Les phases de poules de l’Euro 2022 nous ont offert leur lot de satisfactions et de surprises, mais aussi de belles désillusions. Parmi ces dernières, on retrouve de grandes nations du football comme l’Italie ou la Norvège d’Ada Hegerberg. Retour sur trois équipes annoncées comme conquérantes, mais qui ont fini en bas du classement.
La Norvège : Silence ça coule
C’est LA sensation de ce début d’Euro : l’élimination de la bande à Hegerberg dès la phase de poule. Avec le retour de la numéro 14 et Ballon d’Or 2019, tout laissait présager une compétition sous les meilleurs auspices pour les quarts de finaliste de la dernière Coupe du monde. Pourtant, une victoire et deux défaites plus tard, c’est un aller simple pour Oslo qui attend les Norvégiennes, et à la clé la démission du sélectionneur Martin Sjogren.
Un tournoi qui avait commencé par une large victoire face à l’Irlande du Nord, dans un match ouvert et plaisant. La Norvège trouve rapidement le chemin des filets pour mener 2-0 dès le quart d’heure de jeu, et même 3-0 au bout de la première mi-temps. Les Nord-Irlandaises subissent de plein fouet le pressing agressif des Norvégiennes, supérieures dans tous les compartiments du jeu avec un système (4-2-3-1) qui leur permet de faire circuler rapidement le ballon d’un côté à l’autre du terrain, aussi bien verticalement qu’horizontalement, en période de construction offensive ou en jeu de transition. Tout ceci est rendu possible grâce au travail des ailières Eikeland et Reiten, bien plus rapides que leurs adversaires directes et avec un volume de course impressionnant.
Tout se gâte face à l’Angleterre. Un changement de système désastreux : adieu l’équilibre du 4-2-3-1, bonjour au très défensif 4-4-1-1. Un échec total 90 minutes plus tard, avec 8 buts encaissés dont 6 en une seule mi-temps. On peut le résumer ainsi : dix premières minutes dans la suite logique de l’intensité mise face aux Nord-Irlandaises, un penalty généreusement offert aux locales par le corps arbitral, puis le néant pendant 80 minutes, une forme de coma éveillé. Le premier changement et les premiers réajustements tactiques côté Norvège interviennent après la mi-temps alors que l’équipe est déjà menée 6-0, une faute professionnelle.
Face à l’Autriche, les Norvégiennes ont encore leur destin en main puisque si elles parviennent à s’imposer, elles seront qualifiées pour le tour suivant. Il n’en sera rien, l’humiliation subie face à l’Angleterre a impacté durablement les esprits des Norvégiennes, incapables d’ouvrir le score dans un match qui semble pourtant à leur portée et avec le retour du traditionnel 4-2-3-1. Les Drillos ne semblent pas en mesure d’enrayer la tragédie qui s’écrit au fur et à mesure que passent les minutes. L’Autriche, par l’entremise de la soulier d’or Allemande en 2019 Nicole Billa, punit les trop timides Norvégiennes d’une tête providentielle. Deux équipes, deux ambiances au coup de sifflet final ; une qualification presque inespérée en début de compétition, face à la détresse de celles qui devaient accéder plutôt facilement au tour suivant, voire au dernier carré de la compétition. La mythologie nordique tient son nouveau Ragnarok.
Le Danemark : trois petit matchs et puis s’en va
C’est la deuxième surprise de cette phase de poule : l’élimination prématurée des vice-championnes d’Europe 2017. Dans une poule comprenant l’Allemagne, l’Espagne et la Finlande, les Danoises semblaient en mesure de viser la qualification et a minima la seconde place.
Un jeu fade, résultat d’un certain marasme tactique lié à l’utilisation de la défense à trois, entraînant un sous nombre systématique lorsque le second rideau danois était transpercé par le jeu direct allemand. L’équipe ne parviendra jamais à emballer le jeu et les spectateurs.
Lors du premier match, les Danoises sont battues sèchement par une Allemagne revancharde sur le score de 4-0, score qui aurait pu être encore plus lourd, tant les occasions allemandes ont été nombreuses et souvent mal exploitées. Il n’y a rien à retirer de ce match côté danois : inoffensives, surclassées défensivement et des changements tactiques insipides.
