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Jürgen Klopp et Liverpool, from doubters to believers

Le large sourire du Normal One a conquis tout le Merseyside. Engagé pour remettre le club sur les bons rails, Jürgen Klopp a emmené Liverpool jusque sur le toit du monde en à peine quatre ans. La confiance placée dans le technicien allemand est telle qu’il a prolongé son contrat jusqu’en 2024. Un mariage qui comble aujourd’hui de bonheur l’ensemble des membres de la grande famille rouge.


8 octobre 2015. Le Liverpool Football Club entre dans une nouvelle ère. Jürgen Klopp est intronisé entraîneur des Reds suite au limogeage de Brendan Rodgers. L’entraîneur allemand donne le ton lors de sa présentation : « We have to change from doubters to believers ». Un appel à oublier le scepticisme, à retrouver l’optimisme, à croire de nouveau en l’avenir. “En ce moment, tout le monde est un peu trop pessimiste, un peu trop dans le doute. Il y a une atmosphère fantastique dans le stade, mais les supporters n’ont pas la foi actuellement. Ils regardent cinq, dix, vingt ans en arrière. L’histoire, c’est super, mais seulement pour se rappeler. Maintenant, nous avons la possibilité d’écrire une nouvelle histoire ». Quatre ans plus tard, la mission est remplie au-delà de toutes les espérances.

Jürgen Klopp et ses hommes, célébrant leur titre mondial à Doha le 21 décembre.

Un centenaire à réveiller

Avant l’arrivée de Klopp, Liverpool a connu des années de souffrance. Un seul trophée soulevé depuis 2006, une Coupe de la Ligue remportée dans la douleur en 2012 contre Cardiff. Les soirées européennes s’étaient raréfiées, l’hymne de la Ligue des Champions ne résonnant quasiment plus du côté d’Anfield. Une seule participation à la C1 entre 2010 et 2017, soldée par une élimination dès la phase de poules… Triste saison 2014-2015 puisque quelques mois plus tard, le parcours continental des hommes de Brendan Rodgers prenait fin de manière définitive en 16es de finale de la Ligue Europa avec une piteuse élimination contre Besiktas.

La succession de Rafael Benitez, aux manettes de 2004 à 2010, s’est avérée compliquée. Roy Hodgson n’a tenu qu’une demi-saison avant d’être remplacé par la légende Kenny Dalglish, qui avait mené le club à son dernier titre de champion d’Angleterre en 1990. L’Ecossais ne restera qu’un an et demi. Le chapitre Brendan Rodgers s’ouvre alors à l’été 2012 mais la régularité fera également défaut au Nord-Irlandais. Malgré une belle saison 2013-2014 où les Reds étaient parvenus à toucher du doigt le titre, avant de se faire coiffer par Manchester City dans la dernière ligne droite.

Une inconstance donc, mais aussi des déroutes majuscules qui ont fait perdre de son éclat au maillot frappé du Liverbird. Contre des cadors du Royaume comme Manchester City (3-0 en août 2010 et janvier 2012), Tottenham (4-0 en septembre 2011), Manchester United (3-0 en décembre 2014) et Arsenal (4-1 en avril 2015), mais pas seulement. West Bromwich avait corrigé les Reds 3-0 en août 2012. Même score en faveur de West Ham en août 2015, à Anfield qui plus est. Et que dire du naufrage sur la pelouse de Stoke City le 24 mai 2015 pour la dernière de l’emblématique capitaine Steven Gerrard. Score final 6-1, une défaite d’une ampleur inédite en championnat depuis le 7-2 infligé par Tottenham en 1963. Sur le terrain, Liverpool n’avait alors plus grand chose du club aux 18 couronnes de champion d’Angleterre et aux 5 étoiles européennes.

At the end of the storm, there’s a golden sky…

Les débuts sont timides. Après avoir entraîné près de 15 ans en Allemagne, pays où il a passé toute sa carrière de joueur au préalable, Jürgen Klopp doit s’adapter à un autre football. Il ne remporte que 6 de ses 17 premiers matchs de Premier League. Dixième à son arrivée, Liverpool ne pointe qu’à la neuvième place quatre mois plus tard. “Nous sommes arrivés cinq ou six jours avant le premier match. Tout le monde sait que ce n’est pas vraiment possible de changer quelque chose, mais de l’autre côté, tout le monde l’espère quand même. Si ce n’est pas après cinq jours, alors après huit ou neuf pour le prochain match et puis[une] période incroyablement chargée a commencé assez rapidement en novembre, décembre, janvier, donc bien sûr, c’était difficile », se rappelle Klopp.

