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OM : 2020, c’est quitte ou double

Les récentes tensions entre André Villas Boas et son président ont remis en lumière le problème du déficit économique du club. Autour de ce contexte contradictoire où la direction cherche à rééquilibrer ses comptes et où l’entraîneur souhaite (au minimum) conserver son effectif, Petit Filet fait le point sur la situation.


A Marseille, l’année 2020 pourrait enfin être celle qui marquerait le retour de la ferveur européenne dans les travées du Vélodrome. Large deuxième de Ligue 1, l’OM fait pour l’instant figure de favori pour accrocher une qualification en Ligue des Champions, absente de la cité phocéenne depuis 2013. Mais malgré un bilan très positif sur le plan sportif à la mi-saison, le club olympien doit combler son déficit pour rentrer dans les clous du Fair-Play Financier : Faute de rééquilibrer ses comptes d’ici 2021, l’OM s’exposera à une sanction de l’UEFA pouvant aller jusqu’à l’exclusion de toute compétition européenne.

Les origines du déficit ne remontent pas à hier : C’est à l’été 2017 que le déficit a sérieusement commencé à se creuser : L’OM affiche un manque à gagner de 80 millions d’euros. A l’été 2018, la situation ne s’est guère améliorée puisque le trou s’élève à 78 millions d’euros. Si l’été 2019 marque une légère progression (60 millions €), le déficit reste béant. Comment le club de la Cité phocéenne a-t-il pu en arriver à un tel écart entre ses rentes et ses dépenses ?

Andre Villas-Boas pendant sa conférence de presse de présentation. (Photo by Alexandre Dimou/Icon Sport)

Des investissements importants aux retombées calamiteuses

La première raison, celle qui saute aux yeux, est la somme de plusieurs mauvais investissements sur le marché des transferts. Le propriétaire Franck McCourt a investi plus de 200 millions d’euros en l’espace de trois ans, mais certains transferts réalisés dans la précipitation n’ont pas eu le rendement initialement espéré : On pense ici à l’arrivée coûteuse de K. Mitroglou pour 16 millions à quelques minutes de la fin du mercato, ou encore à l’arrivée en prêt d’Aymen Abdenour avec un salaire pharaonique à la clé. D’autres gros investissements se sont révélés être des flops, comme les 25 millions déboursés à la Roma pour le transfert de Kévin Strootman qui, s’il apparaît un peu mieux cette saison à l’image de l’équipe, n’incarne pas le rôle de leader attendu.

Les mauvaises pioches le marché des transferts se sont aussi très souvent soldés par des propositions de contrat complètement déconnectées du rendement des recrues : L’OM de Franck McCourt a misé sur les salaires pour attirer les bons joueurs et bâtir une équipe solide. Encore une fois, cette stratégie tient un bilan en demi-teinte : Si elle a sans doute permis le retour de Dimitri Payet ou la conservation des meilleurs joueurs de l’effectif (Florian Thauvin, Morgan Sanson), la distribution abusive de revenus pour certains joueurs ne donnant pas (ou plus) satisfaction sur le terrain (Sertic, Bedimo, Mitroglou, Evra…) s’est avérée être très onéreuse et peu rentable. Le club phocéen a eu toutes les peines du monde pour se séparer de ses indésirables, au point d’aller souvent jusqu’à la rupture de contrat pour des motifs parfois peu convaincants.

La formation : Le vrai problème de fond ?

Demi finale retour de Ligue Europa entre le RB Salzbourg et l’OM au stade Red Bull Arena. PHOTOS FLORIAN LAUNETTE ET GEORGES ROBERT

Au-delà des mauvais choix et des erreurs de la direction, le problème du déficit semble trouver une source plus profonde : Le manque de formation. Considérant un club comme l’Olympique Lyonnais qui n’a pas toujours tout bien fait non plus sur le marché des transferts mais qui dispose d’un excellent centre de formation, force est de constater que les comptes sont au vert grâce aux immenses plus-values réalisées par le club Rhodanien.

Les joueurs formés au club obtenant une forte valeur marchande au fil de leur progression semblent être la clé d’un modèle économique durable dans le football moderne. Ainsi, bien que la direction phocéenne s’attache à développer sa formation et ses partenariats avec les clubs voisins, l’OM devra en attendant s’inscrire dans un projet à court terme reposant sur l’achat et la revente de joueurs.

Comment s’en sortir ?

La première solution est à la fois évidente et indispensable : Se qualifier en Ligue des Champions. La participation à la coupe aux grandes oreilles représenterait une rentrée d’argent avoisinant les 45 millions d’euros. Mais pour combler le reste (environ 15 millions) et rééquilibrer les comptes, il faudra vendre, d’où la récente nomination de Paul Aldridge qui aura pour tâche de faciliter les liens entre l’OM et les clubs de Premier League.

A moins d’une très bonne pioche lors d’un mercato (ce qui est plutôt rare sur le vieux port ces dernières années), vendre est synonyme d’affaiblissement de l’effectif, au risque de ne pas tenir le rythme entre l’exigence de la Ligue des Champions et de la Ligue 1. Une mauvaise saison en championnat signifierait alors un retour au point de départ d’un point de vu sportif.


Il faudra donc compter sur l’attractivité que représente la Ligue des Champions, qui sera sans doute les meilleurs atouts de l’OM en 2020. L’arrivée de bons joueurs sous forme de prêt paraîtrait largement envisageable si l’équipe venait à confirmer sa place de dauphin d’ici la fin du championnat. L’année 2020 commence de manière paradoxale sur la Cannebière entre réussite sportive et crise économique, alors qu’un autre problème majeur commence à pointer le bout de son nez : Les contrats de Thauvin, Payet, Amavi et Lopez prendront fin dans un an et n’ont toujours pas été renouvelés.

T.D.

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