La Patrie des frères Werner
Footballitik

Philippe Collin : “La Patrie des frères Werner incarne la puissance fraternelle du football”

A l’occasion de la sortie de la bande dessinée “La Patrie des Frères Werner”, Caviar Magazine est allé à la rencontre de Philippe Collin, co-auteur avec Sébastien Goethals, mais aussi animateur de l’émission “L’Œil du tigre” sur France Inter. L’occasion pour lui de dépeindre ses passions pour l’Histoire et le football narrées dans cette fiction se plongeant au cœur de la Coupe du monde 1974 et inspirée de nombreux faits réels. Un véritable travail d’historien doublé d’une enquête de terrain au prisme du duel fratricide entre RDA et RFA. Le tout sous fond de guerre froide et de football comme théâtre du choc des modèles capitaliste et communiste dépeints par la plume de Collin et le fusain de Goethals.


Philippe Collin, en guise de hors-d’œuvre en attendant votre assiette de Caviar, pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Tout d’abord, malgré mon émission actuelle, j’en suis venu au sport dans les médias assez tardivement, il y a maintenant un peu plus de six ans. Il était alors compliqué pour moi d’assumer ma passion pour le spectacle sportif, même traitée par le biais de l’Histoire. J’ai beaucoup cheminé au cours de ma carrière dans d’autres domaines mais ait toujours eu un goût prononcé pour l’Histoire du sport.

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A l’image de « L’Œil du tigre », votre nouvelle casquette d’auteur vous donne l’occasion de faire partager votre passion pour l’Histoire du sport ?

Ma sensibilité au spectacle sportif se manifeste notamment lorsque je regarde la télévision à titre personnel. Mais il me semblait inadapté de l’intégrer dans “L’Œil du tigre” car beaucoup de médias en parlent déjà très bien. J’ai donc choisi un angle différent, au prisme de mon premier amour de jeunesse qu’est l’Histoire, pour traiter l’Histoire du sport. Tout part d’un cursus universitaire inachevé dans ce domaine car je souhaitais gagner ma vie, mais je ne désespère pas de le terminer un jour. Cette formation en Histoire contemporaine fut le début d’un cheminement depuis les années 1990 jusqu’en 2014.

C’est à ce moment-là que France Inter me propose d’animer une émission qui permettrait d’entrevoir la Coupe du monde 2014 dans ses dimensions culturelle, économique, géopolitique, etc. Après un mois en animation quotidienne, qui s’est très bien déroulé, ma direction fut agréablement surprise de voir le public être au rendez-vous. L’idée fut alors de saisir l’opportunité de relever un nouveau défi. Avec un créneau horaire favorable au traitement de sujets sportifs – le dimanche à 18h – j’ai donc le plaisir de faire vivre mes deux passions aux auditrices et auditeurs depuis six ans.

Depuis maintenant six ans, Philippe Collin assure l’animation de “L’œil du tigre” sur France Inter. ©Photographie Gaël Turpo

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Mais vous allez encore plus loin en signant votre première BD, déjà avec Sébastien Goethals, intitulée « Le Voyage de Marcel Grob » dans un cadre historique.

Tout part d’une histoire personnelle racontant le destin d’un jeune français alsacien kidnappé par les Nazis. Mon idée ne se limitait pas cependant à ce travail, mais à un diptyque pour que soient mis face à face deux totalitarismes majeurs du XXème siècle. D’un côté, le nazisme happant la jeunesse avec Marcel Grob, de l’autre, le communisme avec la vie des frères Werner.

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Comment vous est venue l’idée d’intégrer le sport, notamment le football, dans l’écriture de « La patrie des frères Werner » ?

Avec ce nouveau projet, je souhaitais traiter de nouvelles problématiques en lien cette fois avec le communisme. Mais aussi d’autres enjeux majeurs, d’abord liés à la Seconde Guerre mondiale, comme les Wolfskinder, ces deux millions « d’enfants-loups » orphelins qui errent sur les routes allemandes avant même la fin du conflit. Je me suis notamment penché sur les travaux de Christopher Spatz, qui a regroupé des archives sur plus de 30 000 d’entre eux. Que faire lorsqu’on doit survivre dans un pays dépecé, déchiré ? C’est bien malgré eux que les frères Werner doivent grandir en RDA. Ensuite s’est greffé le football, là encore sur fond de faits réels.

