Yoann Damet
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Yoann Damet : « Quand on est jeune et qu’on n’a pas beaucoup d’expérience, il faut travailler encore plus fort »

Deux Français occupent le poste d’entraîneur en Major League Soccer cette saison : Thierry Henry, à l’Impact Montréal, et Yoann Damet, au FC Cincinnati. Adjoint depuis 2017, le natif de Marseille a pris les commandes de la franchise de l’Ohio en tant qu’intérimaire au mois de février. Une situation qu’il avait déjà connue en 2019, pendant trois mois. Le jeune coach (30 ans) revient sur son parcours.


Comment avez-vous établi le contact avec le ballon rond ?

Je ne suis pas issu d’une famille de footballeurs. Mon père et mon frère n’ont jamais joué, c’est quelque chose que je ne connaissais pas, que je ne pratiquais pas, jusqu’en 1998. Avec la Coupe du monde, je commence à m’y intéresser, à suivre l’équipe de France. L’engouement me gagne également et à la suite de ça, je décide de commencer à jouer. Je passe par des petits clubs où j’ai la chance de croiser des éducateurs qui me marquent, qui ont un savoir-faire à la fois sur le côté sportif et sur le côté humain. Je continue de jouer jusqu’à 22 ans au niveau Division d’honneur. J’ai la chance de faire quelques matchs de CFA 2 avec Beaune. C’était en fin de saison, le club allait descendre donc il a fait jouer certains jeunes, dont moi. Et à 16 ans, je commence à m’investir dans mon club de l’époque en coachant les jeunes. Je me prends de passion pour ça. Je me lance là-dedans, je passe mes diplômes fédéraux, je décide d’aller à l’Université en STAPS à Dijon pour suivre une filière dans ce domaine et depuis, la passion n’a fait que grandir. J’ai la chance et le privilège d’en vivre aujourd’hui, je savoure chaque jour d’avoir cette chance-là.

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Quelles étaient vos sources d’inspiration quand vous avez commencé à vous tourner vers le poste d’entraîneur ?

C’était surtout les éducateurs que j’avais la chance de côtoyer. Bien évidemment, à cette époque, c’était aussi le début de carrière tonitruant de Mourinho, dont c’est vrai que j’avais un œil là-dessus. Avec le temps, j’ai regardé d’autres choses. Il y a eu le Barça de Guardiola, le Dortmund de Klopp, et aujourd’hui les sources d’influence sont diverses et variées, que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord. Les sources d’influence se sont multipliées et avec l’âge, j’ai appris à rester ouvert d’esprit, à toujours essayer de chercher ce qui se fait ailleurs, pour continuer à évoluer.

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Votre arrivée à Montréal constitue le moment charnière de votre carrière. Comment vous êtes-vous retrouvé au Canada ?

Un moment charnière, oui. J’ai énormément évolué et développé mes convictions de travail. C’est une opportunité qui se présente à moi parce que j’ai eu la chance de me lier d’amitié avec un Québécois venu en France quand j’étais plus jeune. Je suis tombé un peu amoureux de la culture et de l’environnement à Montréal. J’y suis retourné chaque année, j’ai rencontré des gens dans le milieu du football, j’ai créé des liens. Fin 2013, cette opportunité se présente et en 2014, je fais mes valises. Je pars à l’aventure dans un pays que je commence à bien connaître, dans un club dont j’avais entendu parler au niveau de la formation, de l’innovation et du projet mis en place. Pendant trois ans, j’ai eu l’opportunité de chercher énormément, de m’impliquer, de développer mes convictions et de continuer à grandir en tant qu’entraîneur.

Yoann Damet a entraîné à Beaune, Jura Sud et Dijon, avant de rallier Montréal.

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A Montréal, vous avez plusieurs casquettes puisque vous êtes coordinateur de la pré-Academy, préparateur physique et entraîneur-adjoint. Vous n’avez pas eu de mal à gérer tout ça en même temps ?

Quand je suis arrivé, en effet, j’avais énormément de missions. Pour la pré-Academy, l’équivalent de l’école de foot, il fallait tout créer : des programmes qui s’imbriquent dans le projet de formation de l’Academy déjà en place, recruter des entraîneurs, les gérer, recruter des joueurs, etc. Il y avait aussi la partie préparation physique. Aujourd’hui, en tant qu’entraîneur, tu as besoin de savoir gérer la charge de travail, d’avoir une compréhension au niveau de la préparation physique. C’était l’opportunité de rajouter une corde à mon arc. Et le fait d’être adjoint des U17 et U19, c’était l’opportunité d’avoir les mains dans le cambouis, de travailler avec des entraîneurs qui avaient différentes façons de faire. C’était énormément de responsabilités mais quand la chance s’est présentée, j’ai foncé. L’opportunité de se lever chaque matin et de faire ce qu’on aime, c’est un privilège. Avoir toutes ces missions, c’était énormément de travail mais quand on aime, on ne compte pas. J’étais prêt pour ce projet et pour cette aventure, j’ai pris énormément de plaisir, j’ai énormément progressé durant cette période-là grâce à toutes ces tâches.

