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Karel Brokken : « 95% des joueurs africains trichent sur leur âge » (1/2)

Poids lourd de la formation en Afrique, Karel Brokken est le directeur de la West African football academy, dont le travail fait référence au Ghana. De passage en Côte d’Ivoire, le truculent manager Belge s’est assis pendant de longues heures autour d’un café pour raconter quatre décennies d’aventures africaines. Dans cette première partie, il évoque l’économie du football continental et dénonce l’existence du trafic d’âge à tous les étages. Par Christophe Gleizes et Julien Duez.


Bonjour M.Brokken. Pour commencer, que faites-vous à Sol Béni ?

Je suis de passage. Cela fait vingt ans que nos joueurs viennent s’entraîner ici, depuis l’époque Jean-Marc Guillou. L’idée, c’est qu’ils se confrontent à l’altérité pendant quelques jours. C’est toujours bien. L’ASEC c’est le seul club qui fasse des choses pour les jeunes dans le coin, sinon il n’y a rien. Il faut reconnaître que Jean-Marc a vraiment été un pionnier. Ses méthodes de formation sont très efficaces. A l’époque, il faisait jouer ses équipes sans gardien. Boubacar Barry Coppa, le gardien qui a gagné la Coupe d’Afrique et qui a joué en Belgique, il a commencé dans les buts à l’âge de 15 ans ! Avant, il était joueur de champ, comme tous les autres.

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Grâce à ses idées iconoclastes, beaucoup de joueurs prestigieux sont sortis de l’ASEC… 

Je les ai tous bien connus, ces gamins. La première génération construite autour d’Aruna Dindane et de Kolo Touré… Et la deuxième avec Gervinho, Yaya Touré et Salomon Kalou… Jean-Marc les faisait jouer pieds nus. Les enfants devaient passer des examens pour obtenir une paire de godasse. Je crois que le défi c’était de garder le ballon en équilibre sur la tête en traversant le terrain en moins de 22 secondes (rires). C’était un test, cela les motivait pour progresser. A ce que je sais, il n’a pas changé de convictions encore aujourd’hui. En tout cas, ça a toujours l’air de fonctionner, parce qu’il a fait du très bon travail au Mali. Il a maintenant un projet en Côte d’Ivoire, on va voir ce que ça va donner.

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En ce qui vous concerne, votre académie est située près d’Accra, au Ghana.

(Il montre une vidéo sur son portable) Oui à 120 kilomètres de la capitale, en direction du Togo. C’est l’une des plus belles d’Afrique. C’est l’ancienne académie de Red Bull. On a racheté leurs installations en 2014, quand ils ont arrêté…

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Comme beaucoup avant eux, ils se sont plantés…

Au Brésil, leur projet marche bien, mais en Afrique, c’était un désastre. Ils ont commencé en 2008 et ils ont fermé en 2013. Ici, il faut pas penser à l’européenne. Ils n’avaient pas les entraîneurs qu’il faut, pas les connaissances nécessaires sur le football africain. Bref, ils ont été mal conseillés. Cela dit, ils n’ont pas tout arrêté non plus, ils nous aident encore sur le plan technique et matériel, on leur demande souvent des entraîneurs et des équipements. C’est une forme de sponsoring. On envoie des joueurs chez eux et on obtient des bons prix. Après, il faut comprendre que Red Bull ne s’intéresse pas seulement à la formation. Pour eux, l’essentiel, c’est combien de canettes tu vends ? C’est ce qui compte au final. Nous, on n’a pas à s’en plaindre, on a récupéré leurs installations qui étaient déjà toute prêtes.

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Des infrastructures qui font de votre académie la plus belle du pays…

En même temps, c’est pas difficile d’être les meilleurs au Ghana. Il faut seulement avoir les moyens et la volonté d’investir. Mais on est fier de contribuer au développement local. Moi, je suis le seul expatrié de mon académie, sinon j’emploie des jeunes ghanéens, qui ont commencé à jouer au foot chez nous avant de devenir entraîneurs. Notre vocation, c’est d’être une vitrine pour les joueurs mais cela n’empêche pas notre équipe de jouer en première division et d’obtenir de bons résultats. Lors de la coupe d’Afrique en 2015, on avait pas moins de six joueurs formés chez nous dans l’équipe des Black Stars. Le meilleur joueur du tournoi, Christian Atsu, est un de nos anciens protégés.