Comme deux millions “d’enfants-loups”, les frères Werner prennent le chemin de l’exil en fuyant Berlin. ©Détail de “La Patrie des frères Werner” de Philippe Collin et Sébastien Goethals / Futuropolis

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Vous vous inspirez notamment d’une histoire au cœur d’une Coupe du monde 1974 dont le pays hôte n’est autre que la RFA ?

Il y a maintenant une dizaine d’années, il m’a été raconté que la délégation est-allemande quitta la RDA avec trente-huit membres, mais seulement trente-sept y revinrent après la compétition. J’aurais pu travailler sur les archives de la Stasi, mais avec Sébastien Goethals, nous avons pris le parti de raconter une histoire. Aussi, nous avons décidé de nous servir des deux frères Werner pour les transposer, au cours de leur cheminement, dans ce contexte de football que fut la Coupe du monde 1974.

Avec les données existantes sur l’Aktion Leder, connue en France sous le nom “d’opération cuir” menée par la Stasi, nous disposions de nombreuses informations vérifiables. De fait, tous les personnages de l’œuvre, à l’exception des frères Werner, ont réellement existé. Puis advint cette plongée dans ce contexte si particulier quand, en janvier 1974, eut lieu le tirage au sort des poules. Un jeune gamin allemand, petit blond de dix ans, tire les boules d’une main innocente et sélectionne successivement l’Australie, le Chili, la RFA et la RDA. A un silence glacé dans la salle succède un bruissement d’effroi. Quelles étaient les probabilités pour un tel résultat ? On pouvait jouer ce match RFA-RDA, mais qui aurait cru que cela se produise dans un tel contexte ?

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Alors que le Chancelier ouest-allemand Willy Brandt poursuit l’Ostpolitik, quelle est la réaction des autorités soviétiques à la suite de ce tirage ?

A Moscou, Léonid Brejnev refuse catégoriquement toute participation de la RDA à la Coupe du monde 1974. En effet, l’URSS a été disqualifiée par la FIFA pour avoir refusé de jouer son match retour de barrage contre le Chili. Déjà récemment secoués par la chute du régime socialiste d’Allende, ils devaient en plus jouer dans le stade Nacional de Santiago où auraient été torturées nombre de personnes d’extrême-gauche. Par solidarité socialiste, Brejnev exigea donc au chancelier est-allemand Erich Honecker un retrait de la compétition. Il était impensable pour le comité central soviétique qu’un pays frère affronte le Chili de Pinochet dans ce groupe.

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Une première impasse alors que se dessinait également un duel sur le terrain avec la RFA qui dépasserait largement le cadre du football ?

Le SED (parti unique est-allemand) a longuement mis en garde Honecker, désireux de disputer cette Coupe du monde, sur les effets négatifs, notamment sur l’image du communisme, qu’aurait une défaite face à la RFA. C’est tout le modèle politique, sociétal et social qui perdrait face à un football bourgeois, au monde de l’entreprenariat. Et plus largement face à cette RFA qui triompherait encore après les miracles “de Berne” en 1954 au niveau sportif et le “Wirtschaftswunder” au niveau économique. Même si la RDA a réussi à se qualifier et mettre en place une équipe compétitive, il faut en plus aller jouer au Volksparkstadion de Hambourg, en RFA, devant 60 000 spectateurs !

Contrairement aux équipes de RDA et RFA, Erich Honecker et Léonid Brejnev “fraternisent” à Berlin, en 1979. ©Régis Bossu

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Et c’est finalement Honecker qui va remporter le match face à Brejnev ?

