Julien Brellier, vainqueur de la coupe d'Ecosse en 2006, avec sa fille.
Julien Brellier, vainqueur de la coupe d'Ecosse en 2006, avec sa fille. ©Edinburgh Evening News
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Julien Brellier : “En termes de cartons, je n’ai rien à envier à Gattuso”

De l’Inter Milan des Ronaldo et autres Bobo Vieri à Montpellier, en passant par Edimbourg ou Sion, Julien Brellier a connu dix années de carrière foisonnante, sans jamais se tenir trop éloigné de ses Alpes natales. De retour sur ses terres grenobloises, c’est une ode à la vie simple et vraie que distille le rugueux milieu défensif. Portrait d’un amoureux des duels à l’écossaise et de la tactique à l’italienne.


Discret dans les médias, Julien Brellier l’était bien moins sur les terrains. Durant une heure, à l’autre bout du fil, ce dernier a néanmoins accepté de revenir avec lucidité sur sa carrière pro et celle, vivace, dans le football amateur pour le Cav’. Et si le Veurois, gentilé du village gardant un pied du Vercors situé à quelques lieues de Grenoble, tape encore dans le ballon, c’est bien parce que le foot loin du feu des projecteurs lui a permis de retrouver toutes ses sensations. Avec un grand-père président de club et un père entraineur, le week-end est, très tôt, synonyme de ballon rond pour le jeune Julien Brellier. Natif d’Echirolles, dans la banlieue sud de Grenoble, le futur milieu de terrain défensif peaufine son jeu au point de rapidement attirer l’œil du club fanion, l’Olympique Grenoble Isère, aujourd’hui plus connu sous le nom de GF38.

C’est à Hearts que Julien Brellier hérite du surnom “Le Juge”. ©DR.

Passé du petit club local de Verey aux pupilles grenobloises, son avenir parait limité dans le principal club du coin. « A l’époque, Grenoble n’avait pas grand chose à proposer, cela d’autant plus que l’équipe première oscillait entre le National 1 et la CFA. Il était fréquent que les joueurs du cru soient repérés et aillent signer ailleurs ». A 14 ans, sollicité par plusieurs clubs, Julien Brellier franchit le pas et quitte une première fois les Alpes pour la Méditerranée, direction Montpellier, qui joue alors en D1. « J’ai signé au MHSC sur un coup de cœur, à la fois pour le club mais aussi pour la ville, son environnement. J’étais jeune mais j’avais la chance de ne pas être seul. Mon frère a lui aussi signé là-bas ». Soutenu par ses proches, il laisse à Grenoble sa jeune sœur fraichement venue au monde, et apprécie sa nouvelle vie. « A Montpellier, j’étais bien encadré, on vivait même dans un pensionnat tenu par des bonnes sœurs. Le club était moins professionnel, notamment en termes d’infrastructures, que ce qu’il peut être aujourd’hui, mais plus que le manque de ma famille, l’excitation a fait son œuvre et je m’y suis vite adapté. J’ai toujours eu la confiance de tous mes entraineurs ».

Loin des centres de formation ultra-modernes d’aujourd’hui, où les jeunes passent parfois l’intégralité de leur journée sur les infras de l’institution, stylo en main comme balle au pied, le quotidien de Julien Brellier est rythmé par les entrainements où la tactique, le sens du jeu, le mental et le physique constituent ses points forts, compensant notamment une vitesse plus limitée. Fréquemment capitaine, le natif d’Echirolles a du caractère et s’impose, au point d’atteindre l’Equipe de France, aussi bien chez les U15 que chez les U17.

« A Montpellier, j’étais bien encadré, on vivait même dans un pensionnat tenu par des bonnes sœurs »

Juelien Brellier

Dans le club de Loulou Nicollin, le jeune Julien Brellier s’éclate : « C’était vraiment les meilleures années de ma vie. Je me suis rapidement imaginé footballeur professionnel. Dans ma tête, je savais ce que j’allais faire, je n’avais même pas prévu de plan B. On peut même dire que je n’avais pas d’autre plan de jeu, seulement celui de réussir, même si j’ai mis les études de côté ». Si ses qualités sur et en dehors des terrains ne conviennent pas toujours à la direction du centre de formation comme elles plaisent à ses entraineurs, le jeune milieu de terrain défensif parvient à nouveau à attirer l’œil des recruteurs. Alors que l’équipe première du MHSC descend en D2, le numéro 6 est serein. « Avec l’équipe de France -17 ans, il y avait au moins un recruteur étranger à chaque match, de même qu’avec les équipes de jeunes de Montpellier. J’avais déjà un agent en 1998, Christophe Mongai, qui a d’ailleurs dirigé de grands noms par la suite [Bacary Sagna, Frédéric Kanouté, Mémo Ochoa entre autres, ndlr]. Et il m’a pas mal pressé pour signer à l’Inter Milan, une aubaine puisque c’était également mon choix. »