Grâce à ces bons résultats, votre réputation dépasse maintenant les frontières du Ghana.

Oui. Pendant longtemps, on accueillait des joueurs de pays voisins, mais on a du arrêter. C’est interdit par les règlements, et puis ça coûte cher. C’est dommage, ça brise les chances de certains joueurs. La FIFA ne prend pas vraiment en compte la galère qui existe dans ces pays… Concrètement, la formation, chez nous, ça commence à partir de 12-13 ans, mais on les prend à 15 ans parfois. On les garde jusqu’à 18 ans et ensuite on leur signe un contrat pro dans l’optique d’une revente. Pour survivre, il faut que je vende chaque année pour 900 000 dollars. On a réussi ces dernières années, mais si un jour ça marche pas, on met la clef sous la porte.

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Vous ne recevez pas de subventions de la fédération Ghanéenne ?

Non, on est totalement indépendants. C’est normal. Tu peux pas demander à un pays où il y a 50% de pauvreté de t’aider à ouvrir une académie de luxe. On joue un rôle social, ok, mais la plupart des revenus de l’Etat proviennent encore de l’aide internationale. Il faut prendre ça en compte même si le pays se développe à vitesse grand V.

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Cela fait maintenant plus de vingt ans que vous êtes au Ghana. A l’origine, votre centre de formation s’est créé en partenariat avec le Feyenoord Rotterdam.

Cela faisait plusieurs années qu’on parlait d’ouvrir une académie pour eux en Afrique. Quand le président de Feyenoord M.Van Den Herik a vu Sol béni, il était impressionné et il m’a demandé de faire la même chose dans un autre pays. Moi, j’ai proposé le Ghana parce qu’ils ont des liens historiques avec la Hollande. En plus le Ghana, c’est un pays stable, où il n’y a pas de problèmes… Cela faisait pas mal de raisons de commencer là-bas. C’est comme ça qu’est née la Feyenoord football academy. Après, si cela avait été uniquement mon choix, j’aurai commencé à Kinshasa. Mais c’était juste pas possible, fallait voir le climat politique après Mobutu… Du coup on a ouvert l’académie en octobre 1999, même si on a commencé à travailler en 97. L’idée, c’était de former des joueurs pour l’équipe première de Feyenoord, sur place, même si on ne savait pas vraiment comment ça marchait. On avait que l’exemple de Guillou et Sol Beni. Alors on a essayé de travailler et de faire de notre mieux.

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Très vite, il y a eu beaucoup de concurrence ! Aujourd’hui, les académies pullulent en Afrique, même si elles n’en ont souvent que le nom.

Quand on a commencé, l’Ajax a ouvert une académie similaire quelques mois après. Et quand ils ont ouvert à Cape Town, on a commencé un partenariat avec Supersport à Joburg (rires) Tu peux pas t’imaginer la rivalité à l’époque ! Mais depuis, les clubs hésitent à ouvrir des académies en Afrique. Feyenoord, c’est fini, ils ont vendu en 2009 à un homme d’affaires privé. Parce que ça ne marche pas si bien que ça. Déjà, cela demande beaucoup d’investissements si tu veux faire les choses sérieusement. Et derrière, il faut des gens qui connaissent. Comme je l’ai dit, le football africain a ses spécificités, c’est pas comme en Europe.

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Vous faites sans doute référence au trafic d’âge ?

Effectivement. Ici, les joueurs ne progressent pas comme il faut. Tu crois qu’ils ont 14 ans, mais en réalité ils en ont déjà 18… C’est ça le grand problème, parce que ça te fait perdre du temps et de l’argent. Par exemple, nous, on travaille comme l’Ajax, avec le fameux système TIPS, pour « technique, intelligence, personnality, speed ». Moi, ce que je recherche en premier chez le joueur c’est la technique. Chaque aspect est noté sur cinq, il faut avoir seize sur vingt pour passer. Mais c’est plus facile à appliquer quand tu es en Europe… Ici, les facteurs intelligence de jeu et personnalité sont plus difficiles à cerner. Cela dépend si le joueur a vraiment 14 ans comme il le dit, ou s’il en a 18.