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Au niveau personnel, comment avez-vous géré le fait de changer de pays, d’environnement et de culture ?

J’ai eu la chance d’avoir de très bons conseils quand je suis arrivé à Montréal. Le plus important quand tu pars à l’étranger, c’est d’avoir une ouverture d’esprit, de se dire que ce ne sera pas pareil et que c’est à nous de nous adapter, pas l’inverse. Je suis parti avec cette mentalité-là. Après, bien évidemment, quand c’est le moment de faire ses valises et de tout laisser derrière soi, c’est une grosse décision. Mais quand on a des rêves, de l’ambition et l’opportunité de vivre de sa passion, moi, je n’ai pas réfléchi, j’ai foncé. Il faut faire des concessions sur le plan personnel, c’est certain. Les premiers mois sont toujours difficiles, il faut s’acclimater, prendre un certain rythme, mais ça a été enrichissant.

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En arrivant en Amérique du Nord, aviez-vous des préjugés sur le niveau ?

Comme je l’ai dit, quand on voyage, peu importe où, il faut oublier les préjugés, arriver dans ce pays en ayant envie de découvrir, de s’intéresser à ce qui s’y fait. Je suis arrivé avec les yeux et les oreilles grands ouverts pour essayer de comprendre le contexte. Je suis arrivé sans préjugés, j’ai vu et participé à la croissance de la ligue, que ce soit aujourd’hui ou à Montréal. Les choses évoluent très positivement de l’autre côté de l’Atlantique, énormément de choses ont progressé.

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Vous vivez aujourd’hui à Cincinnati, une ville que l’on connaît peu. Comment vivez-vous là-bas ?

C’est une ville d’environ 300 000 habitants. J’aime la façon dont les gens la décrivent ici : ils disent que c’est une petite ville avec une « vibe » de grande ville. Il n’y a pas énormément de trafic comme dans les grandes villes, le centre-ville est très sympa. Je suis dans ma quatrième année ici, c’est une ville agréable, qui évolue. D’un point de vue sportif, c’est une chance d’avoir une ville comme Cincinnati qui avait une équipe de Major League Baseball et une équipe de NFL, et maintenant une équipe de MLS. C’est plaisant de pouvoir contribuer à l’évolution de la ville et de la communauté à travers le projet sportif.

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Votre histoire avec Cincinnati a très bien commencé puisque dès votre arrivée, vous avez connu une belle épopée en coupe.

Tout à fait. J’arrive en 2017 dans une situation un peu unique. Le club a changé d’entraîneur pendant la pré-saison, le nouvel entraîneur me propose de le rejoindre et j’arrive après la première journée de championnat. J’arrive dans un club ambitieux, qui veut rentrer en MLS et qui a avoisiné les 15 000 spectateurs de moyenne à domicile dans sa première année d’existence. Cette saison est difficile en championnat mais on a la chance de faire un parcours assez unique en coupe. Dès la deuxième année d’existence du club, on se retrouve en demi-finale de la Coupe des Etats-Unis. On sort deux équipes de MLS à domicile, on est proche de l’exploit puisqu’on mène 2-0 en demi-finale, avant d’aller en prolongation et de perdre 2-3. Une épopée riche en émotions qui me laisse plein de bons souvenirs et qui a participé à la croissance du club. A cette époque, le club était vraiment dans la construction du projet MLS, il avait besoin de soutien et je pense que ça a été un beau moyen de mettre le club en lumière.

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L’une des particularités de l’Amérique du Nord est que tout se joue lors des play-offs, donc une équipe peut très bien largement dominer la saison, comme vous l’avez fait en USL en 2018, et ne pas être champion.