Erich Honecker consulte, entre autres, le président de la fédération est-allemande fin janvier 1974 pour tâter le terrain. Il s’agit de connaitre la réaction de la FIFA en cas de non-participation de la RDA. Ce à quoi l’instance répond par une double menace : une amende faramineuse impossible à payer, mais aussi une radiation de toutes les institutions sportives internationales. Le sport, notamment par le biais des Jeux Olympiques, étant un des grands fronts de la guerre froide en Occident, Honecker prend donc le risque de maintenir la RDA dans la compétition, au mépris de Brejnev.

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Le chancelier est-allemand pouvait néanmoins compter sur le soutien de la Stasi ?

En effet, car Erich Mielcke, grand patron de la Stasi depuis 1957, adore le football. Il en vient même à truquer de nombreux matchs du Dynamo Berlin, club qu’il préside de 1953 à 1989 (!) et qui remporte championnat sur championnat. C’est à lui qu’est demandé de mettre en place “l’opération cuir”, dont l’objectif est de sécuriser cette participation à la Coupe du monde 1974, la première de la jeune histoire de la RDA : aucun membre de la délégation ne doit fuir à l’Ouest, et 2000 supporters sont finement sélectionnés pour assister aux matchs à Hambourg.

Ensuite, Honecker comme Mielke pensent qu’il est possible de peser sur le match. Ainsi, huit espions dont deux joueurs intègrent la délégation de la RDA. En revanche, aucune archive de la Stasi ne prouve qu’ils aient aussi pu infiltrer aussi la délégation de la RFA.

Une Coupe du monde au contexte très particulier en RFA pas seulement sur fond de politique, mais aussi d’économie et plus largement de société ?

En avril 1974 éclate l’affaire Gunther Guillaume, conseiller du chancelier et espion est-allemand, poussant Willy Brandt à démissionner et mettre fin à sa carrière. Si la Stasi est parvenue à infiltrer les plus hautes instances politiques de la RFA, pourquoi ne l’aurait-elle pas fait pour le sportif ?

“L’affaire de la prime” en cas de victoire finale de la RFA en est une autre illustration. Remettons-nous dans le contexte. En Allemagne, au début du XXème siècle, le football est très mal vu. Sport ramené d’Angleterre par des banquiers, de riches courtiers et commerçants allemands, ce sont eux qui le pratiquent majoritairement. De plus, alors que le football s’est professionnalisé assez vite en Angleterre, il n’est pas concevable pour la population allemande de gagner de l’argent pour faire du sport. Au contraire, un sport n’est pas vu comme un jeu, à l’image de la gymnastique, très pratiquée, par laquelle on renforce le corps de la Nation pour la guerre. La fuite de cette “affaire de la prime” dans la presse en plein mois de juin 1974 pose donc question…

Le capitaine de la Nationalmannschaft, Franz Beckenbauer (n°5), aurait préféré éviter une fuite de “l’affaire de la prime” avant le match face à la RDA de Bernd Bransch (à droite). ©Libération

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Mais cela n’empêche finalement pas le football de prendre une place croissante dans la reconstruction d’une identité « allemande » au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ?

Le déclic a lieu en 1954, lorsqu’en triomphant de la Hongrie, la Mannschaft remporte la Coupe du monde en Suisse. Seulement dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le “miracle de Berne” a un immense impact sur la société : c’est la première fois que l’Allemagne revient sur le devant de la scène internationale sans éprouver une honte d’être Allemand. Le futur chancelier ouest-allemand Helmut Kohl, alors enfant, dira d’ailleurs que c’est la première fois qu’il s’est senti fier d’être Allemand sans éprouver la moindre honte. On s’est aperçu qu’on pouvait être fier de son pays par le biais d’un sport, aussi le football en devient le catalyseur. Aujourd’hui encore, le mot “national” est seulement employé pour la Nationalmannschaft et demeure proscrit ailleurs.

Si la Stasi est parvenue à infiltrer les plus hautes instances politiques de la RFA, pourquoi ne l’aurait-elle pas fait pour le sportif ?

Philippe Collin

Un enjeu de réjouissance collective permis par le football et bien compris par les dirigeants de la RDA ?

