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L'humeur de la rédac'

Au jeu des Petits Pronos, je me rêvais GOAT, me voilà biquette

Il y a des folies plus ou moins grandes auxquelles s’adonne l’humanité. On pourrait citer des exemples aussi concrets que demeurer éveillé durant le Dijon-Brest d’une pluvieuse fin d’après-midi dominicale, reproduire sur son crâne la célèbre rose de Djibril Cissé ou encore pronostiquer Patrik Schick comme co-meilleur buteur de cet Euro. Las, dans la victoire comme dans la défaite, il faut être sport, même lorsqu’on s’apparente à un Portugais dégusté dans une salade grecque un soir de fièvre à Lisbonne. Mon Angelos Charistéas à moi se nomme Leonardo Bonucci. Car, en égalisant dans cette finale d’Euro particulièrement européen – 11 pays visités tout de même – , le défenseur de la Vieille Dame ruinait, sur le gong, ma première place. Oui, la mienne. Car à mon jeu des Petit(s) Prono(s), ce n’est finalement pas moi qui gagne.

Comme Mario Balotelli face à la Roja en 2012, il n’y a plus qu’à contempler les faits après avoir (longtemps) fait la course en tête. Plus des trois-quarts de cet Euro 2020 (ou 2021 à votre guise) passés à dominer la ligue “Caviar” et tutoyer les sommets du classement Mon Petit Prono auront donc été vains. Tout avait pourtant si bien commencé dans une phases de poule ô combien serrée. Les scores exacts dénichés sur France-Allemagne (victoire 1-0 des Bleus), Galles-Suisse (1-1), mais aussi la large victoire des amoureux du parmesan sur les adeptes du gruyère, avec un score de 3-0 sur lequel mon bonus x2 fut posé (nez creux vous dites ?) m’assuraient, à eux trois, 197 points.

La veille de cette finale, alléchante sur le papier, entre l’Angleterre du Prince Harry -vous choisirez celui que vous préférez-, et l’Italie d’un Gigio Donnarumma sur la trace de ses illustres prédécesseurs, sonnait comme une opportunité d’asseoir cette domination jusqu’alors sans partage, ou presque. Sans poser le moindre centime sur la table des paris sportifs, ce sont 777 points qui m’offraient alors un matelas d’avance aussi ample qu’un 3-1 contre les coéquipiers de Yann Sommer à dix minutes de la fin. De quoi m’assurer une 7000ème place sur le million de joueurs de l’appli’ en vogue de la compétition. Mais Mon Petit Prono est aussi cruel qu’un but d’Eder à la 109ème, et mon poteau signé Gignac ressemble à toutes les actions que la sélection de la Perfide Albion n’aura, finalement, jamais conclues.

Fondant comme un glacier alpin sous le (trop) chaud soleil des étés et hivers contemporains, mon avance en ce soir de finale aura été douchée par un but italien venant remettre à zéro les compteurs d’un match que les Anglais laissaient doucement filer. On n’a que faire des volées de Luke Shaw quand Harry Kane est désigné par mes soins meilleur buteur potentiel à la veille de ce 11 juin synonyme d’entrée en scène des acteurs ralentis depuis un an, la faute à une pandémie qui ne veut jamais finir, comme la carrière d’un Gigi Buffon ou autre Marco Ballotta. Scotché à quatre unités, le capitaine des Three Lions ne me rapportera aucun point face aux quatre-vingt remportés par les adeptes de Cristiano “G.O.A.T.” Ronaldo ou les deux-cent glanés par les petits malins qui avaient senti le coup d’un buteur impromptu, tel Corentin Mittet (retenez ce nom), se hisser au sommet du classement des canonniers.

La victoire de la Squadra Azzura aux tirs au but, loin d’être volée, accordera cent-vingt points supplémentaires aux Nostradamus de Toscane et du Trentin qui me relègueront bien loin, en queue de peloton, à la 52 000ème place du classement général, malgré mon 32/51 et mes six scores exacts pronostiqués. Vanité ou logique post 1998-2000 qui aurait pu (dû ?) être respectée, désigner les Bleus comme vainqueur de cet Euro fut vain. Mais, à défaut d’un seum qu’on se plait à entretenir dans un pays où la frite est reine, il ne me reste qu’à savourer un pain noir dont se délecterait sans rechigner la désormais célèbre biquette bleue. La même qui, après m’avoir fait miroiter une place aussi royale que celle de Benjamin Mendy à Man City, ne fait finalement de moi rien de plus qu’un berger parmi d’autres.

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