L'actu

Le Mondial 2022 s’invite à Cannes

En plein cœur de l’année culturelle Qatar-France 2020, dont le déroulement a été mis à rude épreuve par la Covid-19, Caviar s’est rendu à Cannes pour y découvrir une exposition peu commune. C’est sur la Croisette, à deux pas du Palais des festivals, que nous avons découvert au sein de l’hôtel InterContinental Carlton les maquettes de huit des douze stades qui accueilleront la prochaine Coupe du monde de football masculin. Une visite commentée par Jad Aboukhater, directeur du Business development de l’établissement.


Rendez-vous en terrain connu

C’est au cours d’un mois d’août où la chaleur n’a d’égal que le bleu azur de la Méditerranée se dévoilant à l’horizon que Caviar pose ses valises à Cannes. Alors que la cité mondialement connue pour son festival cinématographique et ses établissements de luxe doit faire face à un calendrier chamboulé par la Covid-19, un événement culturel peu commun a néanmoins pris place dans un de ses hôtels les plus célèbres.

Théâtre de la première conférence de la Société des Nations en 1922, sa grande façade de pierre blanche et sa décoration art-déco sont emblématiques du style en vigueur au début de siècle dernier. Depuis plus de cent ans, le Carlton veille sur les visiteurs d’un jour comme sur les habitués d’une des plus célèbres promenades au monde. Rouvert depuis le 1er août après cinq mois de fermeture, sa longévité est perpétuée depuis 2014 par la société qatarie Katara Hospitality, propriétaire de dizaines d’établissements à travers le monde et gérée par le fonds souverain du Qatar. Une marque supplémentaire de la diversification des investissements du Royaume dans l’Hexagone, parmi d’autres achats emblématiques tel que le Paris-Saint-Germain dans le monde du football.

L’exposition se tient au Carlton, un établissement mondialement connu, détenu depuis 2014 par le fonds souverain du Qatar. ©IHG

Alors que la tenue de la Coupe du monde 2022 se profile, l’année culturelle Qatar-France 2020 tache de tenir, malgré le contexte sanitaire et économique actuel, ses ambitions. Celles de présenter, par la culture, le sport, les arts et le spectacle vivant, les diverses richesses du Royaume. Pour Jad Aboukhater, directeur du Business development du Carlton, “cette année culturelle marque l’opportunité pour le Qatar, qui est un petit pays en termes de taille, d’exposer sa culture et ses ambitions d’une nouvelle manière aux yeux de tous“. Aux investissements massifs consentis pour organiser un événement sportif global majeur, il s’agit également de présenter, de manière plus subtile, les coulisses de huit des douze stades réalisés ou rénovés pour l’hiver 2022.

Huit stades pour un bar

Programmée pour le 21 novembre 2022, cette vingt-deuxième édition de la Coupe du monde de football masculin n’est pour l’instant pas menacée par un report. Et le Qatar, dont l’équipe nationale participera pour la première fois au tournoi, y compte bien. Ainsi, le choix d’une telle exposition, de même que Cannes comme ville-hôte, ne doit rien au hasard comme l’a déclaré le 13 août dernier son excellence Sheikh Ali Bin Jassim Al-Thani, ambassadeur du Qatar en France et membre de la famille royale : “Avec ces lieux de fête, de gastronomie, de bien-être, de culture et de sports, Cannes est une ville en perpétuel renouvellement, mais aussi profondément authentique. Et c’est bien pour toutes ces raisons que nous avons choisi d’y exposer les maquettes des huit stades destinés à accueillir la Coupe du monde 2022“.

Après Paris, c’est dans la cité azuréenne que l’exposition a posé ses valises en août 2020 pour environ deux mois. Dans un lieu que l’ambassadeur du Qatar en France voit comme “porteur d’innovation, lié aux plus grands événements du monde“, il s’agit de donner une image positive afin d’attirer de potentiels futurs touristes.

