Chaleur pesante, supporters déchaînés, costumes noirs et tapis rouge… on a vécu de l’intérieur l’édition 2022 des Trophées UNFP
Le football français a célébré la 30e cérémonie des Trophées UNFP, qui récompense les performances individuelles de la saison, non loin des Champs-Elysées dimanche soir. Un rassemblement de fans en folie et de stars de ballon rond, sous une chaleur pesante, où Caviar Magazine a pu s’inviter en coulisses.
L’atmosphère est chaude en cette fin d’après-midi à Paris. La grande avenue des Champs-Elysées bourdonne d’activités et de touristes. A quelques pas de là, à l’ombre de la rue Gabriel, les préparatifs pour la cérémonie des Trophées UNFP 2022 battent leur plein. Autour du Pavillon Gabriel, qui doit accueillir les festivités, c’est ballet de camions, de projecteurs et d’agents. Le tapis rouge vient d’être déroulé, et son riche éclat attire tous les regards. A trois heures du début de la cérémonie, plusieurs dizaines de supporters sont déjà massés de part et d’autre de la majestueuse entrée. Ils sont arrivés tôt, pour trouver une bonne place, dans l’espoir de voir une idole, échanger un regard, peut-être, en rêvant, faire signer un maillot.
Pour patienter, ça discute, ça pronostique. Une bande de potes se lance dans le jeu des ressemblances. Une chevelure longue et bouclée à l’horizon ? “Oh c’est Guendouzi, je savais pas qu’il était là ce soir !”. Un groupe d’enfants aperçoit un journaliste avec un micro “El Chiringuito”, la célèbre émission espagnole qui fait un carton sur les réseaux sociaux. “Eh Chiringutio, un autographo s’il vous plaît !”. Petits bouts de papiers écrabouillés à l’appui. Avant de se lancer dans le fameux compte à rebours dont l’émission a le secret : “tic-tic, tic-tac, tic-tac”. Amusé, le journaliste répond par un sourire, un rapide signe de la main. Il n’en revient pas trop : “Je ne savais pas qu’on touchait des petits aussi jeunes en dehors de chez nous.”
Chaleur et vertiges
Chez les supporters, passer le temps, c’est se plaindre de la chaleur, aussi. “Allez faudrait se dépêcher, il fait chaud !” s’exclame un jeune homme, maillot de Messi sur les épaules, à peine 18 heures passées. Une maman rattrape ses deux enfants pour les badigeonner de crème solaire, et enfoncer deux casquettes grises sur leurs petites têtes blondes. Dans le petit groupe juste derrière, les brumisateurs circulent pour tenter de rafraîchir tout le monde. “Eh, on est venu bien préparé”, glisse malicieusement l’un d’entre eux. Après le sport, c’est bien la météo qui s’impose comme le grand sujet de la soirée. Sur le tapis rouge, plusieurs invités toucheront un mot de cette chaleur ambiante avant de poser devant les photographes.
Des invités qui n’intéressent pas tous les supporters. Il faut dire que le public a son héros tout trouvé, évidemment, Kylian Mbappé, qui d’autre. Son nom va rythmer toute la soirée, bien avant son arrivée, et encore après son départ. Mais il n’est pas le seul que les supporters attendent. Devant le Pavillon Gabriel, 90 enfants venus d’Argenteuil et de Sartrouville espèrent aussi le passage de Karim Benzema, candidat plus que sérieux au prix de meilleur joueur évoluant à l’étranger. Son Real affronte au même moment Cadix en Liga, mais il a été laissé au repos, de quoi nourrir tous les espoirs. “Je te jure, il a demandé à pas jouer pour venir”, assure un jeune garçon à son copain, vêtu d’un maillot madrilène numéro 95. Finalement, le “nueve” ne se présentera pas, et partagera son émotion et ses remerciements par le biais d’une pastille vidéo.
Défilé de costumes
Pour ceux qui sont bel et bien présents, le public fait son choix. Le Rennais Martin Terrier, parmi les premiers arrivés, reçoit une belle ovation, en forme d’hommage après la victoire bretonne face à l’Olympique de Marseille lors du multiplex de la 37e journée samedi soir. Adil Rami est accueilli à grands cris de “champions du monde”. Tout sourire, Ronaldinho fait chavirer la foule acquise à sa cause. L’accueil est un peu plus houleux pour le Lyonnais Lucas Paqueta, et surtout Dimitri Payet, assez chahuté (“attention à la bouteille”). Djibril Cissé, lui fait, le show, et se voit vite attribuer le surnom de “DJ”. Son costume extravagant tranche avec le classique duo chemise blanche-costard noir qu’une écrasante majorité des joueurs a privilégié. Comme toujours, Cissé, c’est l’audace.
Au-dessus des têtes, le ciel inquiète. Tout a viré au gris, du gris de gros nuages de pluie. Les premières gouttes tombent sur les derniers arrivés, écourtant la fête. Ceux qui ont la chance de pouvoir le faire rentrent au sein du pavillon pour poursuivre la soirée. Quelques courageux se mettent à l’abri comme ils peuvent. Ils espèrent recroiser les joueurs à la sortie. Une stratégie payante. L’horloge s’avance tranquillement vers minuit quand démarre le ballet des sorties. Il reste quelques dizaines de courageux, dans une atmosphère plus calme, plus intimiste. Lilian Thuram, venu accompagner son fils cadet Képhren, nommé parmi les meilleurs espoirs, s’arrête et s’attache à signer presque chaque objet qui lui est tendu. “Merci Lilian, champion du monde un jour, champion du monde toujours”, s’émeut un supporter.
Deux adolescentes craignent que Djibril Cissé ne passe par la sortie de derrière pour éviter la foule (“le militaire il va sortir par derrière, il nous évite”), mais elles sont immédiatement ramenées par la sécurité qui assure qu’il n’y a qu’une seule sortie. L’ancien Marseillais sort dans la foulée, fait quelques photos, puis s’en va dans la nuit. Il est suivi par les arbitres récompensés, eux aussi interpellés, pour essayer. “Oh Benoît Bastien, je suis venu juste pour toi ce soir”. Les hommes en noir tracent, la blague tombe à l’eau, la chute est rude, “vas-y là, même les arbitres je les aurais pas eus”. Les grands noms ne s’attardent pas non plus, tous sont attendues autre part. Bamba Dieng, récompensé du plus beau but, doit vite rentrer à Marseille. Kylian Mbappé embarque tout de suite rejoindre les siens au Qatar. La soirée est bel et bien terminée.