Même s’il joue avec la CFA du MHSC à quelques reprises dès l’âge de 15 ans, Julien Brellier considère qu’il a bien fait de partir. « Je n’ai pas hésité longtemps, j’avais l’impression d’avoir fait le tour de la question à Montpellier. Le club a mis du temps à se manifester et m’a proposé un contrat espoir, la meilleure possibilité pour mon âge. Mais, bien plus que l’argent, c’est le nom, le prestige et la possibilité de côtoyer des joueurs tels que Ronaldo qui m’ont orienté vers l’Inter. » Le début d’une aventure transalpine qui va durer cinq ans.

De la Campanie à la Lombardie, cinq ans à taper le ballon dans la Botte

Dans l’Hérault, Brellier laisse des camarades du centre comme Laurent Pionnier et Habib Bamogo faire les belles heures du club. Et à Milan, l’ambiance est tout autre. D’emblée, la nouvelle recrue parvient à s’entrainer dès la présaison avec l’équipe première. Et y côtoyer de sacrés clients. « A seulement 18 ans, je ne m’en rendais pas bien compte. S’entrainer avec Andrea Pirlo, Benoit Cauet et Clarence Seedorf, rien qu’au milieu de terrain, était énorme, mais c’était bien l’insouciance qui prenait le dessus ». Par sa technique, sa disponibilité et, plus largement, ses performances à l’entrainement, c’est le milieu batave qui a le plus impressionné le jeune Français. Et puis, il y avait Ronaldo. « Un homme vraiment très sympa, pour le peu que j’ai pu faire avec lui. Il avait subi de graves blessures, on ne pouvait pas le toucher à l’entrainement, il coûtait cher en assurances [rires]. Je ne l’ai jamais vu à son meilleur niveau, en plus, ce n’était pas le genre de joueur à beaucoup s’entrainer non plus ».

Sous la direction de Marcello Lippi, Brellier multiplie les entrainements avec les pros mais joue avec la Primavera. S’ils ne côtoient pas les mêmes vestiaires, celui-ci se souvient : « On ne devient pas forcément ami avec les joueurs pros, mais, pour autant, aucun n’a mis les jeunes joueurs en difficulté. Après, le problème est que Lippi a vite été remplacé par Marco Tardelli car l’équipe ne tournait pas bien en Serie A ». Or, l’ancienne idole de la Juventus, qui sort d’une expérience de deux ans avec les Espoirs italiens, ne compte pas forcément sur les jeunes. Brellier ne joue pas, mais bénéficie du soutien de Benoit Cauet. Se décrivant lui-même de nature solitaire, il se souvient que le milieu de terrain tricolore « avait été très sympa, toujours avec un petit mot pour nous conseiller ». Tout l’inverse de Laurent Blanc. Le champion du monde est alors à l’automne de sa carrière. « Je ne sais pas si c’est parce que je venais de Montpellier, un club auquel il est attaché, et que je n’y ai pas signé pro… mais c’était aussi son caractère », suppose Brellier avec du recul.

Inter de Milan 2000 2001
En 2000, Julien Brellier (en haut à droite) côtoie diverses stars à l’Inter, de Ronaldo (en haut, au centre) à Seedorf (en bas, au centre). ©Wikipédia

A Milan, le jeune joueur est en colocation avec un autre natif d’Echirolles, lui aussi du cru 1982, Stéphane Biakolo, et est le voisin d’Anthar Yahia. Restant souvent entre eux, Brellier tarde à se mettre à l’italien, une langue qu’il maitrise aujourd’hui parfaitement et qu’il utilise au quotidien dans sa nouvelle vie pro. Et il doit aussi rapidement faire ses valises. Les partenariats des cadors de la Botte avec des clubs de Serie B et C permettent à des jeunes joueurs de partir en prêt. Julien Brellier ne souhaite pour autant pas aller trop loin de Milan et débarque à Lecco, une bourgade au bord du lac de Côme, bordant les Alpes, et principalement connue pour son campanile de 96 mètres. Un cadre idéal. « Lecco est une très belle ville, la vie n’y est pas désagréable, toujours en continuité avec mes Alpes natales ». En revanche, côté terrain, c’est la saison blanche. Et le joueur, franc du collier, garde un souvenir amer d’un certain Roberto Donadoni, le mister de l’époque. « A chaque fois, j’allais dans son bureau et il me disait que j’avais le niveau. Pourtant, je n’ai jamais joué. En plus, la ligue italienne avait changé ses textes : on passait de l’obligation de mettre au moins un jeune titulaire et un jeune sur le banc à la seule contrainte d’avoir trois jeunes sur la touche. J’ai donc ciré le banc, ça m’a appris à serrer les dents ».

