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OM : Le Champions Project enfin lancé ?

La banderole déployée la saison dernière lors d’OM-Monaco (1-1)

A la veille de recevoir Montpellier, l’OM occupe la quatrième place du classement à deux points du PSG. Un début de saison réussi qui tend à laisser penser à un vrai avenir pour le “Champions Project”. Coup de projecteur sur un club de plus en plus ambitieux.


Qu’il semble loin ce soir de mai 2018 où l’OM disputait une finale européenne après une superbe épopée. Malgré la défaite logique face à l’Atletico Madrid d’Antoine Griezmann, les Marseillais avaient séduit et fait rêver beaucoup d’observateurs. Depuis, c’est la descente aux enfers. La saison écoulée a fait beaucoup de dégâts au sein de La Commanderie. Les performances pitoyables en Europa League et une cinquième place en Ligue 1, non-qualificative pour l’Europe, ont eu raison de Rudi Garcia. Le coach marseillais a été le bouc émissaire des exigeants supporters phocéens qui ont réclamé sa tête toute la saison. Garcia portait surtout le fardeau d’un énième mercato complètement raté par sa direction. Jacques-Henri Eyraud, président du club, semblait lui complètement dépassé par la situation. La nouvelle saison s’annonçait encore délicate pour l’OM.

Garcia-Eyraud, un duo qui n’a pas tenu

Été difficile sur la Canebière

Le licenciement de Garcia, malgré son coût (10 millions d’euros d’indemnités) se voulait comme une tentative de réconciliation entre les dirigeants marseillais et les groupes de supporters. L’arrivée de l’expérimente technicien portugais, André Villas-Boas, a garantit une certaine paix sociale. Seulement, de nouveau le mercato n’a pas donné grande satisfaction aux fans. Le départ de cadres (Luiz Gustavo, Adil Rami, Mario Balotelli) a été compensé numériquement par des joueurs souvent méconnus du grand public. Ainsi, le buteur argentin Dario Benedetto (ex Boca Junior), le défenseur Alvaro Gonzalez (ex Villareal) et le milieu Valentin Rongier (ex Nantes) ont ralliés la cité phocéenne. Le calme du mercato marseillais, à l’inverse de ses concurrents directs Lyon, Lille et Monaco, a beaucoup fait jaser. C’est surtout l’absence de recrues à des postes clés qui inquiète les observateurs. Alors qu’il a longtemps été question d’un nouveau gardien pour remplacer Mandanda, sur le déclin et pas très rassurant l’an passé, aucune piste n’a abouti. Benjamin Lecomte, cible de longue date de l’OM, a préféré rallier Monaco. Le poste de latéral gauche est aussi un des grands chantiers du club, où Jordan Amavi peine à être régulier. La paix sociale aura donc été de courte durée pour la direction olympienne. Les supporters dénonçant l’incapacité du club à conclure des transferts d’un certain standing.

Villas-Boas, un vent nouveau souffle sur la Canebière

Début de saison convaincant

Seulement, le football ne saurait se résumer à une somme d’individualités associées sur un terrain. A l’inverse, c’est un collectif, une mécanique alliant les talents de tous au service de l’intérêt commun. C’est ce collectif qui a permis à l’OM de rallier la finale de l’Europa League il y a deux ans. Pourtant, les phocéens n’ont pas chamboulé leur effectif l’an passé, mais la saison fut bien plus délicate. En effet, le collectif n’était plus la et on retrouvait seulement une somme de joueurs alignés ensemble mais sans volonté commune.

Ainsi, le vent nouveau provoqué par l’arrivée de Villas-Boas semble avoir relancer la machine. Malgré une défaite au terme d’une prestation médiocre contre Reims en ouverture (0-2), l’OM a rebondi et n’a plus perdu depuis. Steve Mandanda est revenu de vacances avec plusieurs kilos en moins, et un niveau retrouvé. Dimitri Payet, lui, retrouve peu à peu son influence et sa justesse technique, loin de ses envies de départ passées. Enfin, les recrues se sont mis au diapason et apportent un surplus de combativité. Benedetto n’a pas mis longtemps à montrer à la France pourquoi l’OM l’avait attiré, et a déjà trouvé le chemin des filets à quatre reprises. Pourtant, jouer pour l’OM n’est pas toujours aisé. Le public incandescent du Vélodrome est très exigeant envers les joueurs qui ont l’honneur de défendre les couleurs phocéennes. L’amour du maillot est l’essence même du club, et aucun joueur ne passe au-dessus du blason étoilé. C’est cette exigence de ses propres supporters qui oblige chaque joueur à se surpasser et à se battre. Et c’est cette même exigence qui permet à l’OM de demeurer ambitieux.

Germain-Benedetto, une attaque qui marche et qui marque

Un calendrier favorable

Dimanche dernier, à Louis II, les Olympiens ont réalisé face à Monaco, sûrement leur match le plus abouti dans le jeu. Si le score paraît serré (4-3), le contenu fut bien plus séduisant. Encaissant rapidement deux buts contre le cours du jeu, l’OM a su garder son sang-froid et continuer à produire son jeu. Ainsi, c’est Benedetto et Germain qui ont permis à l’OM de recoller avant la mi-temps avant de marquer deux buts supplémentaires par Payet et Benedetto de nouveau. Malgré les quelques errements de la défense olympienne, le jeu proposé a été très séduisant. Le milieu marseillais a pris le pas sur son adversaire, grâce à la grosse activité de Dimitri Payet et Morgan Sanson. Les deux joueurs évoluant presque comme deux numéros 10, les transitions offensives ont été très tranchantes. Devant, Benedetto et germain ont su combiné à la perfection. Le français, aligné sur le flanc droit de l’attaque a été très précieux lorsqu’il rentrait dans l’axe. Il a démontré une nouvelle fois qu’il s’épanouissait beaucoup mieux dans une attaque à deux pointes.

Payet, le maestro de retour au top

Tant de points positifs qui laissent présager un futur radieux pour l’OM. Si l’intensité montrée lors des dernières journées perdure, Marseille s’imposera comme un candidat naturel à la course à la Ligue des Champions. Néanmoins, les vieux démons ne sont jamais loin. La défense paraît encore un peu tendre. Kamara devra confirmer sa bonne fin de saison dernière et Amavi devenir plus régulier défensivement. Une qualification en Ligue des Champions semble tout à fait envisageable pour l’OM au vu des performances de ses adversaires directs. Pour autant, rien n’est acquis mais l’espoir est permis. Les Olympiens devraient également profiter d’un calendrier épuré de compétitions européennes, que le manque de profondeur du banc aurait eu du mal à gérer. L’absence de Thauvin jusqu’à la mi-saison reste également une énigme. Germain a dépanné sur le flanc droit, mais ses qualités ne semblent pas correspondre à un poste d’ailier. Quant à Sarr, Villas Boas semble le préférer en latéral. Les prochaines journées livreront leurs lots d’enseignements sur le schéma tactique que les Olympiens adopteront.


Ainsi, l’OM paraît avoir retrouvé son âme et son jeu. Pour autant le manque de profondeur du banc et l’irrégularité de certains joueurs sont des zones d’incertitudes. Mais qu’en témoigne Jürgen Klopp, vainqueur de la Ligue des Champions avec Liverpool, ce n’est pas une somme d’individualité qui fait gagner mais un collectif. Espérons pour l’OM un destin aussi glorieux que celui du club de la Mersey. Et un “Champions Project” enfin lancé.

Cyprien Juilhard

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