(Notice explicative : à la fin de chaque paragraphe (ou presque) tu devras faire un choix. Ce dernier te renverra à tel ou tel paragraphe symbolisé par un chiffre en début de paragraphe).


Willkommen dans la peau d’Hansi, mon ami. Si t’es là c’est parce que tu détestes le PSG ou que tu as des intérêts financiers dans l’affaire, laisse donc tes émotions de côté, ça te perdrait. Etre dans l’anorak munichois de l’oncle Hansi, c’est pas n’importe quoi, c’est éprouvant. Ce qui risque d’être encore plus dur à gérer c’est la pression de ce match capital. Quand t’es une vieille forteresse comme le Bayern, perdre contre un club néo-bon qui passe pour le paillasson de l’Europe depuis 5 ans ce serait catastrophique. Prends une bonne rasade de Paulaner et lance toi !


Tu es seul dans le vestiaire prévu pour ton équipe. Sur le mur tu as accroché des grands feuillets A1 avec des schémas de jeu et des consignes à respecter mais le tableau prévu pour la compo demeure vierge. Jouer en 4-5-1, ça semble acté mais deux/trois interrogations encore. Si tu préfères un Boateng incertain à Sule en défense et Kingsley plutôt que Perisic sur le côté gauche, va au N°1, sinon N°2.


1 – Choix fort, t’es dans ton mantra. Toute manière Ivan, les finales c’est pas terrible. A l’échauffement tu sens un léger flottement, des rires, certes nerveux, mais des rires tout de même. Tu décides de foutre une brasse à ces branleurs (N°3) ou tu les laisse dans leurs prépas (N°4)


2 – Du coup, t’as intérêt à bien briefer Alaba sur ce coup là par ce que Sule, c’est Niklas ni trop moche mais quand même pas niveau finale d’UCL. (N°5)


3 – Dès le début du match, Alaba prend carton pour une vilaine semelle sur Neymar. Tu dis rien, par politesse, mais tu exultes. C’est parfaitement ce que tu lui avais demandé. Maintenant, c’est Boateng qui sortira sur lui et David restera en retrait. Putain ça sent bon la bonne vieille Prusse tout ça. Les Bavarois sont comme des morts de faims, ils la veulent plus, ils la dévorent déjà. (N°6)


4 – Sale entame de match, Ney fait mal, KM fait mal, même cet inélégant Di Maria fait mal. Tu ne romps pas mais ça plie salement derrière pour l’instant. En attaque Coman est une caricature de lui-même on dirait Ashley Young quand il jouait ailier… So Coman… (N°7)


5 – Un dicton marin, ou chinois, ou d’un marin chinois dis que la tempête finit toujours par passer. Ou peut-être est-ce juste une intuition. Tu ne sais plus et t’en as rien à faire mais sur le coup tu espère que c’est vrai. Tu prends l’eau comme un lendemain de cuite… Les parisiens sont sur tous les ballons et la bataille du terrain ressemble davantage à une blitzkrieg inversée qu’à la guerre de position que tu t’imaginais. Tu envoies Pavard s’échauffer pour faire monter Kimmich (N°8) ou tu attends que la tempête passe (N°9).


6 – 23e minute de jeu, Alaba récupère un ballon dans les pieds de Di Maria, écarte sur Davies qui prends de vitesse Herrera, repique intérieur sur Alcantara qui passe un petit pont à Verrratti “ah l’con d’ta race” et décale Kingsley qui dépose sa majesté des mouches Silva (le grain de beauté au dessus de la lèvre s’appelle une mouche) et devient de fait Kingslayer (régicide) Coman avant de centrer en retrait pour… Et oui, le Michel Drucker du foot allemand Thomas Müller ! Une frappe de banane qui finit en lucarne, contrée par Kim ! 1-0 pour les Bavarois. Tu fais de suite jouer Goretzka et Alcantara plus bas en ordonnant de jouer en contre (N°10) ou tu continues le tout pour l’attaque (N°11).