« En fait, je ne suis pas un mordu de foot, […]. J’aime faire autre chose, notamment lire, mais aussi faire du tourisme. Après mes 18 ans, je n’ai jamais été voir un match ! »

Julien Brellier

Touché mais loin d’être coulé, le joueur s’engage dans un nouveau prêt, cette fois-ci à Legnano. Pas d’obligation de faire jouer les plus gros salaires en priorité comme à Lecco, et un club familial qui lui ressemble bien, la mayonnaise prend et Brellier y fait même une belle rencontre : Angelo Gregucci. L’ancien défenseur de la Lazio, qui sera plus tard à plusieurs reprises dans les staffs de Roberto Mancini à Man City, l’Inter et la Nazionale, y fait ses gammes d’entraineur. Le joueur s’entend si bien avec son coach qu’après une saison pleine, il le suit à Venezia, en Serie B. « Je n’avais pas de chance de m’imposer à l’Inter et plusieurs touches dans des divisions inférieures, mais j’ai choisi de suivre Gregucci à Venise. Une super expérience dans une ville qui l’est tout autant, même si c’est plus compliqué sur le terrain : on se sauve lors de barrages contre Bari et je marque lors du match retour, l’un des cinq buts de ma carrière ! »

A Ibrox Park, un jour de novembre 2006. face aux Glasgow Rangers de Nacho Novo. ©Getty Images

Le milieu défensif confie avoir fait du cadre dans lequel il évolue un élément déterminant. Pas question d’aller n’importe où : « J’ai toujours vécu dans des endroits sympas, même si à Venise, on jouait à Mestre, sur la terre ferme [rires]. En fait, je ne suis pas un mordu de foot, j’adore jouer, mais je ne vais pas regarder des matchs à la télé ou lire la presse spécialisée. J’aime faire autre chose, notamment lire, mais aussi faire du tourisme. Après mes 18 ans, je n’ai jamais été voir un match ! » Après sa saison vénitienne, Brellier suit (encore) Gregucci pour une courte pige à Salerne, toujours en Serie B, puis vient le temps de dire adieu à l’Italie, après cinq années passées dans le pays.

De l’Italie à l’Ecosse, deux footballs, toujours passionnés

Si la Botte compte de nombreux amoureux de la tactique (y compris chez Caviar), elle a aussi de nombreux travers, comme le rappelle Julien Brellier : « J’étais en Italie à une époque où ça ne payait pas bien, or il fallait courir après les salaires, notamment à Lecco et à la Salernitana, et c’était fatiguant de n’être payé que six mois par an. » C’est aussi la manière d’appréhender le football qui incite le joueur à changer de crèmerie : « Les mises au vert devenaient lassantes également, nous étions tout le temps à l’hôtel, à préparer le prochain match durant une semaine ! » Le joueur décide alors de traverser le Channel. Et, après avoir failli signer au Derby County de George Burley, Brellier suit ce dernier en Ecosse, à Edimbourg, où il passe avec succès les tests pour rejoindre Heart ff Midlothian. « C’était une vraie découverte que de passer de Salerne à l’Ecosse. J’ai vraiment eu un grand coup de cœur pour ce territoire, la ville, la culture, le fait que les fans soient présents au stade une heure trente avant le coup d’envoi, mais aussi des distances restreintes entre les clubs, et enfin un style de jeu mettant en valeur ma puissance physique et mes tacles. »

Brellier était aussi habile au ratissage qu’à la construction du jeu.

Le milieu défensif y acquiert le surnom du « Juge », pour « ma rigueur sur le terrain et mon côté impitoyable », selon Brellier, qui cumule bien plus de cartons que de buts durant sa carrière. « De ce point de vue, je n’avais rien à envier à Gattuso », plaisante le joueur. Et sur le carré vert, la saison est faste, avec une deuxième place et surtout, une victoire en coupe d’Ecosse, la première ligne de son palmarès. « On fleurte avec le Nirvana cette saison-là, on finit un point devant les Rangers, on manque de peu la qualification pour la phase de poule de la Ligue des Champions, c’était énorme. » Le Frenchie explique ce succès par « une bonne mixité entre une solide colonne vertébrale faite d’internationaux écossais et un recrutement plutôt chanceux. En plus, on commence avec dix victoires d’affilé en championnat, c’est dire ». En coulisses en revanche, c’est aussi la première rencontre entre Brellier et des présidents truculents, ici le Russo-lituanien Vladimir Romanov. Malgré le succès de George Burley, ce dernier est limogé sans ménagement au bout de quelques mois.