Oui, c’est un fonctionnement particulier, qui est très culturel. Après quelques années, j’ai une façon un peu différente d’analyser les choses : la saison régulière et les play-offs sont deux compétitions bien différentes. Les choses établies pendant la saison régulière sont remises en question pendant les play-offs donc il faut avoir une certaine capacité à remotiver et à réajuster son projet quand les play-offs approchent. Le système a encore évolué dernièrement puisqu’on est revenu à des play-offs sur un match, alors qu’avant c’était aller-retour. Bien évidemment, sur un match, c’est le système de la coupe où tout peut arriver. Une équipe qui se qualifie pour les play-offs tout en bas peut arriver au bout donc ça redistribue un peu les cartes. En 2018, on a eu l’opportunité d’expérimenter ça et de se rendre compte qu’en ayant remporté la saison régulière, il faut souvent remotiver les joueurs pour repartir dans un système de play-offs où les équipes qui n’ont pas gagné en saison régulière ont souvent très faim.

Yoann Damet aux anges en ce jour historique de septembre 2018 : sacré champion de la saison régulière de USL, le FC Cincinnati, fondé en 2015, remporte son premier trophée majeur.

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Quelles différences avez-vous pu observer entre l’USL et la MLS ?

La USL est plus hétérogène pour moi. Des équipes se détachent, la qualité des effectifs est différente. La MLS est plus homogène, tout peut arriver chaque week-end. C’est la différence principale. Les déplacements sont aussi différents parce qu’il y a des matchs dans l’Ouest, pas comme en USL (où les équipes des conférences Ouest et Est ne se croisent pas durant la saison régulière, ndlr). En termes de niveau et de qualité des effectifs, bien évidemment, il y a aussi une différence.

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Comment avez-vous vécu le fait d’être propulsé entraîneur n°1, dans un contexte difficile, en 2019 ?

Avoir cette opportunité de diriger l’équipe pendant trois mois a été très enrichissant. On aimerait tous se retrouver dans les situations où tout va bien et où les choses sont faciles à gérer mais me retrouver dans ce contexte, ça m’a permis de me confronter à mes convictions, à mon management, et de développer mes compétences. Ça a été une expérience difficile, il ne faut pas se le cacher. Quand les résultats ne sont pas là, c’est difficile. Mais ça m’a permis d’acquérir énormément d’expérience et de faire une bonne introspection à la fin de la saison pour continuer à évoluer et grandir en tant qu’entraîneur.

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Vous avez d’autant plus été mis en lumière que vous êtes à ce moment-là devenu le plus jeune entraîneur de l’histoire de la MLS, à 29 ans.

Je le dis souvent : pour moi, l’âge n’a pas grand-chose à voir avec les compétences d’un entraîneur. On le sait bien au niveau des joueurs mais il y a encore certains préjugés pour les entraîneurs. On n’a aucun problème à lancer des jeunes joueurs de 16-17 ans mais pour les entraîneurs, c’est souvent plus problématique. Le titre honorifique ne me donne pas plus de satisfaction que ça. C’est davantage mon parcours qui me donne de la satisfaction. J’ai davantage l’impression de représenter les entraîneurs qui n’ont pas eu de carrière de joueur professionnel, qui sont passés par les bancs de l’école, qui ont fait leur formation fédérale et qui continuent d’essayer d’évoluer. C’est plus ce côté-là qui me fait plaisir : donner, je l’espère, un peu d’espoir aux jeunes entraîneurs qui ont un parcours un peu plus atypique et qui ont envie un jour d’entraîner au plus haut niveau.

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Pensez-vous que vous auriez pu être entraîneur n°1 aussi jeune en France ?

En France et en Europe, c’est encore très difficile pour les jeunes entraîneurs. Je suis content de voir qu’en Allemagne, de jeunes entraîneurs ont l’opportunité de montrer que la compétence n’a pas d’âge. Nagelsmann est peut-être le meilleur exemple à l’heure actuelle, sans doute le meilleur plus jeune entraîneur, qui l’a prouvé également en Ligue des Champions cette saison. Il y a encore des préjugés, ça reste difficile pour les jeunes entraîneurs. Les opportunités sont parfois différentes à l’étranger. Mon départ à Montréal a aussi été lié à ça. J’avais envie de vivre de ma passion, de pouvoir travailler à temps plein du football. Cette opportunité-là était plus facile à obtenir en partant à l’étranger. Maintenant, dire que c’est plus facile d’être entraîneur n°1 en MLS parce que c’est la MLS, ce serait mentir. La situation a fait que j’étais dans ce club à ce moment-là et que l’opportunité s’est présentée. Maintenant, c’est certain qu’il y a encore énormément de difficultés en France et en Europe, et dans le football en général, à faire confiance à de jeunes entraîneurs. J’espère que dans le futur, c’est quelque chose qui changera.

Yoann Damet a dirigé 15 rencontres en tant qu’entraîneur principal durant la saison 2019. Bilan : 4 victoires et 11 défaites.