Pour le deuxième match face à la Finlande, toutes les forces en présence sont réunies pour aller chercher l’espoir d’une qualif’. Et pourtant, la victoire fut difficile, par la plus petite des marges, grâce à Pernille Harder profitant d’un cafouillage dans la défense finlandaise. Beaucoup de difficultés dans le jeu, même si les Danoises sont plus dangereuses et dominatrices que les Finlandaises, mais trop d’approximations dans le dernier geste les empêchent de mener au score. Il faut toutefois saluer la grande performance de la gardienne finlandaise Korpela.
L’ultime match face à l’Espagne déterminera qui des deux nations obtiendra son billet pour les quarts-de-finale de la compétition. A cette occasion, le sélectionneur Lars Søndergaard remodèle son équipe mais conserve son système en 3-4-3. Sur le front de l’attaque, exit Nadia Nadim et Signe Bruun, remplacées respectivement par l’attaquante du Madrid CFF Rikke Madsen et la jeune Kathrine Kuhl. Veje, habituellement placée comme arrière gauche, monte un cran plus haut ; elle est remplacée à son poste par la joueuse d’Everton Rikke Sevecke. Holmgaard remplace au milieu de terrain une Troelsgaard éreintée. Les Danoises doivent à tout prix s’imposer alors qu’il suffit d’un simple match nul aux Espagnoles pour se qualifier. Les coéquipières de Pernille Harder ne verront pas le ballon du match, même si elles parviennent sur quelques récupérations de balle au milieu de terrain à se procurer des occasions intéressantes, permettant d’instiller le doute dans la tête des espagnoles. La logique finit par être respectée lorsque Caldentey à la 90eme minute dépose le ballon à Cardona, qui d’une tête décroisée vient crucifier le Danemark et offrir définitivement la seconde place du groupe à la Roja. Les Danoises peuvent rentrer à la maison avec des regrets, comme si elles n’avaient jamais pu mettre en place leur jeu : un goût d’inachevé pour une génération pourtant pleine de qualités.
L’Italie : désastre en terres anglaises
L’Italie n’avait qu’un objectif en tête cet été : égaler l’exploit de l’équipe masculine de l’été dernier et remporter un doublé historique pour une même nation. Pourtant, la Squadra Azzurra est totalement passée à côté de la compétition, enchaînant les performances décevantes. L’Euro a d’ailleurs terriblement commencé, une dure défaite face à la France (5-1), et un effectif italien bien en deçà du niveau de ses adversaires. S’en est suivi un match nul (1-1) face à l’Islande qui aurait pu donner de l’espoir si l’Italie n’avait pas ensuite perdu 1-0 face à la Belgique. On attendait plus pour une équipe qui finit dernière du classement de sa poule avec un total de deux buts inscrits dans l’ensemble de la compétition.
La défaite contre l’Équipe de France a fait du mal psychologiquement aux transalpines, malgré les changements tactiques avant le match face à l’Islande, avec notamment la titularisation de Piemonte qui avait réussi à se démarquer lors de son entrée en jeu du néant technico-tactique italien. Pour autant, le nul face à l’Islande relève du miracle, tant les Italiennes n’ont rien montré sur ce match. Les changements de seconde période ont permis de débloquer la situation, notamment l’entrée de Bonansea qui délivrera la passe décisive pour l’égalisation de Bergamaschi à la 62ème minute, laissant encore un mince espoir de qualification aux Azzurre.
Mais dure réalité qu’est celle du football. Les Belges, qui semblaient pourtant en début de compétition inférieures aux Italiennes, leur donnent une leçon footballistique en imposant leur vision du jeu et leur tempo. La Squadra Azzurra est dépassée par les évènements et s’incline certes par la plus petite des marges, mais prend la porte dès la phase de poule. Dire qu’on avait failli les mettre dans nos potentiels troubles fêtes…
Léna BERNARD et Lisa DAMIANO