collection « lifestyle ». Certaines pièces sont très intéressantes. Mais de l’autre, un club, c’est aussi une identité et des couleurs à défendre et mettre en valeur. Je pense malgré tout qu’il faut essayer de sortir de sa zone de confort. Dans le cas des troisièmes ou quatrièmes maillots sortis par les équipementiers, parfois, c’est réussi, parfois, c’est raté. Mais il faut essayer. Je me souviens du maillot rouge de l’Olympique Lyonnais pour la Ligue des champions l’année dernière. Il avait été très décrié quand il avait été dévoilé. Moi-même, je n’étais pas forcément convaincu au début. Puis je l’ai vu en vrai, c’était différent des photos, et je me suis rendu compte que c’était un bel objet. Maintenant, je l’aime bien. Il faut des tentatives. Si on n’essaye pas, on ne sait pas, et on passe à côté de certaines réussites.