La RDA, de son côté, existe depuis 1949. La population ouest-allemande se réjouit de la victoire de 1954, mais de l’autre côté du Mur, ils ne peuvent le faire ! Cependant, les élites politiques et culturelles est-allemandes ont compris l’impact massif que peut générer le sport sur une population. Jürgen Sparwasser, le buteur de la RDA lors de la victoire 1-0 sur la RFA à la Coupe du monde 1974, n’a, comme Kohl, que six ans en 1954. Cela ne l’empêchera pas de se dire profondément marqué par le “miracle de Berne”, bien qu’il ne pouvait se réjouir. Du coup, dès 1954 est mis en place un championnat de RDA, l’Oberliga, bien avant la Bundesliga qui n’adviendra à l’Ouest qu’en 1963 !

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Les dirigeants politiques de la RDA souhaitent alors faire du football un moyen de mettre en valeur le modèle communiste face au capitalisme promu en RFA ?

Pendant vingt ans sont mises en place des écoles de foot pour concurrencer au mieux la RFA, afin que le football ouvrier soit au moins l’égal du football bourgeois. On retrouve cette vision dans les deux sélectionneurs de 1974. D’un côté Helmut Schön, un Ouest-allemand incarnant l’entrepreneur, l’individu, l’attaquant par son poste en tant que joueur. De l’autre, Georg Buschner est l’homo sovieticus, lui-même ancien défenseur marqué par le collectif ! Ce face-à-face de deux visions du monde est majeur. Erich Mielke sait donc que la RDA ne peut perdre ce match car la supériorité de l’un face à l’autre sera décisive.

S’ils s’affrontent sur le carré vert, Johan Cruyff (debout à gauche) et Paul Breitner (au premier plan au sol) partagent une vision commune du footballeur comme “travailleur”. ©DR

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Un modèle communiste qui, parmi d’autres facteurs, va inspirer certains footballeurs de l’Ouest pour leur reconnaissance comme « travailleurs » ?

Dans les années 1970, une mouvance de gauche s’empare du football, et quelques footballeurs importants se déclarent comme « travailleurs du foot », à l’image de Paul Breitner ou Johan Cruyff. Le football génère de l’argent, mais qui sont les travailleurs qui le permettent ? Les footballeurs ! Se développe alors une prise de conscience : ils doivent aussi avoir une part du gâteau, sans pour autant en réclamer une grosse.

Toujours en 1974, la sélection hollandaise de Cruyff négocie avec sa fédération une prime de 100 000 florins en cas de victoire. Une nouvelle qui parvient aux oreilles de Paul Breitner, qui en sous-marin tente de négocier avec la fédération ouest-allemande une prime de 100 000 DM, ce que l’on retrouve dans “La Patrie des frères Werner”. La fédération refuse mais quelques jours avant le match face à la RDA, la nouvelle fuite dans une presse dont la frange conservatrice est très présente en RFA. Les footballeurs sont alors perçus comme des mercenaires, ce qui déplait beaucoup à certains joueurs comme Franz Beckenbauer. Surtout pour lui qui incarne l’autorité allemande et dont le club, le Bayern Munich, est basé dans la conservatrice Bavière, siège de la Christlische Soziale-Union (CSU) et alliée de la CDU longtemps au pouvoir après 1945.

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Cette affaire de prime a-t-elle eu une incidence concrète sur le match de la RFA contre la RDA ?

Tous les footballeurs est-allemands sont amateurs, et ont de faux emplois pour jouer au football. Déjà que ce match rassemble nombre d’enjeux politiques, économiques, sociétaux de la guerre froide, on y ajoute par cette polémique ce statut de “mercenaire” du football ouest-allemand. Comment bien préparer ce match pour la RFA dans de telles conditions ? Une fois encore, cela dépasse très largement le cadre du football.

“Dans les années 1970, une mouvance de gauche s’empare du football, et quelques footballeurs importants se déclarent comme « travailleurs du foot », à l’image de Paul Breitner ou Johan Cruyff”.