« De mon côté, je refuse un nouveau contrat de cinq ans à Hearts car je ne m’entends pas avec le président. Et là, je voulais prendre le temps de regarder les offres quand un ancien entraineur, désormais à Norwich City, me propose de venir visiter les installations du club ». Dans l’impasse à Hearts après une deuxième saison complexifiée par son président d’alors, le joueur saute sur l’occasion et laisse derrière lui, en 2007, « une ambiance fabuleuse, dans la victoire comme dans la défaite. Nos rivaux, Hibernian, étaient talentueux et la passion était moins violente qu’à Glasgow. Même si ce n’était pas le duel Celtic-Rangers, nous n’allions quand même pas trainer dans le quartier d’Hibernian ».

« Mes performances n’y étaient vraiment pas. Le footballeur n’est pas un robot, le mental joue énormément, c’est pour ça que les grands clubs font toujours tout pour que leurs joueurs se sentent bien. »

Julien Brellier, à propos de son passage à Norwich City (2007)

Direction l’Angleterre et le Championship après deux saisons à Hearts. Néanmoins, l’expérience tourne court, l’entretien prend un ton plus grave. « Je signe un bon contrat, avec un objectif de stabilité. Norwich avait des installations magnifiques, mais l’équipe n’a jamais pris. Et sur un plan personnel, c’était plus compliqué. J’étais séparé de ma compagne et je ne voyais plus ma fille. En plus, la ville n’était pas la plus belle de l’Angleterre, ce fut six mois très longs. Mes performances n’étaient vraiment pas là. Le footballeur n’est pas un robot, le mental joue énormément, c’est pour ça que les grands clubs font toujours tout pour que leurs joueurs se sentent bien. »

Lors de l’hiver 2008, l’Isérois change d’agent, le troisième de sa carrière après Mongai et « un Italien qui m’a permis d’aller en Ecosse mais n’avait pas assez de connaissance sur le football anglo-saxon », en la personne de Jean-Marie Cantona, frère d’Eric et négociateur de nombreux contrats à MU de son frangin. Mais Brellier, déjà rentré à plusieurs reprises à Grenoble pour voir sa fille, ne reste pas outre-Manche et prend la direction de la Suisse pour retrouver ses Alpes natales. Le joueur pose ses valises au FC Sion, et fait la connaissance d’un autre président connu pour son caractère bien trempé, Christian Constantin. « C’était idéal pour moi, je signais un contrat de cinq ans et je me rapprochais de ma famille », explique le milieu défensif.

Julien Brellier, à la lutte avec Jonathan Walters à Carrow Road, lors de ses six mois à Norwich, le 4 novembre 2007 (2-2). ©Getty Images

Du Valais à l’Isère, fin de l’itinéraire

Julien Brellier garde un souvenir dual du président du club valaisan : « Constantin est un personnage sympathique, mais sa manière de gérer est compliquée et peu compatible avec le foot pro : virer un entraineur à la mi-temps et prendre le relai au cours du match, venir faire un entrainement en costard, programmer une séance à 6h du matin pour montrer ce que c’est d’aller à l’usine… j’ai des anecdotes sur lui à la pelle, je pourrais en écrire un livre ». Et comme avec Romanov, les relations finissent par se tendre. « C’est une personnalité sulfureuse de la Suisse romande, il paie bien, fait toujours venir des noms. Mais les installations, c’est dans son hôtel personnel. J’ai connu six entraineurs en deux ans, dont lui-même, qui s’autoproclame le Bernard Tapie local, alors que même ce dernier m’a paru un peu meilleur dans sa gestion humaine. Je garde quand même une certaine admiration pour l’homme, reconnu en Suisse, mais je n’aimerais pas être à sa place. »

Plus de 10 ans après sa retraite, Julien Brellier a laissé de bons souvenirs chez les supporters de Hearts.