7 – A la 30e, ça part un peu en sucette, va falloir bouger les choses comme il faut. T’as beau t’époumoner sur le bord du terrain personne n’écoute rien. Il te faut plus de monde dans l’entre jeu, tu envoies Tolisso s’échauffer (N°12). Tu attends la mi-temps pour prendre une décision (N°13)


8 – Ça va un peu mieux depuis que Kimmich est monté d’un cran. Coman en a payé les frais mais c’est pas grave. Ton équipe tient bien mieux le ballon. Joshua recadre un peu tout le monde et étoffe le jeu, les débats se rééquilibrent (N°14)


9 – La tempête ne passe pas, foutu dicton de pêcheurs chinois à la con. Tu prends un but sur une situation plus que litigieuse, foutue VAR à la con et derrière ton équipe est incapable de réagir. A la mi-temps tu sors Sule pour Boateng et fait rentrer Tolisso et Coutinho en même temps mais c’est clairement un bluff de niveau ticket gratuit de chez Winamax… Tu donnes à peine l’impression de savoir ce que tu fais. A ton adjoint qui te demande si tu es sûr de faire sortir Alcantara pour Coutinho tu réponds “va chier”. Tu perds le fil du match, tu perds la face, tu perds le match et surtout putain, tu donnes une étoile à ce club de tocards… Tu arrêtes le foot, tu pars en vacances dans les Pyrénées pour pêcher de la truite fario avec un copain d’enfance qui s’appelle Fred.


10 – Tu arrives à la mi-temps sans trembler. Aucune goutte de sueur à éponger, t’es un blend entre un mister freeze et un tueur en série. T’es calme comme une force sereine et ça, les joueurs le ressentent. Ils ont confiance. Dans le vestiaire, tu parles calmement, tu déploies un éventail d’arguments bien sentis. La deuxième mi-temps, ce sera de la Paulaner mon pote. (N°15)


11 – Pari risqué, pari dangereux mais pari potentiellement tueur. Hansi flip of a coin (blague bilingue BG). Tu es sur le point de doubler la mise juste avant la mi-temps mais Thiago silvateur est en mission. Il plonge et détourne le ballon en corner de la tête. Tournant du match ? (N°16)


12 – Début de la seconde mi-temps, Tolisso rentre. Les débats se rééquilibrent, le PSG n’est plus seul au milieu de terrain. On se demande comment le match pourrait accoucher d’un autre résultat qu’un vulgaire 0-0, quand Mbappé, sur un éclair de génie ouvre le score à la 55e. Tu décides de faire rentrer Coutinho (N°17) ou Perisic (N°18).


13 – Laisse tomber Hansi, c’est trop tard. A la 38e, tu prends un but parce que ton milieu on dirait le FC Bozouls. ça part dans tous les sens, c’est anarchique au possible. Derrière le PSG blinde sa défense, s’arrache sur tous ses duels et finit par remporter le match. C’est toi qui lui as appris à jouer comme ça. French is the new German. Auf wiedersehen Herr Kolonel.


14 – Plus équilibré mais ça manque de punch tout ça. On va pas encore blâmer la farmer’s league mais on se fait chier. Tu décides de faire rentrer Cuisance au milieu de terrain pour mettre des coups et envoyer des frappes de boeuf (N°19) ou bien tu préfères attendre, temporiser, jouer bas et demander à ton équipe de jouer les contres (N°20).


15 – Les minutes défilent, le score ne bouge pas. Les Parisiens se heurtent systématiquement à la vitesse de Davies ou la force d’Alaba. Tes 8 sont parfaits, le match semble être écrit et pourtant, sur un putain de coup du sort, le genre frappe contrée, molle comme un cèpe au vinaigre, Kimmich touche le ballon de la main. Pénalty. Tu plonges à droite (N°21), à gauche (N°22).


16 – Les Parisiens sont transformés… Depuis le début de la seconde période c’est une attaque-défense en règle. Tu te demandes si Sergio Rico est pas en train de s’enrhumer le bougre. Les assauts répétés de KM, Ney et consorts finissent par payer. Tu te fais égaliser à la 73e… Tout est à refaire. Tu fais rentrer Pavard (Kimmich monte à la place d’Alcantara) et Coutinho (N°23) ou Perisic (N°24) ?


17- Le petit couteau de poche du Bayern tranche franchement pas dans le vif. Les attaques bavaroises restent poussives. Tu es sur le point de voir Serge marquer à la 75e puis Robert à la 82e mais il y a toujours un pied pour sauver les franciliens. Le match s’interrompt donc ici. Sur ce score de 1-0. La force de frappe munichoise a été muselée du début à la fin. Paris mérite sa légende, fluctuat nec mergitur et toi, Hansi, flippe pour ton poste.


18 – Le croate merveilleux, le Dany Boon du football, celui qui sans être jamais sublime, comme un Thomas Müller un peu moins bon, s’invite toujours dans les bons coups. Celui-là oui, celui qui vient de rentrer, le voilà le messie du peuple de la bière, le voilà le chanteur lyrique du yodel, le voilà enfin qui, d’une petite reprise écrasée insignifiante, roulante sous les yeux de tous, permet aux Bavarois d’égaliser à la 88e. (N°25).