Philippe Collin

On comprend donc mieux pourquoi ce match RDA-RFA revêt une importance capitale au sein de votre œuvre…

Ce qui m’intéresse, c’est de faire revenir l’Histoire à hauteur d’homme et le football est un véhicule parfait pour cela. Ayant eu la chance de pouvoir échanger avec de nombreux joueurs de football allemands d’époque dans la perspective de mon travail, je peux vous assurer qu’aucun des vingt-deux sur le terrain n’avait envie d’être là. L’inquiétude, le stress mais aussi l’interdiction stricte de fraterniser entre Est et Ouest-Allemands fut très dure à supporter.

Mon objectif, avec Sébastien Goethals, est d’essayer de rappeler aux gens qui ont oublié, ou n’ont pas connu ce que pouvait être la guerre froide, ce qu’est de grandir dans un pays, la RDA, qui n’existe plus aujourd’hui. Qui plus est pour un Etat « central » de l’Europe au XXème siècle qu’est l’Allemagne. En un sens, mon but est aussi de raconter d’une autre manière la construction européenne.

Jürgen Sparwasser (à gauche), ou le héros d’Hambourg qui ne pouvait devenir une “star”. ©DR

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Le statut de footballeur phare en RDA n’offrait donc pas davantage de souplesse de la part du régime ?

Prenons l’exemple de Jürgen Sparwasser. Il joue pour le 1. FC Magdebourg, qui gagne la C2 sur un score de 2-0 contre le Milan AC en mai 1974, seule et unique victoire d’un club de la RDA en coupe d’Europe, un mois seulement avant la Coupe du monde. L’émotion est énorme, et ce joueur possède dès lors une petite notoriété en Europe à l’époque sans être pour autant une “star” comme on l’entend aujourd’hui.

Sparwasser est un amateur qui joue au football au service d’un régime. Au point que la fédération décide où tel joueur joue, il peut ainsi changer de club très facilement au gré des décisions institutionnelles. On ne conçoit pas la mise en avant individuelle en RDA. Comme nous l’illustrons dans la BD, Sparwasser parvient à sortir dans Hambourg et fait le mur lors de la Coupe du monde avant le match face à la RFA : il ne craint pas d’être reconnu. Or, dès qu’il marque le but de la victoire contre les Ouest-allemands, il ne peut sortir fêter la victoire avec le reste de son équipe car le régime craint qu’il ne devienne une star. Il sera néanmoins mieux traité à son retour en RDA, où il disposera d’un appartement, d’une voiture et d’un salaire.

“Ce qui m’intéresse, c’est de faire revenir l’Histoire à hauteur d’homme et le football est un véhicule parfait pour cela”.

Philippe Collin

Vous concluez votre ouvrage par une ellipse de vingt ans avec la perspective d’une victoire allemande réunifiée à l’Euro 1992 : le football est-il la véritable patrie des frères Werner ?

Le titre pourrait effectivement être « La partie des frères Werner ». La BD a d’ailleurs été traduite en allemand par « Das Spiel der Brüder Werner », “Spiel” signifiant “jeu” au sens propre du terme mais aussi un “match”, notamment pour le football. Ce qui me plait dans cette histoire est la fraternité, j’entrevois le football comme un sport puissamment fraternel. Il reste cependant d’abord un jeu, mais qui est pris dans les enjeux politiques, culturels, sociétaux…

Le football est pour moi le sport « monde », où chacun peut défendre une équipe mais aussi se transcender à travers le jeu. On peut être à la fois Français en supportant l’équipe nationale française et universel en aimant le football. Chacun dispose d’un droit de choisir, mais le foot transcende toutes les nations. Aujourd’hui, où on nous impose de choisir une identité « française ou européenne », je veux montrer qu’avec le football, on peut avoir les deux. Et, pour aller encore plus loin, bénéficier du fait que ce sport soit un langage mondial pour ne pas dire universel.

Propos recueillis par Thibaut Keutchayan

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“La Patrie des Frères Werner” de Philippe Collin et Sébastien Goethals, éd. Futurpolis, disponible à la vente au prix de 23 euros.

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