La fin de saison laisse toutefois entrevoir du mieux avec quelques succès probants, une finale de League Cup – perdue aux tirs au but face à Manchester City – mais surtout une épopée européenne pendant laquelle Liverpool élimine Augsbourg, Manchester United, Dortmund puis Villarreal, avant de tomber en finale contre le FC Séville. Jürgen Klopp commence petit à petit à poser sa patte sur son effectif, même si les résultats comportent une partie d’inachevé avec ces deux finales perdues et une huitième place en championnat, où les Reds terminent derrière Southampton et West Ham. Sans coupe d’Europe en 2016-2017, l’objectif est clair : replacer Liverpool dans le top 4. Contrat rempli puisque le club se classe quatrième avec un total de 76 points à l’arrivée.

L’exercice 2017-2018 doit alors être celui de la confirmation, d’autant que l’effectif des Reds se renforce à l’intersaison avec le recrutement de Mohamed Salah, Alex Oxlade-Chamberlain, Andrew Robertson et Dominic Solanke. Les résultats sont au rendez-vous, le spectacle aussi puisque les Reds finiront la saison avec 135 buts inscrits. Si Liverpool passe parfois au travers, le quatuor composé de Philippe Coutinho, Mohamed Salah, Sadio Mané et Roberto Firmino affole les compteurs. La machine est désormais bien huilée, au point qu’elle ne s’enrayera d’aucune manière après le départ de Coutinho lors du mercato hivernal. Liverpool impressionne, y compris face aux grosses cylindrées.

Les Reds font tomber Manchester City le 14 janvier 2018 à l’issue d’une rencontre folle (4-3), signant l’arrêt de l’incroyable série de 30 matchs sans défaite en championnat des hommes de Guardiola. Les deux équipes se retrouvent au mois d’avril en quarts de finale de la Ligue des Champions et l’issue est sans appel. Auteur d’une démonstration 3-0 à Anfield, Liverpool écoeure les Skyblues à l’Etihad Stadium au retour avec une victoire 2-1. Les Scousers se prennent de nouveau à rêver puisque quelques semaines plus tard, ils éliminent l’AS Rome, tombeuse du FC Barcelone, et se qualifient pour la finale. Dans le même temps, ils assurent la quatrième place du championnat. L’essentiel est acquis, ne manque plus que la cerise sur le gâteau : un trophée, enfin. C’était sans compter sur le Real Madrid, qui l’emporte 3-1. Les larmes coulent sur les visages des supporters comme sur celui de Loris Karius, coupable d’erreurs grossières sur deux des trois buts madrilènes. Les Reds devront encore attendre, mais l’Europe est prévenue : le Liverpool FC est bel et bien de retour sur le devant de la scène.

Auréolé de son statut de vice-champion d’Europe, Liverpool se donne les moyens de ses ambitions en recrutant Naby Keita, Fabinho, Xherdan Shaqiri et Alisson à l’été 2018, six mois après avoir attiré Virgil Van Dijk. De quoi donner encore un peu plus d’épaisseur à l’effectif et être encore plus compétitif. Le terrain donne une nouvelle fois raison à Jürgen Klopp et sa direction puisque les Reds restent invaincus pendant les 20 premières journées du championnat. Lancés dans un mano a mano intense avec Manchester City, ils s’accrochent jusqu’au bout au rêve d’enfin retrouver le trône d’Angleterre. Malgré 97 points (un record pour le club) et une seule défaite, ils doivent toutefois se contenter de la deuxième place, un point derrière City…

Cette fois cependant, les Reds ne finiront pas totalement bredouilles. Après avoir dû batailler pour s’extirper d’un groupe où figuraient le PSG, Naples et l’Etoile Rouge de Belgrade, ils éliminent le Bayern Munich puis le FC Porto pour rallier le dernier carré de la C1. Le match aller tourne à la catastrophe avec une défaite 3-0 au Camp Nou. Six jours plus tard, la magie d’Anfield opère et les Reds, pourtant privés de Firmino et Salah, renversent le FC Barcelone de Lionel Messi en s’imposant 4-0. Liverpool a rendez-vous avec Tottenham en finale. Un penalty de Salah et une réalisation tardive de Divock Origi permettent au peuple rouge d’enfin savourer l’ivresse d’un sacre européen le 1er juin. L’euphorie s’empare de la ville, qui fêtera ses héros comme il se doit à leur retour de Madrid. Déjà adoré, Jürgen Klopp devient adulé.

Jürgen Klopp dispose d’un mûr en son honneur dans le Baltic district de la ville depuis un an.

