Tactique

TACTIQUE. Comment Tuchel a surclassé Nagelsmann

Lors de sa victoire 3-0 face à Leipzig, le PSG a réalisé une véritable démonstration de force tactique, technique et mentale. Le “mentor”, Thomas Tuchel, a maîtrisé son sujet de bout en bout et a su mettre à mal les plans de son “apprenti”, Julian Nagelsmann.


Qu’elle paraît loin l’époque où le jeune Julian Nagelsmann mettait un terme à sa carrière en raison d’une grave blessure au ménisque. Alors membre de la réserve du FC Augsbourg, le jeune défenseur central est sous les ordres d’un certain Thomas Tuchel, qui va donner un tournant inattendu à sa carrière dans le football. Grâce aux recommandations de son entraîneur, le néo ex-joueur passe des pelouses au banc de touche en se retrouvant à la tête des moins de 17 ans du Munich 1860, à seulement 21 ans.

La suite, on la connaît : Nagelsmann enchaîne les succès avec une vitesse fulgurante, notamment à Hoffenheim où il emmène le club en Ligue des Champions. Repéré par la direction du RB Leipzig, il prend les commandes de cette formation en juillet 2019. Fin tacticien porté vers l’attaque, il renverse des montagnes pour amener son équipe jusqu’en demi-finales du Final 8 à Lisbonne, en développant un jeu flamboyant loué par tous les observateurs. Mais cette fois, la marche était trop haute pour Nagelsmann. Il s’est heurté à un obstacle nommé Thomas Tuchel, homme dont il s’inspire pour sa philosophie de jeu. Mardi soir, le jeune technicien allemand a reçu une véritable leçon de football par celui qui l’avait lancé 12 ans auparavant.

Pressing et récupération haute : Nagelsmann pris à son propre jeu

Dès le début du match, la tactique mise en place par Nagelsmann saute aux yeux. Le pressing imposé par les Allemands est fort, s’effectue dans la moitié de terrain du PSG et débouche sur des récupérations hautes. Problème, le milieu du RasenBallsport est désorganisé, et laisse trop d’espace aux Parisiens : Neymar manque son face à face après une combinaison avec Mbappé. Sa frappe n’est pas loin de faire mouche mais trouve le poteau de Gulacsi. Sur la capture ci-dessous, on voit le bloc du milieu de Leipzig éclater suite au pressing (en rouge), laissant de l’espace pour une transition rapide entre les lignes (passe de Kimpembe en vert), et laissant une large zone d’expression à un joueur technique comme Mbappé (en bleu), lui permettant de combiner facilement avec Neymar.

Credits : Images RMC sport.

Suite à l’ouverture du score de Marquinhos sur un coup-franc de Neymar, les joueurs du PSG poursuivent leurs efforts en essayant d’imposer le même pressing haut à leurs adversaires. Une fois le ballon récupéré, la formation parisienne cherche à trouver leurs attaquants dans le dos d’une défense allemande souvent prise à défaut par la vitesse de Mbappé. A la 16ème minute, dans la foulée du but, Leipzig est incapable de ressortir le ballon face à la pression parisienne. Après une récupération haute, Herrera lance Mbappé dans le dos d’Upamecano pour un face à face remporté par Gulacsi.

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La pression solidaire du PSG laisse Leipzig sans solution, qui tentera tout de même de procéder par de long ballons pour se créer quelques rares occasions (Poulsen, 24′), en vain. Cette récupération haute et le harcèlement du porteur est la clé de ce succès sans appel.

Dépassés techniquement, la combativité de Leipzig se transforme en nervosité

Au cours des vingt premières minutes, une forte combativité est à mettre au crédit des joueurs de Nagelsmann. Avant l’ouverture du score de Marquinhos, Leipzig fait jeu égal dans les duels et dans l’impact physique. Mais le fait d’être mené au score va influer sur la confiance et sur la justesse technique des Lipsiens. La frustration accumulée suite aux erreurs techniques et à l’ouverture du score va transformer la combativité des Allemands en agressivité mal placée. De l’équipe qui mouille le maillot, on passe à l’équipe qui découpe les Parisiens. Ils s’exposent aux coup-francs de Neymar (poteau 34′), et accumulent les erreurs techniques. Gulacsi en est le meilleur exemple avec sa relance manqué qui conduira au but de Di Maria (2-0). Mais ce déficit technique, ce sont les Parisiens qui l’ont provoqué grâce à leur pressing solidaire et leur combativité dans les duels. Sur le deuxième but, la pression de Di Maria est accompagnée de Paredes et d’Herrera qui viennent couper la ligne de passe de Gulacsi (en vert), créant leur propre zone de récupération (en bleu). Derrière, c’est le talent de Neymar qui fait la différence pour servir Di Maria.

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Le troisième but en est aussi un exemple illustrant la solidarité parisienne. Herrera fait pression sur Mukiele qui glisse, avant de laisser le champ libre au centre de Di Maria pour la tête de Bernat. Indisciplinée, la défense de Leipzig réclame une faute et Mukiele oublie de s’aligner pour créer une position de hors-jeu.

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Le PSG tient son match référence

Ce 4-3-3 pointe basse est sans aucun doute le système que Tuchel reconduira dimanche soir face au Bayern. Grâce à la rigueur défensive de Marquinhos et la justesse technique de Paredes et d’Herrera, le PSG semble enfin avoir trouvé sa formule au milieu de terrain. Offensivement, le replacement de Neymar en faux n°9 derrière Di Maria et Mbappé lui permet d’avoir une plus grande liberté d’expression, et de trouver plus souvent ses deux coéquipiers dans le dos de la défense en exploitant leur pointe de vitesse.

Enfin, défensivement, le PSG a passé un cap durant l’ensemble de la compétition. Meilleure défense de l’exercice, la défense parisienne n’a jamais vraiment été inquiétée pendant le match. Thomas Tuchel a pu compter sur des Presnel Kimpembe et Thiago Silva impeccables, muselant les rares assauts de Poulsen. Kehrer et Bernat ont de leur côté assuré leur rôle défensif en plus d’apporter un réel appui offensif. Bernat est par ailleurs à l’origine et à la conclusion du troisième but parisien. Exceptionnel.


Si la différence technique entre les deux équipes peut expliquer le score, il n’en reste pas moins que le pressing parisien a été la clé de ce succès. La pression imposée par les hommes de Tuchel a poussé les joueurs de Leipzig à la faute, technique et physique. Cette victoire illustre la patte Tuchel sur sa formation, cherchant à allier justesse technique et vitesse sur les phases offensives, et bloc compact et solidaire pour les phases défensives. Une solidarité sur laquelle Tuchel va devoir s’appuyer dimanche soir en finale face au Bayern, meilleure attaque de la compétition.

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