Common Goal
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Common Goal : un pour tous, tous pour un

Oui, les footballeurs gagnent beaucoup d’argent. Ce qui ne les empêche pas de garder le sens des réalités. Les exemples foisonnent : des hôpitaux, des écoles et de nombreuses autres infrastructures ont déjà vu le jour à l’initiative de stars du ballon rond. Juan Mata a lui aussi voulu agir pour aider les plus modestes, raison pour laquelle il a créé Common Goal. Une fondation gérée par l’ONG Street Football World et destinée à distribuer des fonds à différentes œuvres caritatives aux quatre coins de la planète. L’Espagnol reverse ainsi 1% de son salaire – environ 80 000 euros par an. Un petit geste au niveau individuel, mais de grandes répercussions pour les associations qui bénéficient des dons.


Au moment de l’annonce du projet en août 2017, le numéro 8 de Manchester United s’adresse à la planète football. Après l’appel du Grand Charles, ce fut celui du petit Juan : « Aujourd’hui, j’initie quelque chose qui, j’espère, aidera à changer le monde. Et j’espère que d’autres footballeurs m’aideront dans cet objectif. […] Je réfléchissais à tout ce que le football m’a donné. Je savais à quel point j’étais chanceux de bénéficier des opportunités que j’ai eues – et que tout le monde n’a pas une famille comme la mienne. Même si je me suis engagé avec des œuvres de charité avant, je savais que je voulais faire quelque chose de plus. Je veux m’assurer que d’autres enfants aient les mêmes chances ».

Joueurs, joueuses et entraîneurs mobilisés

L’argent récolté bénéficie à de nombreuses causes : consolidation de la paix en Colombie, intégration des réfugiés en Allemagne, sensibilisation au VIH au Nigéria, lutte contre le chômage des jeunes au Royaume-Uni, accompagnement de la communauté LGBTQ+ en Amérique du Nord et à Haïti… Tous ces projets obtiennent un coup de pouce non négligeable, et ce d’autant plus que Common Goal grandit petit à petit grâce à l’allongement de la liste des contributeurs – l’Ecossaise Caroline Weir est devenue la 150e membre du mouvement le 5 mai dernier. Des contributeurs issus d’une quarantaine de pays différents, des Etats-Unis au Kenya, en passant par le Lesotho, les Îles Féroé et le Nicaragua.

Le champion du monde Mats Hummels (Dortmund) et Giorgio Chiellini (Juventus) ont été parmi les premiers à adhérer. Ont suivi Shinji Kagawa (Dortmund), Serge Gnabry (Bayern) et Kasper Schmeichel (Leicester), entre autres. Des stars donc, mais pas que. L’international andorran Ildefons Lima (Escaldes) a sauté le pas, comme Dennis Aogo (Hanovre), qui a décidé de reverser 2% de son salaire. Une soixantaine de femmes s’est également engagée en faveur du projet. Parmi elles, les championnes du monde américaines Alex Morgan et Megan Rapinoe mais aussi des joueuses aux CV et revenus plus modestes telles que la Française Méline Gérard (Betis Séville) ou la Macédonienne Natasa Andonova (Levante). Ouverte à l’ensemble du milieu du football, cette initiative a aussi attiré Julian Nagelsmann, l’entraîneur du RB Leipzig, ainsi que Jürgen Klopp. Le coach de Liverpool avait profité de la cérémonie The Best pour annoncer qu’il rejoignait le mouvement et appeler lui aussi à la mobilisation.

« Il en tient de notre responsabilité de donner quelque chose à des enfants qui ont juste besoin d’une chance dans la vie »

Tels étaient les mots du technicien allemand sur The Players’ Tribune : « Le football m’a tout donné mais je veux vraiment donner plus en retour au monde. Facile à dire, je sais. Mais comment peut-on vraiment se différencier ? Ces dernières années, j’ai été vraiment inspiré en voyant Juan Mata, Mats Hummels, Megan Rapinoe et d’autres footballeurs rejoindre l’organisation Common Goal. C’est pour cela que je verse 1% de mon salaire annuel à Common Goal, et j’espère que beaucoup, beaucoup d’autres personnes du monde du football me rejoindront. Il en tient de notre responsabilité, en tant que personnes privilégiées, de donner quelque chose à des enfants de la terre entière qui ont juste besoin d’une chance dans la vie. Il devrait y avoir une autre raison d’être dans ce sport que les recettes et les trophées, non ? Pensez juste à ce que nous pouvons réussir si nous nous unissons et donnons 1% de nos revenus pour changer positivement le monde. »

Le mois dernier, Common Goal a créé un Fonds spécial pour répondre à la crise du Covid-19, « en accordant une attention particulière aux jeunes défavorisés dans les communautés démunies et dans les contextes humanitaires et de conflit ». Une situation sanitaire qui doit inciter à davantage de collaboration et de coordination, estime Jürgen Griesbeck, la deuxième figure de proue du mouvement : « Le coronavirus a clairement montré que si nous ne répondons pas aux multiples menaces auxquelles l’humanité est confrontée de manière honnête, ouverte et collective, il sera très difficile de relever ces défis. Le football peut jouer un rôle de premier plan en respectant l’essence même du jeu collectif et en entraînant avec lui tous ceux qui aiment le football. Le meilleur moyen pour les joueurs, les managers et les autres leaders de l’industrie de créer un impact positif sur le monde grâce au football est d’agir en équipe ».

Common Goal s’adressant au monde du ballon rond au sens large, la liste de ses soutiens comporte également le président de l’UEFA Aleksander Ceferin, le youtubeur Vinsky et l’ancien international français Eric Cantona. De même, le club danois de Nordsjælland reverse 1% de sa billetterie depuis mai 2018. Le mouvement dispose également des partenaires comme EA Sports, One Football, Facebook ou encore Banco Santander. Au total, plus d’un million d’euros a déjà été récolté depuis août 2017. Et les compteurs devraient continuer d’augmenter. Juan Mata, encore lui, a annoncé en septembre que 99% de l’argent tiré de la vente de son autobiographie, « Suddenly A Footballer : My Story », reviendrait à Common Goal. L’Espagnol Alberto Prada, qui joue pour le SK Vorwärts Steyr, en Autriche, résume parfaitement l’idée derrière ce projet : « Le monde du football a beaucoup d’impact et de pouvoir. Nous devons l’utiliser pour créer une grande communauté pour aider les gens qui en ont le plus besoin ». Qui a dit que les footballeurs étaient égoïstes ?

Quentin Ballue

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