La construction d’une machine à gagner

Jürgen Klopp reproduit à Liverpool ce qu’il a fait à Mayence et surtout Dortmund : bâtir un groupe et en tirer le maximum, voire même un peu plus encore. L’Allemand a progressivement renforcé son équipe dans tous les compartiments. Au poste de gardien, avec les arrivées de Loris Karius en 2016 puis d’Alisson en 2018. En défense avec le recrutement de Joël Matip (2016), Andrew Robertson (2017) et Virgil van Dijk (2018). Au milieu avec Georginio Wijnaldum (2016), Alex Oxlade-Chamberlain (2017), Naby Keita (2018), Fabinho (2018) et Xherdan Shaqiri (2018). Et enfin en attaque avec Sadio Mané (2016) et Mo Salah (2017). “Nous avons fait venir des joueurs, mais pas massivement, plutôt ponctuellement, en nous disant : ‘Ici nous avons besoin, ici nous avons besoin, ici nous avons besoin’. Tous les garçons que nous avons recrutés ont eu un impact énorme – non seulement sur le plan de la qualité, mais aussi sur le plan des personnes, qui sont exceptionnelles », se félicite Klopp. Des achats ciblés et quelques ventes importantes qui lui permettent de présenter un bilan comptable relativement équilibré sur le marché des transferts – environ 440 M€ dépensés pour 350 M€ de ventes. Dans le même temps, Pep Guardiola a déboursé plus de 700 M€ pour bâtir son effectif, pour à peine 200 M€ de ventes.

Aucun joueur n’a débarqué au nord-ouest de l’Angleterre avec un statut de star internationale ou de titulaire indiscutable dans l’un des top clubs du continent. Klopp a su les faire progresser, dans des proportions parfois extraordinaires. Impossible de ne pas évoquer le cas de Mohamed Salah, Sadio Mané et Roberto Firmino. Le trio a inscrit 30 buts lors de l’édition 2017-2018 de la Ligue des Champions – plus que toute l’équipe du PSG, du Bayern, de Manchester City ou encore de Barcelone. Mieux que les 28 buts de la BBC en 2013-2014 et les 27 de la MSN en 2014-2015. Qui aurait pu imaginer une telle réussite pour trois joueurs arrivés en provenance de Rome, Southampton et Hoffenheim ? Klopp a su créer les conditions pour que se développe l’alchimie entre eux, l’intelligence et la qualité des trois compères faisant le reste. L’ailier égyptien a particulièrement crevé l’écran en faisant preuve d’une efficacité époustouflante : avec 63 buts inscrits lors de ses 100 premiers matchs de Premier League, le 5e du Ballon d’Or 2019 rivalise avec de purs attaquants comme Ruud van Nistelrooy (68) et Sergio Aguero (64). La métamorphose a de quoi laisser bouche bée.

Andrew Robertson illustre lui aussi parfaitement l’apport de Jürgen Klopp. Arrivé dans l’anonymat le plus complet en provenance de Hull City, l’Ecossais est aujourd’hui indéboulonnable et considéré – à juste titre – comme l’un des meilleurs latéraux de la planète. Infatigable dans son couloir gauche, Robertson multiplie les aller-retours, proposant en permanence une solution à ses coéquipiers. Le tout avec un rendement offensif monstrueux. Même bilan pour son pendant à droite Trent Alexander-Arnold (21 ans), formé au club et lancé dans le grain bain par Klopp en 2016. Comme à Dortmund, le coach allemand joue la carte jeune, avec succès. Intégrés de manière progressive ces derniers mois, Curtis Jones, Neco Williams, Rhian Brewster et Harvey Elliott pourraient d’ailleurs eux aussi émerger à l’avenir.

Pas à pas, l’entraîneur allemand a ainsi construit un groupe ultra-compétitif avec des joueurs devenus des références mondiales à leur poste, en réussissant à garder un vestiaire soudé, grâce à une personnalité et un management qui ont conquis ses joueurs. “Entre nous, le courant est tout de suite passé, témoigne Sadio Mané dans FranceFootball. On l’aime tous comme un papa et on le craint tous comme un papa. Il est très fort sur l’humain. Moi, je lui fais une confiance aveugle. Comme l’ensemble du vestiaire, je crois ».