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D’après votre expérience, combien de joueurs africains trichent sur leur âge ?

Je dirai entre 90 et 95%. Tu enlèves juste du lot les garçons qui ont des familles aisées. En théorie, on essaie de faire attention, mais ce sont des paroles. La réalité du terrain, c’est qu’on ferme les yeux quand ce n’est pas exagéré.

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A ce niveau, on peut parler d’un véritable système. Comment expliquer que la triche soit à ce point généralisée ?

Je le dis toujours : avec la tricherie sur l’âge, tout le monde est gagnant. (Il compte sur ses doigts) Un, le joueur en profite, en se rendant plus attractif. Deux, la famille. Trois, le manager. Quatre, le club qui vend. Cinq, la fédération qui veut être championne d’Afrique avec les -17 ans. Le Nigéria ils ont pas de championnat de jeunes chez eux et pourtant ils gagnent toutes les compétitions internationales ! Les gamins sont champions d’Afrique et après tu les vois plus…Ils ont des cadets qui ont 21 ans et ils s’en félicitent. Et enfin six, les équipes européennes qui achètent pour vendre après, dans une optique de revente rapide. Au total, cela fait six éléments distincts qui mangent sur cette pratique.

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Vous n’avez pas l’air scandalisé…

C’est pas anormal qu’ils trichent. Un enfant de la rue, des quartiers, il aura toujours un retard sur son partenaire en Europe. A treize ou quatorze ans, un jeune Africain pèse de 10 à 15 kilos de moins qu’un jeune européen. Un gamin d’Abidjan ou Accra qui a grandi avec un repas par jour n’a rien à voir avec un Français ou un Belge d’origine africaine. C’est normal qu’on essaie de tricher. Sans triche, les clubs africains ne peuvent pas lutter. Le joueur africain, il est mûr physiquement quand il est plus âgé. En Europe, la majorité des joueurs sont prêts à 22 ans. L’Africain c’est plutôt à 25 ou 26 ans d’âge réel. En parallèle, ils durent aussi plus longtemps, certains arrivent à tenir jusqu’à 40 ans !

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Comment est-ce que vous luttez contre ces pratiques ?

Il faut avoir un peu de chance, parce que quand les joueurs savent qu’on mène notre petite enquête ils peuvent vite changer d’identité. Par exemple, en prenant les papiers de leur petit frère. Avant j’étais très très strict, mais maintenant je laisse un peu couler. Tricher d’un an ou deux, ça n’a pas d’importance. Mais s’il a 20 et qu’il dit avoir 16 c’est un gros problème, parce qu’à cet âge là, une différence de quelques mois ça se ressent énormément sur le terrain.

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Diriez-vous que le joueur africain est un diamant brut pour les clubs européens ? Dans le sens où c’est un talent pas cher, facilement exploitable et facilement rentable ?

Je ne saurai dire. Des talents exceptionnels, en Afrique, il y en a pas beaucoup. La plupart naissent en Europe. Il y a des exceptions mais bon, 50 joueurs sur 2 millions, c’est quoi ? On parle en permanence du talent de l’Afrique, mais c’est la presse ! Bien sûr qu’au niveau du talent, le jeune africain, c’est un diamant brut. Mais comme il n’y a pas de formation ni de compétition, c’est très difficile pour eux de percer. Il faut qu’ils attendent leur chance longtemps, ou alors qu’ils partent jeunes…

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Aujourd’hui quand un recruteur repère une pépite de quatorze ans, comment s’y prend-t-il pour la faire venir en Europe ?