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Être aussi jeune, ça a pu vous poser des problèmes en tant que coach n°1 ou adjoint ?

Non, je n’ai pas eu de problèmes liés à mon âge. Par contre, bien évidemment, c’est une contrainte qu’il ne faut pas nier. Quand il faut manager des joueurs ou des membres du staff plus âgés, il faut développer certaines compétences qui permettent de faire passer ses idées, de pouvoir établir une relation honnête et transparente. Ça veut parfois dire avoir des conversations pas faciles à avoir. Il faut gagner la confiance, la crédibilité, aux yeux des joueurs et du staff, à travers le travail qu’on fournit au quotidien. Si on fait bien les choses, ce sera d’autant plus facile pour moi d’avoir cette relation de confiance et cette crédibilité aux yeux du club, des joueurs et du staff. Ça n’a jamais été un problème mais c’est une contrainte avec laquelle j’ai dû et je dois encore composer. Il faut en faire plus que les autres, c’est certain. Quand on est jeune et qu’on n’a pas beaucoup d’expérience, il faut travailler encore plus fort, chercher encore plus, garder l’esprit ouvert, être autocritique et continuer d’essayer d’être meilleur au quotidien pour maintenir ce niveau de crédibilité et convaincre les joueurs et le staff des décisions et du fonctionnement qu’on adopte.

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Votre première expérience en tant que n°1 vous a aidé pour mieux appréhender la deuxième, en début d’année ?

Oui, c’est certain. L’année dernière, c’était une première. La période de l’intersaison m’a permis de revoir un peu comment j’avais géré ces trois mois, de tirer certaines conclusions, d’identifier ce qui y plutôt bien marché et ce que j’aurais dû mieux faire. Quand la situation se représente cette année, je suis plus armé pour faire face au challenge. Les situations d’intérim sont difficiles parce que ça veut dire qu’un entraîneur est parti, qu’il y a une situation difficile à gérer. Le fait d’être confronté à ces challenges, c’est enrichissant. Avoir eu l’expérience l’année passée m’a permis d’avoir certains outils pour mieux gérer la situation cette année.

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Le FC Cincinnati a terminé la saison passée avec 24 points, le plus faible total de la ligue. Comment expliquez-vous les débuts difficiles de la franchise en MLS ?

Il y a différentes sortes de franchises. Certaines sont prêtes à investir énormément d’argent tout de suite dans les équipes : le Los Angeles FC et Atlanta sont dans ce modèle-là. La majorité des franchises d’expansion sont dans un contexte plus difficile puisqu’il y a des investissements à faire au niveau des infrastructures. Nous, le club a construit son centre d’entraînement, dans lequel on a emménagé en fin d’année dernière. Le club est en cours de construction de son stade en centre-ville. Ça a un certain coût, bien évidemment. Le club a certaines priorités dans la mise en place du projet, on savait que la première saison serait difficile. Maintenant, le plus important est d’évaluer, de savoir pourquoi ça a été compliqué, d’en discuter en interne et d’avoir un projet bien établi. Ce sont des choses qui ont été faites. On est un club jeune, il ne faut pas l’oublier.

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Ressent-on moins de pression en sachant qu’il n’y a pas de relégation ?

Je dirais qu’il faut faire attention à ces préjugés-là. Quand on parle de la MLS, on dit souvent qu’il n’y a pas de relégation et de promotion, donc qu’il n’y a pas de pression. Ce n’est pas vrai. Dans le sport de haut niveau, il y a toujours de la pression, il faut toujours avoir des résultats. On voit que la ligue est dans un format qui se rapproche de plus en plus de l’Europe, où la durée de vie des entraîneurs est limitée. Il faut s’enlever de la tête qu’il n’y a pas de pression. La pression existe. Il y a également la pression de bien faire qu’on se met nous-mêmes sur nos épaules. Il y a différents contextes. On a la chance d’être dans un club dont la direction travaille très bien, avec un projet clair et bien défini. Cette sérénité qui se dégage dans notre club fait qu’on peut avancer sur ce projet. tout prix et tout de suite, donc ça nous donne de la sérénité en interne. On sait dans quelle direction on va et qu’on a quelque chose de beau à mettre en place tous ensemble. Maintenant, bien évidemment, il y a une attente de résultats, de victoires, et de trophées sur la durée.

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Quel type d’entraîneur êtes-vous ?