Son excellence Sheikh Ali Bin Jassim Al-Thani présente le Lusail Stadium à Thomas de Pariente, adjoint au tourisme, aux relations internationales et à la culture de la mairie de Cannes. © DR

Car si Cannes “reflète à merveille notre enthousiasme, l’enthousiasme du Qatar, pour accueillir, pour la première fois au Moyen-Orient, une compétition d’une telle envergure” selon son excellence Sheikh Ali Bin Jassim Al-Thani, le Royaume ne doit pas seulement être vu aux quatre coins du monde. Bien que le comité organisateur table sur plus de trois milliards de téléspectateurs, il s’agit également d’en convaincre le plus possible de rallier Doha et les autres villes organisatrices afin de bénéficier de retombées directes sur place.

Caviar IV – “Indémodable” – Disponible dès maintenant

Alors que le déplacement de l’événement de l’été à l’hiver 2022, une première historique, est entériné, il nécessitera une organisation renouvelée pour les futurs spectateurs habitués à un calendrier estival. Plus encore, sa clôture un 21 décembre, une date marquant la fête nationale du Qatar, traduit un peu plus la montée en puissance de ce pays au sein d’instances internationales du football. Exposées dans le bar du Carlton, dont la rénovation prochaine a permis de disposer d’un espace conséquent pour accueillir cette exposition, ces maquettes en sont l’illustration concrète.

Le pari de donner une nouvelle image du Qatar par les stades

Jad Aboukhater, lui-même grand amateur de ballon rond, est amplement satisfait : “Cette exposition ouverte à tous bénéficie aussi bien aux clients de l’hôtel qu’à des visiteurs extérieurs. Et même si nous n’évaluons pas de retombées directes liées à sa tenue dans notre établissement, nous nous réjouissons d’une si belle opportunité de mettre en avant le football et la culture qatarie à Cannes. Cela est d’autant plus plaisant que cet événement très positif rompt avec les aspects plus négatifs de ces derniers mois liés à l’épidémie de Covid-19“, poursuit le directeur du Business development du Carlton.

Avec une finition digne du Fenomeno Ronaldo à ses plus belles heures, les différentes maquettes ont pour ambition de dévoiler diverses facettes du pays aux yeux du visiteur. “Chaque stade se veut être le reflet d’une partie de l’histoire, de la culture, comme des enjeux du Qatar“, ajoute Jad Aboukhater. Une perspective développée malgré les multiples polémiques qui ont émaillées la construction de plusieurs stades de la prochaine Coupe du monde de football masculin.

Ainsi, le stade Lusail, plus grande structure de la compétition avec ses 80 000 places, se veut être l’incarnation de “l’ambition et de la passion du Qatar pour le partage de la culture arabe avec le monde, avec des motifs rappelant les vases trouvés dans le monde arabe ainsi que des jeux d’ombre et de lumière” selon les organisateurs de l’exposition. Dans sa continuité, le stade Al Janoub, situé dans la cité portuaire d’Al Wakrah, “s’inspire dans sa construction des bateaux de boutre traditionnels locaux“.

Le stade Al Janoub d’Al Wakrah accueillera sept matchs dont un huitième de finale. ©DR

Mais alors que l’une des polémiques les plus vives concerne la climatisation des stades, l’exposition tente de mettre en avant le caractère durable de la conception de certaines de ces structures. La plus emblématique est le stade Ras Abu Aboud de Doha. Et pour cause, ses 40 000 places reposent sur des conteneurs maritimes recyclés pour l’occasion, des sièges amovibles ainsi que de blocs de construction modulaires.

Avec pour objectif à la fin du tournoi de démonter entièrement la structure et de pouvoir la reconstruire au Qatar ou ailleurs, “dans d’autres projets sportifs ou non sportifs“, selon le comité organisateur de l’exposition. Et d’ajouter : “Cela établit une nouvelle norme en matière de développement durable en introduisant de nouvelles idées audacieuses dans le domaine de la planification de l’héritage des tournois“.

De cette exposition temporairement cannoise à la prochaine Coupe du monde de football masculin, le Qatar continue ainsi de diversifier ses actions et ses investissements. Avec l’ambition de légitimer un peu plus sa place sur la scène internationale comme d’accroire son soft-power dans la décennie à venir, malgré un contexte où perdurent les tensions avec ses voisins tandis que se poursuit la pandémie de Covid-19. Le Qatar parviendra-t-il à relever les défis géopolitique, économique, social, sanitaire mais aussi environnemental entourant l’organisation de sa Coupe du monde ? Réponse dans deux ans.

Thibaut Keutchayan

0