Tu ne peux pas ! Le transfert de mineurs est interdit. Tout doit passer par le TMS. Automatiquement, au moment du transfert, le système va dire que le garçon n’a pas 18 ans, même en Thaïlande ou en Moldavie. D’ailleurs, cette règle est mauvaise. Elle empêche les enfants de partir à 14 ans pour qu’ils soient formés en Europe. Il faudrait trouver un système où les clubs qui veulent travailler sérieusement avec l’Afrique contribuent au développement local en investissant 500 000 euros par an et qu’ensuite ils puissent prendre les joueurs qu’on forme. Un peu comme Metz et Génération Foot, ou plus récemment Marseille et Diambars. Si on trouve dix autres équipes qui veulent faire ça, ça serait super, ça augmenterait le niveau général. En attendant, on est bloqués par cette règle qui explique le trafic d’âge.

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A l’origine du trafic d’âge, il y a aussi une volonté claire de changer l’identité des joueurs, pour qu’ils ne soient plus enregistrés dans les fichiers des fédérations. C’est une aubaine pour les clubs européens qui n’ont alors plus d’indemnités de formation à payer et qui peuvent piocher sans contrepartie dans cette immense armée de réserve…

Cela n’arrive pas dans les académies de qualité. Moi, je ne donne pas leurs joueurs gratuit. La FIFA a fait des efforts sur le sujet. Depuis peu, ils ont mis sur pied un système de TMS domestique, lié au TMS international. Concrètement, ils commencent à enregistrer les joueurs partout dans le monde le plus jeune possible. Ce système est sensé calculer les indemnités de formation et les rétribuer automatiquement. C’est un travail énorme de tout centraliser, c’est révolutionnaire. Donc il faut féliciter Infantino pour ça. Après, en ce qui concerne les plus petites académies, c’est la pauvreté. Qu’est-ce que tu veux ? C’est un peu comme les passeurs avec les migrants. Mais c’est presque impossible à l’heure actuelle qu’un joueur mineur joue dans un autre pays.

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Au Ghana, il y a l’exemple de Nii Lamptey, qui est arrivé à Anderlecht à l’âge de seize ans…

C’était il y a plus de vingt ans. La règle existe depuis dix ans. Moi j’ai jamais transféré de mineurs. Tu peux rien faire comme ça. Après, tu peux toujours trouver une bourse, ou alors un job aux parents… Mais je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de cas.

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Que dire alors d’Aspire qui recrutait des joueurs mineurs sur tout le continent pour les regrouper dans leur centre au Sénégal… Cela veut bien dire qu’il existe des failles qu’on exploite.

Cela n’existe plus Aspire. Ils n’étaient pas au courant des âges, ils prenaient n’importe quoi. Ils donnaient de l’argent aux enfants – un bon salaire même – mais pas de licence. Ils ne faisaient pas de compétitions officielles, c’est comme ça que ça marchait. Une fois ils ont essayé de prendre un de nos joueurs, on les a averti, faites attention, parce qu’un colonel était responsable du recrutement au Ghana. Ils ont laissé tombé, même s’ils avaient promis beaucoup d’argent aux parents. Aspire avait des liens étroits avec Barcelone via leur ancien président Sandro Rosell. Il y avait beaucoup d’espagnols, ils venaient recruter chaque année au Ghana, au Burkina et dans d’autres pays. Je connais pas les détails, mais tout ça s’est mal terminé. 

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Des mastodontes comme le Qatar aux agents amateurs du quartier, le rêve d’Europe des joueurs africains est exploité sans vergogne par des marchands de rêves. Peut-on parler d’une forme d’esclavage moderne ?

Il y a des cas terribles, mais je ne crois pas que ce soit un phénomène comparable à l’esclavage. Je ne sais même pas si ça existe vraiment…

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Actuellement, dans les championnats de première division en Europe, un joueur sur cinq est africain… Ce n’est pas une vue de l’esprit que de dire qu’il existe un trafic autour d’eux.

Je ne dis pas que c’est une invention de la presse, je dis juste qu’elle exagère, à tous les niveaux. Et puis même si le chiffre est correct, où est le problème ? Comment veux-tu qu’un joueur africain reste ici pour jouer ? La plupart ne gagnent même pas 100 euros par mois. Comment il vont devenir docteur ? Ou avocat ? Ils n’ont pas les mêmes opportunités que toi. Ici, la règle, c’est la pauvreté.