Les sept joueurs de Liverpool nominés au Ballon d’Or 2019 : Sadio Mané (4e), Mohamed Salah (5e), Trent Alexander-Arnold (19e), Alisson (7e), Virgil Van Dijk (2e), Roberto Firmino (17e) et Gini Wijnaldum (26e)

Tout n’a cependant pas toujours souri au Normal One dans le Merseyside puisque certains de ses cadres ont quitté le navire en cours de route. “Reste ici et tu finiras par avoir une statue en ton honneur. Pars à Barcelone, au Bayern, au Real Madrid, et tu seras juste un joueur comme un autre ». Les mots de Jürgen Klopp n’avaient pas suffi à retenir Philippe Coutinho sur les bords de la Mersey, le Brésilien cédant aux sirènes du FC Barcelone. Mais à l’arrivée, c’est bien l’entraîneur allemand qui avait raison… Adulé par les Scousers, Coutinho a rejoint la Catalogne en janvier 2018. Quelques mois plus tard, Emre Can, alors en fin de contrat, quittait lui aussi le club pour s’engager avec la Juventus. Deux joueurs sur lesquels Klopp comptait mais qui souhaitaient s’en aller. L’entraîneur des Reds s’en est accomodé. On ne peut pas en dire autant de ses anciens protégés. Coutinho a en effet été poussé vers la sortie après à peine 18 mois en Catalogne. Emre Can est quant à lui en position délicate à Turin, où il passe plus de temps sur le banc que sur le terrain. Pendant ce temps, Klopp a bâti une équipe prête à marquer l’histoire, qui s’impose semaine après semaine comme l’une des plus compétitives qu’on ait jamais vues sur les bords de la Mersey. Les absents ont toujours tort… Une chose est sûre : Klopp a redonné tout son poids à l’institution LFC sur le plan sportif, chose indispensable pour pouvoir conserver ses meilleurs éléments et attirer des joueurs convoités. Comme Coutinho et Can, Fernando Torres et Luis Suarez avaient quitté le club afin de garnir leur palmarès. L’argument était recevable à l’époque mais ne l’est plus aujourd’hui.

Au-delà des joueurs, le succès de Klopp s’explique aussi par l’identité de jeu, basée sur l’intensité et le pressing, qu’il a mise en place. Toute la passion et l’énergie du technicien se retrouvent sur le terrain. Xavi se montre extatique face à l’équipe bâtie par son homologue : “Ce qui me marque avec Klopp et Liverpool, c’est leur intensité, l’intensité qu’ils mettent à la fois en défense et en attaque, le pressing haut des trois attaquants qui occupent l’espace entre les lignes et qui font leur pressing. C’est très difficile de les attaquer. Physiquement, ils sont très forts, ils gagnent tous les seconds ballons et ils travaillent aussi très dur tactiquement. Ils sont dominateurs dans tellement de secteurs du jeu. Leurs transitions en attaque et en défense sont quasiment parfaites : la manière dont ils défendent, la manière dont ils organisent les contres, le rythme de leurs joueurs, et surtout toute l’intensité que Klopp leur transmet. Je pense qu’il leur demande beaucoup à l’entraînement. L’énergie qu’il dégage depuis le banc de touche et qu’il apporte à l’équipe est incroyable ».

Sur les traces de Paisley et Shankly

Le technicien allemand accumule les records. Klopp présente le pourcentage de victoires le plus élevé de l’histoire du club parmi les entraîneurs comptant plus de 50 matchs à la tête des Reds. Avec 59,7% de succès, il devance des figures du club comme Dalglish (58,3%), Paisley (57,6%) et Benitez (55,4%). Il est aussi devenu l’entraîneur le plus rapide de l’histoire du club à atteindre la barre des 300 points en championnat. L’ancien coach du BVB a réalisé cette performance en 146 matchs – contre 150 pour Kenny Dalglish, 159 pour Rafael Benitez, 161 pour Bob Paisley, 166 pour Bill Shankly et 169 pour Gerard Houllier. Il a par ailleurs remporté sa 100e victoire en Premier League à l’occasion de son 159e match. Seul José Mourinho a fait mieux. Là encore, Klopp est en avance sur ses illustres prédécesseurs puisqu’il a fallu 167 matchs à Dalglish, 179 à Paisley, 181 à Benitez et 184 à Shankly pour atteindre ce cap.

Les chiffres sont flatteurs et la côte de popularité de Klopp au plus haut. L’Allemand est indéniablement sur la bonne voie pour entrer au panthéon du club. Il lui reste toutefois encore du chemin à accomplir pour accéder à la même dimension que les Bill Shankly, Bob Paisley ou Kenny Dalglish, particulièrement en termes de palmarès. A la tête du club entre 1959 et 1974, Shankly a dirigé plus de 750 matchs des Reds. Il a permis l’émergence du géant qu’allait devenir le Liverpool FC en remontant le club en première division puis en l’emmenant vers trois titres de champion d’Angleterre. Il a également soulevé deux Coupes d’Angleterre et une Coupe de l’UEFA, ce qui lui vaut d’avoir sa statue devant le Kop d’Anfield.

