Le Noël du Cav'

Le Père Noël, le plus beau cadeau du FC Santa Claus

Au Nord, ce ne sont pas les corons, mais les lutins du Père Noël qui, toute l’année, courent derrière un ballon rond. Dans le petit village de Rovaniemi (Finlande), berceau de la légende, l’équipe de football surfe sur la vague du grand géant rouge, en se nommant (modestement) le FC Santa Claus.


“Des températures glaciales”. “Un froid polaire”. C’est ce qu’on dit quand, en hiver, la chaleur de la doudoune et du bonnet à pompon ne suffit pas à parer les picotements que le corps peut ressentir lorsqu’il est attaqué par le froid. Pour le FC Santa Claus, la solution est toute trouvée. On enfile un chaud costume de Père Noël et on sert les dents ! Et voilà les disciples de l’homme en rouge en train trottiner sur le terrain.

Voilà bientôt trente ans que le Père Noël, depuis son traîneau, peut se targuer d’avoir sa propre équipe de football. Jusqu’en 1992, la ville de Rovaniemi, la capitale de la Laponie, en Finlande, était alors pourvu de deux formations : les Rovaniemen Lappi et les Rovaniemen Reipas. Cette année-là, une fusion est née, faisant du nouveau FC Santa Claus le club le plus populaire chez les lutins. Depuis 2020, c’est Ralf Wunderlich qui est à la tête de cette équipe. Il s’occupe du bon fonctionnement sportif mais aussi de la survie du club, en menant la communication et le marketing. “Je suis un très grand fan de Noël, le destin m’a conduit dans le club du Père Noël. C’est le job parfait pour moi !”, s’amuse le Finlandais d’adoption.

Football des neiges : de la poudreuse aux yeux

Au-delà de la référence à la ville natale officielle du Père Noël, les joueurs et le staff développent une vraie ambition et compétitivité. Et pourtant, Rovaniemi, située à 10 kilomètres du cercle polaire, n’offre pas des conditions idéales pour s’entraîner et performer. Des températures pouvant descendre jusqu’à -30°C, seulement quelques rares minutes de jour en hiver et de la neige en moyenne 200 jours par an viennent parfois bousculer la détermination des joueurs. “L’obscurité est un vrai problème, confie Ralf Wunderlich, l’entraîneur du FC Santa Claus. En octobre, il fait déjà nuit à 16h, on ne peut pas s’entraîner dehors.”

“Heureusement, nous avons une salle de football en gazon artificiel en ville. Mais comme il n’y qu’une seule salle pour tous les clubs, nous n’avons pas autant de temps d’entraînement que nécessaire. En plus de cela, nous pouvons nous entraîner dans les salles d’école pendant les mois d’hiver et jouer, par exemple, au futsal”, ajoute le coach allemand.

Quand l’heure est au football neige, le Père Noël est de la partie. Crédit photo : Facebook FC Santa Claus

En réponse à cela, il faut innover. Les matchs de football sur terrain gelé sont à appréhender avec des vis fixées sur la semelle des chaussures. Ici, le football des neiges fait partie des traditions de la région. “Il faut des vêtements chauds, surtout aux extrémités du corps (tête, mains, jambes), conseille-t-il. Et il est important de boire suffisamment d’eau, même si vous ne vous sentez pas aussi épuisé qu’en été. En raison des vêtements chauds, vous transpirez beaucoup, mais vous ne le remarquez pas forcément à cause du froid. L’eau est donc importante.”

Si la performance n’est pas le but recherché (le FC Santa Claus est l’équipe “réserve” du RoPS, l’équipe professionnelle de Rovaniemi), c’est le plaisir et le partage qui comptent. Et en respectant ainsi les traditions, les disciples du Père Noël créent l’émule. “Nous avons des équipes de jeunes enfants, à partir de trois ans, jusqu’à des équipes de walking-football, pour les seniors. C’est un club pour toute la famille !”

Les bras et les jambes du Père Noël

Leur popularité, ils l’ont par “l’image de marque”, celle du Père Noël. Le logo à l’effigie du vieil homme à la barbe blanche, leur tenue de match aux couleurs rouge et blanche. Le monde entier s’intéresse à ces petits poucets bénis du Santa. Au point même que la fréquentation de leur stade gonfle d’année en année, mais aussi de signer un contrat avec la firme chinoise Bwin Sports, qui les emmènera à Pékin jouer devant 60 000 personnes. “Nous avons une base de fans beaucoup plus importante en dehors de notre région. Les Finlandais qui s’intéressent au football se tournent vers le RoPS, mais nous on a les fans de Noël”, analyse le coach de l’équipe rouge et blanche.

Mais tout cela ne fonctionnerait pas aussi bien si le club et ses membres ne portaient pas aussi haut et fort des valeurs de solidarité et de tradition. Avant le Covid, au moment des fêtes de fin d’année, alors que les sollicitations sont les plus fortes, l’équipe et le staff consacrent leur temps à épauler le centre de tri qui reçoit les 500 000 lettres destinées au Père Noël, la plupart venant de Chine, suivie de près par la Pologne. “Notre slogan, c’est ‘le Père Noël approuve’. Pour chaque action, nous nous demandons ce que le Père Noël ferait”, admet très sérieusement Ralf Wunderlich. “Don’t stop believing and take care of others”, c’est leur devise. Mais nous, c’est en eux qu’on a envie de croire.

Tom Høgli, l’autre Père Noël
En Laponie, la magie de Noël opère même en réunissant des Finlandais, des Suédois, des Norvégiens et des Russes sous un même maillot. Celui de l’équipe de Laponie, représentant les Samis. Un peuple autochtone de 80 000 individus qui ont leur langue, leur drapeau et même leur parlement en Norvège, en Suède et en Finlande. Le ballon rond est depuis longtemps un moyen pour la Laponie de se faire connaître. Le premier match de cette équipe remonte à 1985.
Contrairement à nombre de sélections non-reconnues, les Samis ont affronté des sélections internationales de premier plan comme l’Estonie, à quatre reprises, et l’Allemagne de l’Est, pour une défaite 6-0. En 2006, la sélection a remporté la VIVA World Cup, l’ancêtre de la Coupe du monde de la ConIFA, en disposant en finale de Monaco… 21-1 !
Preuve que cette équipe est prise très au sérieuse, plusieurs joueurs professionnels la composent alors, comme Steffen Nystrøm, Eirik Lamøy ou les futurs internationaux Trond Olsen et Tom Høgli. L’ancien arrière droit de Bruges et Copenhague évoluait alors à Bodø. Il compte cinq sélections pour six buts, tous inscrits durant ce tournoi. « Un modèle », comme l’expliquait en 2009 le président du parlement sami de l’époque, Egil Olli. Fort de quarante-neuf sélections avec la Norvège (2008-2015), il est l’autre ambassadeur vêtu de rouge de la Laponie.

Ana Gressier et Loïc Bessière

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