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Plus qu’un sport, le football est désormais devenu pour les enfants du continent une filière d’immigration…

Je trouve que vous êtes trop extrême. Tu as une génération de vingt joueurs, ils rêvent tous de partir, souvent ils ne sont pas réalistes. Il y en a deux ou trois qui réussissent peut être à haut niveau, cinq qui vont aller au niveau en dessous, et dix particulièrement têtus qui ne veulent pas abandonner et qui galèrent. Et puis il y a le reste. Tout le reste. On rêve tous, moi aussi je rêvais quand j’étais petit. En Côte d’Ivoire, il y a plus de 100 000 joueurs ! Combien peuvent jouer pour l’ASEC ? Seulement 30. Et le reste ils vont faire quoi ? Ils vont gentiment patienter ici ? Jouer pour un petit club local et toucher 35 000 CFA (ndlr, environ 50 euros) une fois tous les deux mois ? Ils sont prêts à tout et c’est normal. Aujourd’hui on parle toujours des immigrés… Tu penses qu’ils voudraient venir en Europe s’ils n’étaient pas obligés ? Ils se retrouvent seuls dans des pays où c’est pas facile d’être noir. Des cris de singes, des insultes, j’en ai entendues, même à Feyenoord. Pour eux, c’est pas une sinécure.

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On ne leur reproche rien, on accuse seulement certains intermédiaires d’exploiter ce rêve d’Europe de manière sordide…

Les agents, il y en a des biens et il y en a des pas recommandables. C’est difficile de généraliser. D’après mon expérience, la plupart des intermédiaires dans les transferts que vous dénoncez, ce sont des africains qui travaillent avec des agents en Europe. J’ai entendu qu’ils ont réglementé les statuts la FIFA il y a pas longtemps. Est-ce que ça va changer quelque chose ? J’en doute. De toute façon, c’est difficile de se passer d’eux, ils sont des rouages essentiels. Nous, les centre de formation, on ne peut pas jouer aux agents. On fait ce qu’on peut, nous on a un avocat qui vérifie que le jeune ne signe pas un truc abusif. J’ai vu des contrats qui étaient indignes sans être illégaux… C’est clair qu’il y a des abus, mais si tu travailles avec des vrais agents, en principe, ça se passe bien. Moi, par exemple, j’ai fait une affaire avec Mendes une fois et ça c’est très bien passé. J’étais chez lui à Porto, dans sa maison.

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Vous pouvez nous raconter ?

Non (rires). Si vous voulez entendre ce type d’histoires, il va falloir me faire boire. Mais pas une bière, hein, il me faut au moins du champagne. … Récemment, j’ai rencontré mon ami Pitso Mosimane, l’entraîneur de Mamelodi Sundowns, qui a joué en Belgique. Il est venu avec son équipe jouer au Togo…J’ai commencé à lui raconter des anecdotes sur la République démocratique du Congo… Il arrêtait pas de me resservir du vin. « Encore », « encore ». On est restés ensemble jusqu’à deux heures du matin.

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Nous, on a tout notre temps… Commandons ce que vous voulez.

Franchement, ça va ennuyer vos lecteurs. Déjà c’est interminable comme interview, non ? Personne ne va la lire. Les gens ne prennent plus le temps pour lire. Moi non plus d’ailleurs. En ce moment je lis la biographie de George Wein, un impresario de jazz américain, mais j’avance pas à cause de cette machine. (Il montre son portable) J’ai Twitter depuis pas longtemps, c’est une vraie malédiction. Je me suis inscrit pour avoir des nouvelles de mes joueurs, ils sont tous dessus, mais c’est chronophage. A peine tu l’ouvres pour regarder quelques trucs que ta journée est déjà terminée.

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On laissera nos lecteurs juger. Et Jorge Mendes, donc ?

Je garde ça pour mes mémoires. Je vais les écrire dans pas longtemps. La seule chose que je peux vous dire à ce stade, c’est que ses portables sonnent tout le temps.


Tout propos recueillis par CG et JD.

Retrouvez la deuxième partie de cet entretien juste ici.

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