Son successeur Bob Paisley (535 matchs dirigés entre 1974 et 1983) a poursuivi son oeuvre de manière magistrale. Sextuple champion d’Angleterre et triple vainqueur de la Coupe de la Ligue, il grimpe sur le toît de l’Europe à trois reprises, en 1977, 1978 et 1981. Sans oublier une Coupe de l’UEFA et une Supercoupe d’Europe. Ce n’est pas un hasard si le peuple rouge entonne si fréquemment le couplet “Bob Paisley and Bill Shankly, the fields of Anfield Road ». Légendaire n°7 du club, Kenny Dalglish a lui aussi marqué le club de son empreinte en tant qu’entraîneur en remportant trois couronnes d’Angleterre durant son premier passage sur le banc des Reds (1985-1991). King Kenny reste aujourd’hui le dernier entraîneur d’une équipe de Liverpool championne d’Angleterre. C’était en 1990. Ce ne sera peut-être plus le cas dans six mois si les hommes de Jürgen Klopp maintiennent leur cadence infernale…

Mentality monsters & record chasers

Jürgen Klopp a fait de Liverpool une véritable machine à gagner, régulière dans ses performances. Les Reds ont amassé le total astronomique de 149 points sur leurs 56 derniers matchs de championnat (47 victoires, 8 nuls, 1 défaite) et sont à la tête d’une série d’invincibilité de 34 matchs en Premier League (29 victoires, 5 nuls), du jamais vu dans l’histoire du club. Mieux que le Manchester United de Sir Alex Ferguson (29 matchs entre avril 2010 et février 2011) ou le Manchester City de Pep Guardiola (30 matchs entre avril 2017 et janvier 2018). Seuls les Invincibles d’Arsenal (49 matchs entre mai 2003 et octobre 2004) et le Chelsea de José Mourinho (40 matchs entre octobre 2004 et novembre 2005) ont réussi à tenir une série plus longue en Premier League.

Jürgen Klopp a définitivement refait d’Anfield une forteresse puisque ses hommes y sont invaincus depuis 49 matchs en Premier League (39 victoires, 10 nuls). Liverpool reste d’ailleurs sur 16 victoires consécutives à domicile en championnat – deuxième meilleure série de l’histoire du club après 21 succès de rang entre janvier et décembre 1972. Les Reds comptent aussi un nombre record de points après 17 journées de Premier League – 49 soit autant que Manchester City en 2017-2018. Avant l’arrivée de Klopp, la référence du club était de 38 points, marque établie en 2008-2009. Une réussite exceptionnelle qui s’explique par la qualité de l’effectif mais également par un état d’esprit conquérant et la volonté de ne jamais rien lâcher. En 2019, Salah et ses coéquipiers ont marqué 26 buts après la 80e minute, signe d’une équipe qui n’abandonne pas.


Avec Klopp à sa tête, Liverpool est redevenue une équipe qu’aucune autre ne veut affronter. Les Reds inspirent de nouveau la crainte et la fascination. Après avoir accédé au toit de l’Europe au printemps, le Liverbird s’est installé sur le toit du monde il y a quelques jours. Le tableau est presque complet. Les hommes de Jürgen Klopp n’ont qu’une idée en tête : enfin redevenir prophète en leur pays. “Nous ne sommes même pas à mi-chemin par rapport à là où nous voulons être, expliquait le natif de Stuttgart après sa prolongation. Nous ne pensons pas avoir atteint le maximum de notre potentiel, mais nous essayons de nous rapprocher de plus en plus. C’est ce que nous avons dit après la finale de la Ligue des champions, après la première, après la seconde : ce n’est pas le dernier chapitre pour cette équipe, il y a beaucoup plus à écrire. Nous ne savons pas où cela nous mènera, mais en ce moment… C’est l’une des équipes les plus engagées dans ce club et c’est très, très agréable d’en faire partie ». Alerte rouge activée sur tout le continent : l’entraîneur allemand a édifié l’une des toutes meilleures équipes jamais vues en 127 ans d’existence du Liverpool Football Club. Et l’histoire est encore loin d’être achevée. Impossible de prédire s’il dépassera un jour les montrés sacrés que sont Shankly et Paisley mais une certitude s’impose désormais : quoi qu’il arrive, Jürgen Klopp ne marchera jamais seul.

Quentin Ballue

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