Et sur le terrain, la situation n’est guère meilleure pour le joueur. Il remporte la Coupe de Suisse, mais la saveur n’est pas la même qu’avec Hearts. « Sion a une grosse histoire avec la Coupe de Suisse, à l’époque on ne connaissait pas une seule défaite en finale [depuis, le club a connu sa première déconvenue en 2017, pour 13 victoires en 14 finales, ndlr]. De plus, je n’y ai pas pris part, j’ai joué jusqu’en quarts puis j’ai disparu des radars, pas comme en Ecosse où j’ai disputé tous les matchs. En Suisse, je n’ai même pas pris part aux festivités. Je n’ai pas forcément de tendresse pour cette ligne de palmarès. » Entre une brouille avec l’entraineur d’alors, Didier Tholot, et un licenciement par Christian Constantin, l’aventure tourne au vinaigre. « Je ne suis pas le seul, Constantin licencie 5 joueurs en même temps, mais je suis têtu, il a vu à qui il avait affaire. C’est sa manière de fonctionner, au lieu de trouver un accord et de me prêter par exemple, il n’a pas voulu s’assoir autour d’une table pour discuter. En plus, il me licencie un 4 février 2010, juste après le mercato hivernal ».

Difficile alors de retrouver un club, même si une touche en National du côté de Gap, dans les Hautes-Alpes, n’aboutit pas. Malgré la proximité avec son Dauphiné, « je n’avais pas envie de faire mes valises pour un endroit qui ne me plaisait pas. Plus encore, après dix ans de professionnalisme, j’avais tout simplement envie de dire stop ». Le voilà à l’AC Seyssinet, de retour dans la banlieue grenobloise, en septième division. Un changement brutal qui ne doit rien au hasard. « Mon cousin jouait la bas, ça s’est fait naturellement. En plus, on fait une belle épopée en coupe de France en 2011, puisqu’on perd contre Chambéry au neuvième tour. » Le club savoyard sera la sensation de cette édition avec trois victoires contre trois clubs de Ligue 1, une première, et une défaite en quart au Stade des Alpes, contre le SCO Angers (0-3). Vient également la question de la reconversion pour Julien Brellier, qu’il souhaite associer à une valeur qu’il affectionne : la liberté. Le voilà de nouveau dans l’Hérault, à l’AS Fabrègues, où il évolue deux saisons (2011-2013) après le coup de fil d’un ami. Il se lance même dans la restauration. « Je me retrouve à prendre un établissement au Cap-d’Agde, dans un camping naturiste [rires]. Ce fut une super expérience, mes débuts avec la vraie vie. Malheureusement, ça n’a tenu que deux ans et j’ai eu besoin de revenir à mes racines ».

C’est donc à Noyarey, où son frère Grégory, le même avec qui il était parti près de vingt ans plus tôt à Montpellier, tape la balle, que Julien Brellier pose ses valises. Sans regrets. « A Fabrègues, en DH, j’ai vraiment retrouvé le plaisir de jouer. Je m’y suis lié avec plein de gens biens. Une fois que j’avais annoncé à mon père que j’arrêtais, je n’avais aucune envie de changer d’avis, aujourd’hui encore, être pro ne me manque pas. Je suis assez content de ma carrière, étant donné que je n’étais pas le plus assidu à l’entrainement, mais je n’étais pas un passionné. C’est pour ça que l’Ecosse m’a bien convenu, avec des entrainements d’une heure, courts. Alors qu’en Italie, dès le début de saison, tu courrais comme un âne, multipliais les entrainements tactiques sans ballon, c’était horrible. Tout ça me pesait, même si j’ai adoré y vivre pendant cinq ans, et même si, tactiquement parlant, c’était génial pour mettre à profit mes qualités. »

Julien Brellier n’aura d’ailleurs pas joué au niveau professionnel dans l’Hexagone : « Ca ne m’a jamais excité de rejouer en France, même j’ai eu une touche avec Le Havre, quand j’étais à Hearts, mais ça ne m’a pas botté. » A Noyarey, le milieu défensif noue de belles amitiés, notamment avec l’entraineur Julien Hairabédian, « et en plus, il y a encore moins d’entrainements là-bas, alors ça me va très bien », s’amuse-t-il. Le football pro semble aujourd’hui bien loin, même si, pour son nouvea travail, le milieu défensif continue de voyager régulièrement et met à profit ses compétences en italien. « Ce milieu est ce qu’il est et ne m’attire pas plus que ça. Néanmoins, si je devais conseiller le jeune joueur que j’étais, je me dirais bien d’être un peu plus sérieux, mais ça n’aurait pas été moi. Je ne regrette rien, j’ai toujours essayé de laisser de bons souvenirs en tant que personne, au mieux en tant que footballeur. Il y a toujours un bon côté au football, même à Sion. J’ai voyagé, j’ai gagné ma vie mais j’ai peu vu ma fille, il était temps que ça s’arrête pour moi. Si je me retourne, je n’ai que de l’affection pour ma carrière. J’ai vécu de bonnes choses, des moins bien, cela s’appelle la vie. »

Thibaut Keutchayan

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