19 – Et si c’était lui qui allait faire basculer la finale ? Faut pas déconner, c’était une blague, une bretelle d’autoroute qui ne mène nulle part. Demain, Bild va t’épingler comme un énorme looser mon pote. Faire rentrer Cuisance en finale d’UCL… Triste sire va.


20 – Et ça marche à peu près ! A la 85e, Serge Ganbry est sur le point de faire basculer la rencontre. Mais Serge Riche détourne le ballon en corner. Tu laisses monter Alaba (N°26) ou tu lui demandes de couvrir derrière (N°27).


21 – “Oh le contre-pied parfait” ce cri résonnera dans ta tête jusqu’à la fin de ta vie. Et ce n’est pas tant ce qu’il évoque qui te rendra fou à t’en frapper le crâne contre les murs, c’est que tu es désormais condamné à vivre avec la voix de Jérôme Rothen dans ta cabine jusqu’au bout. Toi, Rothen et l’infini. Courage Hansi.


22 – “Manuel Neueeeeeeeeeeuuuuuaaaaaa” gueule Jean-Charles sabattier dans son salon. “Neueeeeeeeeeeuuuuuuaaaaaaa” la main ferme du gardien allemand, du colosse blond. Quel arrêt, c’est un mur. Neymar est agenouillé dans la surface, presque en pleur. Il sait quel genre d’homme il est, un artiste incapable de signer ses tableaux. Il ne perd pas qu’un match ce soir, il perd son avenir, il achève sa légende de génie maudit. Demain, en une de l’Equipe on le verra dans cette position sous un titre évident et douloureux “l’impuissance”. Prends la coupe Hansi, elle est à toi, soulève ces deux oreilles (non pas celles-ci Hansi, c’est Di Maria… celles-ci voilà).


23 – Bad move buddy, Coutinho n’est franchement pas au niveau. Tu prends le bouillon et ça doit faire 15 bonne minutes que Robert n’a plus touché un ballon. En prolongation, les Parisiens dominent mais tu fais le dos rond. L’histoire en est là, à ce sombre constat que la vérité va venir du point de pénalty. 5 tirs parfait du côté de Paname, 1 poteau pour ton écurie… Le Bayern ne peut pas toujours avoir le bois de son côté en Europe… Tu perds ton étoile, poteau.


24 – Le croate merveilleux, le Dany Boon du football, celui qui sans être jamais sublime, comme un Thomas Müller un peu moins bon, s’invite toujours dans les bons coups. Celui-là oui, celui qui vient de rentrer, le voilà le messie du peuple de la bière, le voilà le chanteur lyrique du yodel, le voilà enfin qui, d’une petite reprise écrasée insignifiante, roulante sous les yeux de tous, permet aux munichois de reprendre l’avantage. Un avantage qui se transformera en victoire définitive. Ivan le terrible.


25 – Prolongations. Ennui. Pénalty. Last chance. Tu marques, tu gagnes, c’est Davies qui frappe, plat du pied (N°28), panenka (N°29).


26 – Quelle tête de l’autrichien ! Le voilà le sauveur, David à la bonne réception de ce corner de Kimmich. Kimpembe est surclassé. Le défenseur bavarois envoie son équipe sur le toit de l’Europe, 150 ans que Vienne n’avait plus régné en maître sur le vieux continent. Chapeau David.


27 – Si l’ironie du sort était une action, elle serait la course d’Alaba pour aller se replacer. Corner écrasé, récupéré par Paredes, qui envoie dans la profondeur KM, Davies est trop court, le prodige français glisse son plat du pied juste sous les côtes de Manuel. Kylian aime marquer. Tu te diras tout le temps que si Davies était resté à la place d’Alaba, il aurait touché le ballon avant Kylian. C’est ça, un regret.


28 – La sécurité, c’est le confort des fragiles. On ne mérite pas de gagner une Ligue des Champions quand on n’a pas l’amour du geste et du risque. Serge Riche le sait et il te laissera pas passer ça. Zidane en finale de la coupe du monde… C’est ça la race des seigneurs.


29 – Le monde se divise en deux catégories de personnes. Les 7 milliards d’êtres humains qui peuplent la terre et toi. Tu as toujours eu ce rêve plein d’arrogance d’être un jour, une minute ou une seconde, un demi-dieu. Elle est à toi cette seconde, elle est immortelle. Le stade est vide mais qu’importe, le monde te regarde alors sois cette arrogance qui ne peut convenir qu’à ce qui n’est pas seulement humain. Sois cette provocation divine qui nargue le mortel parce qu’elle, le temps de quelques instants, a vécu selon les dimensions de l’infini.

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