J’essaye d’être proche des joueurs. J’ai déjà une proximité établie de par mon rôle précédent d’adjoint. Je le dis souvent aux joueurs : bien évidemment, il y a une hiérarchie et il faut un certain respect, mais on a des objectifs communs. J’essaye de garder une proximité car avant d’entraîner des joueurs, on entraîne des hommes. C’est important pour moi d’avoir un certain ressenti sur leur vie personnelle pour aussi mieux comprendre le joueur quand il est sur le terrain. J’essaye d’avoir une relation de confiance avec eux, que l’on puisse discuter, de football ou autre chose, et que l’on puisse être honnête, se dire les choses comme elles sont. Proche ne veut pas dire forcément être gentil tout le temps. Quand il y a des vérités à dire, il faut savoir les dire et être transparent avec les joueurs. C’est la ligne de conduite que j’ai au quotidien.

Respect, proximité et sincérité : la méthode Yoann Damet.

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Pour l’instant, vous n’avez connu le rôle de n°1 qu’en tant qu’intérimaire. Vous aspirez à occuper ce poste de manière permanente ?

Ce sont des questions que je ne me pose pas trop. J’ai la chance de travailler dans un club où le projet mis en place est très intéressant, ambitieux. Ce contexte-là me donne énormément de plaisir. Bien évidemment, quand on goûte au poste de n°1, on y prend goût. Maintenant, je ne me fixe pas d’objectif par rapport à ça, que ce soit sur du court, moyen ou long terme. Je suis bien dans le club, je prends du plaisir à faire évoluer et avancer le projet, c’est ce sur quoi je me concentre.

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Vous pourriez envisager un retour en Europe ?

Je n’ai jamais été attaché à travailler dans un pays en particulier. J’ai eu l’opportunité de travailler au Canada, aux Etats-Unis, et en France en amont. Je ne sais pas où le futur m’emmènera mais bien évidemment, l’Europe est quelque chose d’intéressant en tant qu’entraîneur. C’est un challenge excitant. Je ne me fixe pas d’objectif aujourd’hui sur un pays où j’aurais envie de travailler dans le futur. On verra ce que l’avenir me réserve, mais c’est certain que l’Europe reste une référence en termes de football, ça fait partie des endroits où on a envie de travailler quand on est ambitieux.

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Vous êtes en Amérique du Nord depuis six ans. Vous voyez que le football est en train d’y prendre de plus en plus de place ?

Bien évidemment. Le foot continue à se développer énormément. La ligue fête ses 25 ans cette année, ça en dit long sur le travail qu’il y a encore à faire pour continuer d’évoluer, mais ça en dit aussi long sur le travail qui a été fait en 25 ans. Les clubs et les centres de formation travaillent de mieux en mieux. Les joueurs de qualité issus des centres de formation commencent à arriver. Des joueurs plus jeunes viennent aussi d’autres pays car ils voient que la ligue se développe. C’est très positif, on peut voir énormément de styles différents, d’entraîneurs différents avec des convictions différentes, ce qui n’était pas forcément le cas il y a plusieurs années. Aujourd’hui, en regardant la MLS, on peut trouver des équipes qui jouent de différentes façons, qui ont énormément évolué tactiquement. La MLS a effectué un travail de qualité en 25 ans, et il y a cette volonté de continuer à grandir.

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On a beaucoup parlé de la MLS en raison de l’Inter Miami dernièrement. Quel regard portez-vous sur ce projet développé par David Beckham ?

C’est une équipe d’expansion qui va devoir faire face à des contraintes, mais ça participe à l’évolution de la ligue. Elle compte 26 équipes cette saison et d’ici deux ans, elle en aura 30. La ligue continue d’évoluer, les marchés continuent à se développer. Miami en est un nouveau, c’est une nouvelle équipe qui va permettre de rendre la ligue plus compétitive. Ils auront un pouvoir d’attraction différent de celui d’autres équipes. C’est une équipe compétitive qui va permettre de participer au développement de la MLS.

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Pour conclure, on peut dire que vous vivez un véritable rêve américain comme entraîneur et comme bâtisseur ?

Oui, je prends énormément de plaisir dans ce que je fais. Quand je regarde un petit peu derrière moi, j’ai eu la chance de travailler dans différents projets. J’aime m’impliquer dans des projets sportifs où il y a cette volonté de bâtir et aussi de se concentrer sur la manière dont on va mettre les choses en place, le style de jeu… Je profite, je n’ai pas le temps de savourer. Je me considère comme un privilégié au quotidien. Mais bien évidemment, j’ai cette soif de continuer à grandir, à apprendre, à participer à l’élaboration du projet, et à évoluer en tant qu’entraîneur au sein du club de Cincinnati. J’en profite et je continue de mettre énormément d’énergie dans ce que je fais.

Quentin Ballue

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